Audio conversationnel : Facebook peut-il neutraliser Clubhouse et Spotify ?

Après Twitter en décembre et Spotify la semaine dernière, le géant des réseaux sociaux place ses pions dans le marché de l'audio conversationnel. Facebook souhaite rivaliser avec Clubhouse qui surfe sur l'engouement pour les nouveaux formats audio depuis le début de la pandémie. Sa force ? La puissance de ses 2,8 milliards d'utilisateurs.
Live Audio Rooms propose aux utilisateurs américains de Facebook d'écouter et de participer à des conversations.
"Live Audio Rooms" propose aux utilisateurs américains de Facebook d'écouter et de participer à des conversations. (Crédits : Dado Ruvic)

Moins d'une semaine après le lancement par Spotify d'une plateforme de discussion audio en ligne, Facebook lance à son tour aux Etats-Unis un outil similaire qui entend rivaliser avec Clubhouse, la référence sur ce marché en croissance.

"Live Audio Rooms", cet outil de discussion audio en direct, propose aux utilisateurs américains du géant des réseaux sociaux d'écouter et parfois de participer à des conversations menées par des célébrités ou des "influenceurs" et de créer une collecte de fonds sur la plateforme.

Les nouvelles fonctionnalités audio "vous permettent de découvrir, d'écouter et de rejoindre des conversations en direct avec des personnalités publiques, des experts et d'autres sur des sujets qui vous intéressent", a indiqué Fidji Simo, directrice de Facebook App, dans un communiqué.

"Les personnalités publiques peuvent inviter des amis, des abonnés, d'autres personnalités publiques vérifiées ou n'importe quel auditeur dans le salon pour être intervenant. L'organisateur peut inviter des intervenants en avance ou pendant la conversation. Il peut y avoir jusqu'à 50 intervenants à la fois et il n'y a pas de limite au nombre d'auditeurs", ajoute Fidji Simo.

Une énième tentative de neutraliser la concurrence en copiant l'innovation

Facebook a sollicité plusieurs personnalités pour le lancement de son nouveau produit, dont le rappeur D Smoke, la chanteuse Kehlani ou encore l'activiste et défenseur des droit civiques DeRay Mckesson.

Sentant que l'audio a le vent en poupe et est perçue comme la nouvelle grande tendance sociale, Facebook fait donc avec Clubhouse ce qu'il a déjà fait avec d'autres, notamment Snapchat : copier pour neutraliser. L'enjeu est énorme pour l'empire de Mark Zuckerberg. En copiant les dernières fonctionnalités à la mode, Facebook s'assure de "rester à la page", d'enrichir son écosystème déjà immense avec une nouvelle fonctionnalité, et surtout de tenir la concurrence à distance, ou du moins de l'empêcher de sortir de sa niche initiale.

Snapchat, entre autres, a déjà fait les frais de cette stratégie. Après avoir échoué à racheter le réseau social à la mode en 2012, Mark Zuckerberg a tout simplement intégré la principale innovation de son concurrent, les "stories", à Facebook et Instagram. Avec un grand succès : grâce à sa puissance - 2,85 milliards d'utilisateurs actifs par mois sur Facebook 2 milliards sur Instagram -, les stories sont rapidement devenues "mainstream" et une fonctionnalité très appréciée des utilisateurs, ce qui a notamment aidé Instagram à se développer. Rapidement, les utilisateurs d'Instagram ont publié davantage de stories que ceux de Snapchat, au point qu'aujourd'hui, peu se souviennent que l'innovation ne vient pas de Facebook.

Le réseau social californien réussira-t-il le même hold up avec l'audio conversationnel ? C'est clairement son objectif avec cette énième diversification, cette fois dans l'audio conversationnel.

Twitter, Spotify et Discord déjà positionnés

Le marché des formats audio a explosé pendant la pandémie, emmené par la startup Clubhouse, qui dit avoir attiré plus de 10 millions d'utilisateurs depuis son lancement l'an dernier. Depuis décembre, Clubhouse a été téléchargée plus de 18 millions de fois, selon le site spécialisé AppMagic. Un an seulement après son lancement dans la Silicon Valley, la société est déjà valorisée à 4 milliards de dollars.

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De quoi faire des envieux... D'autres acteurs de la technologie - de plus en plus nombreux - se positionnent ainsi sur ce créneau, comme Twitter qui a lancé Spaces en décembre dernier, ou encore Spotify.

Le numéro un mondial du streaming musical a ainsi lancé mercredi 16 juin Greenroom, nom de l'application dédiée, qui a été bâtie grâce à l'acquisition, fin mars, du spécialiste des salons audio Betty Labs. Tout utilisateur de Greenroom peut désormais rejoindre un salon de discussion mais aussi créer son propre forum de discussion ouvert au public. Les créateurs de contenu audio peuvent aussi enregistrer tout ou partie d'une conversation et l'ajouter à un programme pré-enregistré. Spotify a aussi prévu un système de modération des discussions, dont il n'a pas précisé le fonctionnement.

Le secteur doit aussi composer avec Discord, présent dans le "live audio" depuis 2015 et qui compte plus de 140 millions d'utilisateurs avec un positionnement légèrement différent, initialement tournée vers les amateurs de jeux vidéo.

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Facebook attiré par le marché juteux des podcasts

D'autre part, le groupe dirigé par Mark Zuckerberg a également annoncé lundi qu'il allait proposer aux Etats-Unis des podcasts créés par des personnalités, qui seront disponibles directement depuis son application mobile.

Selon la société d'analyse financière Finbold, les recettes publicitaires des podcasts vont générer 1,34 milliard de dollars aux Etats-Unis en 2021, un record. Ce montant va s'élever à 1,7 milliard l'an prochain et à 2,18 milliards en 2023, estime Finbold.

Le cabinet eMarketer s'aligne sur ce chiffre et s'attend à ce que le chiffre d'affaires publicitaire des podcasts aux Etats-Unis franchisse cette année le seuil symbolique d'un milliard de dollars.

Mais si les revenus publicitaires progressent de plus d'un tiers par an, des incertitudes demeurent sur la rentabilité du modèle et la capacité pour ces plateformes de monétiser leurs contenus. Pour la plupart des podcasts, la publicité ne suffit pas à atteindre la rentabilité. Face à cela, les acteurs majeurs du podcast souhaiteraient faire passer les contenus en payant, comme c'est le cas pour Spotify.

Ces annonces interviennent au moment où les critiques se multiplient au sujet du monopole des géants américains de la tech sur des pans entiers de l'économie, certains législateurs appelant ouvertement au démantèlement de ces entreprises.

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 (Avec AFP)

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