TikTok commence à héberger les données de ses utilisateurs européens en Irlande

Outre un centre de données à Dublin, TikTok a mentionné la construction de deux autres centres en Norvège et en Irlande. Le transfert des données doit se poursuivre jusqu'à la fin de l'année prochaine. Baptisé Clover, ce projet représente un investissement évalué à 1,2 milliard d'euros par an. A travers cette décision, le réseau social tente d'apaiser les craintes vis-à-vis de ses actionnaires chinois.
TikTok, qui compte 150 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis et 134 millions dans l'Espace économique européen, revendique une séparation juridique totale avec ses entités en Chine.
TikTok, qui compte 150 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis et 134 millions dans l'Espace économique européen, revendique une séparation juridique totale avec ses entités en Chine. (Crédits : DADO RUVIC)

[Article publié le mardi 5 septembre 2023 à 14h38 et mis à jour 15h25] Confronté à la défiance des pouvoirs publics, le réseau social TikTok a indiqué ce mardi 5 septembre qu'il avait commencé à héberger les données de ses utilisateurs européens en Irlande. « Notre premier centre de données à Dublin, en Irlande, est désormais opérationnel et la migration des données des utilisateurs européens vers ce centre a déjà débuté, tandis que nos deux autres centres en Norvège et en Irlande sont en cours de construction », a indiqué la filiale du géant chinois ByteDance dans un communiqué.

Lire aussiLe cofondateur de TikTok a perdu 17 milliards de dollars en 2022

Ce transfert doit se poursuivre jusqu'à fin 2024, date à laquelle les trois centres de données seront en fonctionnement. Ce projet, baptisé Clover et annoncé en mars, représente pour TikTok un investissement annuel de 1,2 milliard d'euros. En parallèle, le réseau social a noué un partenariat avec l'entreprise de cybersécurité britannique NCC Group. Celle-ci sera chargée d'effectuer « un audit indépendant » des protections des données mises en œuvre, de « surveiller les flux de données » et de « signaler tout incident ».

Protéger les données des utilisateurs européens

Sur le modèle des mesures imposées au réseau social aux Etats-Unis, ces dispositions ont pour but d'empêcher les employés de ByteDance situés en Chine d'accéder aux « données protégées » des Européens, ont assuré des responsables de TikTok, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Parmi ces données protégées figurent les noms réels des utilisateurs, leur adresse mail, leur numéro de téléphone ou l'adresse IP de leurs terminaux, ainsi que les données personnelles au sens de la réglementation européenne.

En revanche, certaines données agrégées, publiques ou nécessaires à l'interopérabilité du réseau, continueront de circuler et d'être hébergées en dehors du continent. Interrogé, TikTok n'a pas souhaité communiquer le pourcentage des données déjà transférées depuis les actuels centres de données aux Etats-Unis et à Singapour.

TikTok, qui compte 150 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis et 134 millions dans l'espace économique européen, revendique une séparation juridique totale avec ses entités en Chine et a toujours fermement nié tout partage de données avec les autorités chinoises. Mais sa maison mère ByteDance avait dû reconnaître en décembre 2022 que des employés avaient eu accès aux données de deux journalistes américains à l'occasion d'une enquête interne sur des fuites de données.

Dès lors, des pays comme l'Australie, la Belgique et le Canada, ainsi que la Commission européenne, ont banni l'application de divertissement sur les téléphones professionnels de leurs fonctionnaires. L'Etat américain du Montana a annoncé une interdiction totale de l'application, bien que cette décision fasse l'objet d'un appel.

« TikTok n'est pas conforme aujourd'hui au droit européen » sur le respect des données personnelles, « car il est avéré que des données ont transité vers la Chine », et « pas encore tout à fait conforme » aux nouvelles règles européennes qui visent les très grandes plateformes numériques depuis le 25 août, a déclaré mardi le ministre français délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot, interrogé sur Sud Radio.

Des parlementaires réclament la suspension en France

En juillet, les sénateurs français avaient même appelé le gouvernement à « suspendre TikTok en France et (à) demander sa suspension au sein de l'Union européenne », si le réseau social ne clarifie pas avant le 1er janvier 2024 la nature de ses liens avec les autorités chinoises et ne met pas en place une modération « efficace » et un « contrôle effectif de l'âge ».

Les vidéos véhiculées par l'application « pourraient être biaisées au profit d'autorités chinoises soucieuses d'alimenter des troubles susceptibles d'affaiblir l'image de la démocratie », avait établi la commission dans son rapport. « Nous sommes en profond désaccord avec les conclusions de ce rapport, qui ne reflète pas fidèlement les faits », avait rétorqué le réseau social à l'AFP. « Il est décevant que la Commission ait consacré autant de temps et de ressources pour remettre en avant toujours les mêmes perceptions erronées » avait-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse, André Gattolin (majorité présidentielle), vice-président de la commission, a fait part de « son doute complet sur la viabilité du modèle économique de TikTok, qui laisse penser que ce n'est pas une entreprise économique, mais une entreprise politique avec vocation à capter les données personnelles ».

Invoquant les risques en matière de cybersécurité, ces parlementaires souhaitaient aussi élargir l'interdiction de l'application en France - aujourd'hui aux seuls fonctionnaires d'Etat - à tous les personnels des opérateurs publics ou privés « d'importance vitale ».

TikTok a depuis annoncé la mise en place d'outils à destination des chercheurs et des régulateurs, un fil d'actualité non personnalisé, la fin des publicités personnalisées pour les mineurs et une nouvelle option pour signaler des contenus. Sa branche française a également décidé de remplacer sa présidente sino-canadienne Zhao Tian par son directeur des opérations mondiales, l'Américain Adam Presser.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 05/09/2023 à 23:13
Signaler
Je boycott tik tok comme Facebook, X, etc. Les réseaux bablateurs , hébergeurs mettant d’une vie virtuelle ou de mise en scène narcissique et m ´ espionnant ne m intéresse ne pas . J ai ma famille les amis physiques, mes voisins, mes collègues , m...

le 05/09/2023 à 23:32
Signaler
@Brehat. Bonne initiative. Si en plus vous ne prenez plus l'avion vous êtes au top👍.

à écrit le 05/09/2023 à 22:58
Signaler
Hébergement en Chine avec redondance en Irlande car seule la Chine dispose des équipements AI fournis par nVidia pour travailler les mégadonnées...

à écrit le 05/09/2023 à 17:27
Signaler
???Et qui va empêcher les Chinois ( le gouvernement Stalino communiste de Xi Jin Ping et acolytes) de consulter les données stockées par Tik Tok? De demander pour raisons de sécurité des transferts? Personne. Aucun stockage de données n"est fiable ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.