Facebook est "un menteur pathologique sans moralité" pour la Cnil néo-zélandaise

Le commissaire de l'équivalent néo-zélandais de la Cnil, John Edwards, s'est violemment attaqué à Facebook, dimanche 7 avril. Alors que la diffusion en direct de l'attentat de Christchurch sur le réseau social a fait le tour d'Internet, le commissaire estime que Facebook ne prend pas ses responsabilités.
François Manens
Pour le commissaire néo-zélandais de la vie privée John Edwards, on ne peut pas faire confiance à Facebook
Pour le commissaire néo-zélandais de la vie privée John Edwards, "on ne peut pas faire confiance à Facebook" (Crédits : Ralph Orlowski)

« On ne peut pas faire confiance à Facebook. Ce sont des menteurs pathologiques sans moralité qui permettent des génocides (Birmanie), et facilitent l'ingérence étrangère dans des institutions démocratiques », a asséné John Edwards, commissaire de l'institution néo-zélandaise de défense de la vie privée, sur son compte Twitter, en référence à la crise des Rohingyas en Birmanie et à l'ingérence russe en faveur de Donald Trump en 2016 aux États-Unis via les réseaux sociaux.

Cette attaque sans filtre intervient à la suite de la diffusion en direct sur Facebook, mi-mars, du meurtre de 50 personnes musulmanes à Christchurch, par le terroriste. Le responsable néo-zélandais de la protection des données personnelles ne décolère pas :

« [Ils] permettent la diffusion en direct de suicides, de viols et de meurtres, ils continuent d'héberger et de publier la vidéo de l'attaque de la mosquée, ils permettent aux publicitaires de cibler les "anti-juifs" et d'autres segments de marché haineux, et ils refusent d'accepter une quelconque responsabilité pour les contenus qu'ils diffusent ou les torts qu'ils causent », tempête-t-il.

« They #DontGiveAZuck » a-t-il conclu, détournant l'expression "don't give a fuck", qui signifie "s'en foutre", pour y associer le diminutif de Mark Zuckerberg . Il a ensuite supprimé ces deux posts à cause des messages « toxiques et mal informés » qu'il a reçu dans la foulée.

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Zuckerberg ne compte pas modifier Facebook Live

John Edwards a tenu ces propos en réaction à l'interview de Mark Zuckerberg, la première au sujet des attentats depuis les faits, sur la chaîne américaine ABC. Le commissaire néo-zélandais promeut l'instauration d'un décalage entre l'émission et la diffusion des Facebook Live, afin que la modération du réseau social puisse avoir le temps de retirer le contenu si besoin. Mais le président de Facebook a refusé d'envisager l'instauration d'un tel délai sur les diffusions en direct. Sa justification : un délai pourrait "casser" le service, qui est utilisé comme mode de communication pour des événements comme les anniversaires. Pour lui, ce sont des "mauvais acteurs" plutôt qu'une "mauvaise technologie" qui sont à l'origine de problèmes comme la diffusion de l'attentat contre la mosquée de Christchurch.

Sur Radio New Zeland, Edwards a balayé les arguments de l'Américain en pointant l'impuissance du réseau social à réagir vite : « Il ne peut pas nous dire, ou ne veut pas nous dire, combien de suicides, de meurtres, d'agressions sexuelles sont diffusées en direct sur la plateforme ». Le 3 avril, Facebook avait concédé qu'aucun dispositif permettant d'empêcher une diffusion similaire à celle de Christchurch n'avait été mis en place.

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La vidéo de l'attentat, filmée par le meurtrier australien Brenton Tarrant, et diffusée en direct pendant 17 minutes, avait été retirée rapidement par Facebook, après que 4.000 personnes l'aient vue. Mais dans les 24 heures qui ont suivi l'attaque, la plateforme avait dû retirer plus de 1,5 millions de copies de la vidéo, et empêcher presque autant de téléchargements.

En réaction à l'attentat, le gouvernement néo-zélandais a légiféré sur le port d'arme, mais ne s'est pas encore penché sur les réseaux sociaux. Son voisin australien a déjà voté une loi, qui exige le retrait des contenus haineux sous un délai d'une heure et se réserve le droit de punir pénalement les dirigeants locaux des réseaux sociaux. Le ministre australien de la justice, Christian Porter, a même déclaré, au sujet des attentats:

« Il est totalement déraisonnable que ces contenus puissent rester sur ce site plus d'une heure sans qu'ils n'agissent. (...) Cette loi devrait prévenir ce genre d'événements, et le criminaliser, en plus d'offrir au gouvernement une possibilité de réponse quand une organisation comme Facebook laisse ce genre de diffusion en direct pendant longtemps sur leur plateforme ».

François Manens

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Commentaires 10
à écrit le 09/04/2019 à 14:23
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"menteurs pathologiques sans moralité", on appelle ca une entreprise !

à écrit le 09/04/2019 à 13:10
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Bien sûr que la censure existe sur Facebook : s'il avait attaqué totalement nu, même avec un pistolet à eau, nul doute qu'il aurait été bloqué dans la minute suivante :-( !!

à écrit le 09/04/2019 à 7:53
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c'est exactement comme la ponction publique : des menteurs pathologiques sans moralité. La seule différence est que je n'ai aucune obligation d'aller sur Facebook alors que nous sommes assassinés par la ponction publique

à écrit le 08/04/2019 à 18:25
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Facebook est un danger pour la démocratie, si on est responsable, individuellement, on se doit de quitter Facebook. Au niveau des États, la seule solution est de l'interdire. Réguler, taxer ne sert à rien. Interdiction pure et simple. Si on ne le ...

le 09/04/2019 à 10:24
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le probleme c'est que si on n'eduque pas les gens a avoir cette reflexion par eux meme, l'interdiction ne fera que repousser le probleme jusqu'a la creation du prochain facebook ou equivalent... la seule solution: promouvoir la sagesse, la raison, e...

à écrit le 08/04/2019 à 17:08
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Sans moralité ? C'est un américain, ça n'existe pas en affaire chez eux. Il n'y a qu'en France qu'on ose employer ce mot par pure hypocrisie. Le dumping européen, c'est pas immorale ?

à écrit le 08/04/2019 à 15:05
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Je ne comprends pas ce que l'on reproche à fb quand on s'y connait un minimum en internet et informatique, juguler ce colossale flot immédiatement n'est pas possible, et, les gars, avec votre 5 et 6g à venir ce sera encore pire. Vous voulez quoi ...

le 09/04/2019 à 7:56
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il faut beaucoup de fric pour gaver la ponction publique totalement inutile et rentière

le 09/04/2019 à 8:49
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@ multipseudos: "il faut beaucoup de fric pour gaver la ponction publique totalement inutile et rentière " Tu peux t'expliquer pour une fois ou bien comme d'habitude tu lâches des messes que tu ne comprends pas ?

à écrit le 08/04/2019 à 13:16
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Non mais ça c'est parce qu'ils n'ont pas les LREM au pouvoir hein ! Sinon ils seraient habitués et n'en feraient pas des caisses...

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