Streaming : Canal+ en passe de devenir le distributeur incontournable de la SVoD en France

Après Netflix, Disney+, Paramount+ et OCS, le géant français Canal+ a signé un accord de distribution avec Apple TV+. A partir du 20 avril, tous les contenus de la firme américaine (Ted Lasso, Severance, Coda...) seront accessibles sans surcoût pour les 9,5 millions d'abonnés Canal+ en France. Un grand coup pour la filiale de Vivendi, qui s'affirme comme un pilier de la distribution des offres de streaming en France.
Sylvain Rolland
(Crédits : Charles Platiau)

Stratégie tarifaire agressive et accords de distribution ambitieux : en ce moment, Canal+ ne lésine pas sur les moyens pour devenir le numéro 1 de la SVoD en France. Son dernier coup, et non des moindres : l'intégration d'Apple TV+, le service de streaming vidéo du géant californien. A partir du 20 avril, tous les abonnés à Canal+ dans l'Hexagone, soit 9,5 millions de personnes, auront accès sans surcoût à l'intégralité du catalogue d'Apple TV+, dont les séries cultes Ted Lasso (Emmy Award de la meilleure série TV comique en 2021 et 2022), The Morning Show (avec Jennifer Aniston, Reese Witherspoon et Steve Carell), la dystopie Severance qui a enflammé les critiques l'an dernier, ou encore CODA, Oscar du meilleur film en 2022, une première pour un streamer. L'accord entre les deux groupes, inédit pour Apple, s'étend sur plusieurs années et concerne pour l'instant la France et la Suisse, et dans quelques mois la République Tchèque et la Slovaquie.

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La distribution, pilier de Canal+ pour conquérir le marché

Canal+ est le grand gagnant de cet accord car il consolide sa position de distributeur incontournable des services de SVoD en France. Pour rivaliser en parts de marché avec Netflix -qui revendique 15 millions d'abonnés soit un tiers de plus que Canal+-, la filiale de Vivendi joue sur deux tableaux : sa propre offre de contenus maison, et son rôle de distributeur des offres des concurrents.

Sur le front de ses propres contenus, la stratégie de Canal+ est de se différencier des Américains (Netflix, Disney+, HBO, Paramount+...) en s'imposant comme le plus grand producteur français. Le rachat, en cours de finalisation, de son seul vrai concurrent tricolore, OCS, et de sa maison de production Orange Studios, lui permet de produire davantage de films et de séries TV et donc d'ancrer dans les esprits que Canal+ est la plateforme indispensable du cinéma et des séries en langue française.

Mais cette différenciation locale est insuffisante. En matière de séries TV comme de cinéma, Netflix et les studios américains sont bien plus attractifs pour le public français. Non seulement leur catalogue regorge de films et séries cultes -c'est la principale force de Disney+-, mais ils ont également la capacité de créer l'événement toutes les semaines avec des séries inédites. Même avec OCS dans sa besace, Canal+ ne peut tenir ce rythme.

C'est pourquoi la filiale de Vivendi mise surtout sur la distribution des offres concurrentes pour s'imposer. Seul, Canal+ n'est pas assez attractif. Mais en ajoutant Netflix, Disney+, Paramount+ et désormais AppleTV+ dans un bouquet vendu beaucoup moins cher que tous ces abonnements individuels cumulés, Canal+ peut devenir la porte d'entrée des consommateurs dans l'univers de la SVoD en France. Et donc, être l'acteur qui bénéficie de la si précieuse relation abonnés.

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Stratégie tarifaire agressive

Pour recruter en masse, Canal+ n'hésite pas à casser les prix. Son bouquet Canal+ Ciné Séries permet ainsi l'accès à Canal+, Netflix, Disney+, Paramount+ et OCS pour 35,99 euros par mois la première année puis 40,99 euros par mois la deuxième (engagement de deux ans obligatoire). Soit une réduction de plus de 20 euros par rapport à un consommateur qui paierait séparément l'ensemble de ces offres avec le forfait standard. Mais depuis quelques semaines, Canal+ a lancé une offre spéciale qui casse le prix de ce bouquet, à 25,99 euros par mois pour un engagement de deux ans, et même à 19,49 euros par mois sans engagement pour les moins de 25 ans (l'offre « Rat+ »).

Dans ce contexte, l'arrivée des séries et films d'Apple TV+ dans toutes les offres de Canal+ devrait agir comme un argument supplémentaire pour déclencher un abonnement.

Et, aussi, faire oublier que Canal+ a perdu ces derniers mois trois catalogues de taille : Lionsgate (anciennement connu sous le nom de StarzPlay), HBO, et les chaînes du groupe Warner, qu'il distribuait via Canal+. Le premier, Lionsgate, distribuait des séries populaires et qualitatives comme Normal People ou Les Liaisons dangereuses, mais a fermé boutique. Le second, HBO, était distribué par OCS jusqu'à décembre 2022, mais leur accord a pris fin et les séries cultes de la prestigieuse chaîne américaine sont désormais distribuées via les Channels d'Amazon Prime Video, dans le Pass Warner, qui comprend aussi l'ensemble des chaînes du groupe qui étaient auparavant distribuées par Canal+.

Enfin, intégrer Apple TV+ à son offre semble aussi une riposte contre son rival Amazon Prime Video, qui lui a volé HBO et les chaînes du groupe Warner pour les distribuer uniquement via sa plateforme. Comme Canal+, Prime Video est à la fois un diffuseur de contenus et aussi un distributeur des offres concurrentes via ses Channels, qui permettent, en payant un abonnement supplémentaire, d'accéder depuis Prime Video aux contenus des autres plateformes comme Netflix, Paramount+, le Pass Ligue 1, OCS,  MGM, Filmo, Universal+ ou tout dernièrement le Pass Warner.

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Sylvain Rolland

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Commentaires 5
à écrit le 15/04/2023 à 13:43
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Ancien abonné de C+, je peux témoigner de l'extrème désinvolture du "service" clients de cette société qui ne supporte pas qu'un client se désabonne. Bien qu'ayant respecté à la lettre les conditions de résiliation de ce contrat, il m'a fallu bataill...

à écrit le 15/04/2023 à 13:02
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N'ayant aucun abonnement TV et box internet je ne capte que la TNT que je ne regarde que rarement lorsqu'un documentaire m'intéressant est diffusé. Je comprends la politique de C+ de diffusion de séries étrangères car la TNT ne propose absolument ri...

à écrit le 14/04/2023 à 19:14
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Bravo à eux.

à écrit le 14/04/2023 à 17:30
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Oui, on peut s'en féliciter, une succursale gafam en France. Inonder d'œuvres americaines. Quand on voit la richesse sur arte des séries europeennes, pourquoi ne pas les promouvoir plus ? Que la société canal ouvre une succursale aux usa pour distr...

le 15/04/2023 à 12:03
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Chacun ses goûts, vous êtes égoïste vous ne pensez qu’a vous. On a le droit d’aimer les séries USA sans pour autant émigrer dans ce pays.

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