Mises sur écoute : Facebook obtient gain de cause face au gouvernement américain

Facebook a été sommé cet été par le gouvernement américain de permettre au FBI de mettre sur écoute les appels passés via Messenger, son application de conversation instantanée dotée du chiffrement. Le réseau social a obtenu gain de cause le 28 septembre. En 2016, un conflit similaire avait opposé Apple au FBI.
Anaïs Cherif
Facebook a déployé le chiffrement de bout en bout sur Messenger, application de conversation instantanée à partir de 2016.
Facebook a déployé le chiffrement de bout en bout sur Messenger, application de conversation instantanée à partir de 2016. (Crédits : Dado Ruvic)

Facebook remporte une bataille face au gouvernement américain. Le réseau social a été sommé cet été de collaborer avec les services de police afin de leur permettre la mise sur écoute de 16 trafiquants de drogue présumés dans le cadre d'une poursuite judiciaire. Cette demande du gouvernement américain visait Messenger, application de conversation instantanée permettant d'envoyer des messages et de passer des appels. Le tribunal de Fresno (Californie) en charge de l'affaire, a rendu sa décision vendredi dernier, révèle Reuters. Et il donne raison à Facebook : le réseau social ne peut pas être contraint de donner son approbation à la mise sur écoute de ses utilisateurs.

Facebook se retrouve sous la pression du FBI car contrairement à WhatsApp, protégé par un fort chiffrement de bout en bout, il est possible sur Messenger d'intercepter des communications orales, explique Reuters. Facebook a commencé à déployer le chiffrement de bout en bout sur Messenger à partir d'octobre 2016. Cette technologie vise à renforcer la sécurité des communications, rendant les messages visibles uniquement par l'envoyeur et le destinataire. Théoriquement, ni le fournisseur de service (ici, Facebook), ni une personne qui intercepterait la conversation, n'est en mesure de la déchiffrer, mais la protection n'est pour l'heure pas aussi forte sur les appels vidéo.

Lire aussi : Facebook Messenger : comment protéger ses conversations sur l'application

Le chiffrement, trop technique et coûteux à briser

Dans le cadre de cette procédure pénale, un agent du FBI a déclaré sous serment qu'au moment des arrestations, les forces de l'ordre ne pouvaient pas surveiller les appels passés sur Messenger. D'après le "Wiretap Act" (loi américaine sur les communications électroniques en vigueur depuis 1986), les entreprises de télécommunications doivent rendre possible la mise sur écoute à la demande des services de police. Les applications sur Internet, comme Messenger ou WhatsApp, sont réputées échapper à cette obligation.

Dès le début des poursuites, Facebook s'était opposé à la demande du gouvernement. En effet, le "Wiretap Act" dispose que la société doit "fournir une assistance technique nécessaire pour accomplir (la mise sur écoute) de manière discrète et avec un minimum d'ingérence" au service. Or, Facebook a démontré devant le tribunal que briser la protection pour installer des interceptions serait fastidieux techniquement et coûteux, rapporte Gadgets NDTV. Cela dépasserait donc la simple "assistance technique" requise par la loi.

Une affaire similaire avec Apple en 2016

Le Département américain de la Justice cherchait à mettre la main sur les communications de membres du gang MS-13. Originaire du Salvador, ce gang est très bien implanté aux États-Unis. Il est régulièrement pointé du doigt par Donald Trump pour dénoncer la politique d'immigration du pays, jugée trop laxiste à son goût. Concernant le chiffrement, l'administration Trump adopte un ton plus sévère que celui de son prédécesseur.

L'administration Obama avait, en effet, décidé de ne pas légiférer pour contraindre les entreprises tech à briser le chiffrement. Barack Obama avait pourtant soutenu le FBI face à Apple en 2016. Malgré les demandes des services de police, la firme à la pomme refusait de fournir un accès aux données de l'iPhone d'un des terroristes impliqués dans l'attentat de San Bernardino (Californie), ayant fait 14 morts et 22 blessés. Le FBI avait fini par faire appel à une partie tierce.

Lire aussi : Chiffrement : le conflit Apple versus FBI fait bouger les lignes en France

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 02/10/2018 à 16:25
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Donner les moyens à des trafiquants, des terroristes de se soustraire aux autorités n'est-ce pas être complice ? Ca me gène ... Economiquement, n'y a-t-il pas distorsions de concurrence, quand on sait que les entreprises de télécom ont des service...

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