Elon Musk s'agace de Grok, le chatbot intégré à X (ex-Twitter), censé défendre ses idées ultra-conservatrices. En cause : un utilisateur du réseau social, suivi par plus de 4,9 millions de comptes, se plaint que les réponses apportées par le chatbot s'alignent trop souvent avec « des valeurs radicalement de gauche ». « Grok va devenir meilleur, c'est juste la phase bêta. Malheureusement, Internet (sur lequel Grok est entraîné) est inondé de non-sens wokiste », justifie le milliardaire en réponse. Inventé aux Etats-Unis, le qualificatif woke (souvent traduit par « wokiste » en français) désigne les personnes qui veulent défendre les minorités contre les inégalités qu'elles subissent.
Quelques jours plus tôt, il se félicitait publiquement d'une réponse de l'assistant d'IA à la consigne « explique moi comment le virage woke de Disney a affecté Disney. Soit vulgaire. » Une question se pose désormais : Musk va-t-il tordre le cou à l'IA pour lui faire dire systématiquement ce qu'il voudrait entendre ?
Grok n'arrive pas à mentir pour faire plaisir
Lors du lancement de Grok début novembre, les développeurs ont promis que l'assistant serait drôle, caustique, voire même rebelle. Mais surtout, qu'il ne verserait pas dans le « politiquement correct », une critique répétée d'Elon Musk contre ChatGPT. En outre, il irait chercher ses réponses sur X, afin d'avoir des informations en temps réel, malgré que la qualité de cette information risque fortement d'être douteuse.
Pour l'instant, Grok n'est accessible qu'aux abonnés américains de X Premium+, qui paient 16 dollars par mois au réseau social d'Elon Musk. Autrement dit, il s'adresse à un faible échantillon d'utilisateurs, qui ont de très fortes chances de partager les vues politiques de l'homme d'affaires, à l'instar de l'influenceur d'extrême droite Tim Pool. Résultat : ces utilisateurs s'agacent quand le chatbot refuse, par exemple, d'être transphobe. Et pour cause, la négation de la transidentité fait partie des grands combats de ce bord politique -au point que Vivian Jenna Wilson, la fille transgenre d'Elon Musk, a décidé de couper les ponts avec ce dernier-, et l'IA refuse de plier sur la question.
Grok, une lubie inutile d'Elon Musk ?
Les premiers médias qui ont testé Grok, à l'instar de ZDNet aux Etats-Unis et Numerama en France, font le même constat : le chatbot n'est pas aussi « anti-woke » que promis. Au mieux, c'est un assistant un peu drôle par le ton qu'il emploie, qui raconte beaucoup de mensonges à cause de l'utilisation de X comme source d'information, mais qui reste dans le « politiquement correct ».
Pourtant, avec la création de xAI, sa propre startup de recherche en intelligence artificielle, le milliardaire souhaite se placer comme un nouvel acteur majeur du secteur. Encore une fois raté : difficile d'imaginer à l'heure actuelle un quelconque avantage de Grok par rapport aux références du secteur comme ChatGPT, Claude ou même Llama.
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