TikTok : nouveau coup de pression de l'UE sur le risque d'addiction des utilisateurs

Le géant chinois des réseaux sociaux doit transmettre sous 24 heures son « évaluation des risques » liés à sa nouvelle application « TikTok Lite ». Celle-ci propose notamment aux utilisateurs d'être rémunérés en bons d'achat chez Amazon. Ce qui pose un risque d'addiction selon Bruxelles.
L'exécutif européen explique avoir demandé « des détails sur l'évaluation des risques » que TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, « aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application ''TikTok Lite'' dans l'UE ».
L'exécutif européen explique avoir demandé « des détails sur l'évaluation des risques » que TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, « aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application ''TikTok Lite'' dans l'UE ». (Crédits : Dado Ruvic)

Nouveau coup de pression de la Commission européenne sur le géant chinois TikTok. Ce mercredi, Bruxelles a en effet réclamé des explications au réseau social sur les risques d'addiction liés au déploiement en France et en Espagne d'un nouveau service rémunérant les utilisateurs qui regardent des vidéos.

L'exécutif européen explique avoir demandé « des détails sur l'évaluation des risques » que TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, « aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application ''TikTok Lite'' dans l'UE ».

Et d'ajouter : « Cela concerne l'impact potentiel du nouveau programme de ''récompenses'' sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs, en particulier en ce qui concerne la stimulation potentielle du comportement addictif. »

Une réponse exigée sous 24h

TikTok doit donc transmettre sous 24 heures son « évaluation des risques » liés à la nouvelle application, et pour ce faire, doit répondre à une série de questions d'ici au 26 avril. Cette demande formelle intervient dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) qui impose depuis l'an dernier à vingt-deux très grands acteurs de l'internet, dont TikTok, des règles renforcées pour garantir la sécurité des utilisateurs.

Par ailleurs, cette requête ne constitue pas une mise en cause à ce stade. Il s'agit toutefois d'une première étape dans une procédure qui peut conduire à l'ouverture d'une enquête formelle, et à terme à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées à la réglementation.

Une nouvelle application qui rémunère en bons d'achat

Pour rappel, TikTok a annoncé le 11 avril dernier le lancement de cette nouvelle application à côté de la version classique, en France et en Espagne. Baptisée « TikTok Lite », celle-ci dispose d'une nouvelle fonctionnalité destinée aux utilisateurs de 18 ans et plus : le « Programme de récompenses », qui permet aux utilisateurs de gagner des points en effectuant certaines « tâches » sur TikTok, telles que regarder des vidéos, aimer du contenu, suivre des créateurs, inviter des amis à rejoindre TikTok, etc.

Lire aussiProtection des données des mineurs : TikTok épinglé par l'Europe devra payer 345 millions d'euros d'amende

Similaires à ceux de certains jeux vidéo pour téléphone mobile, ces points virtuels peuvent être échangés contre des récompenses, telles que des bons Amazon, des cartes-cadeaux via PayPal ou de la monnaie virtuelle de TikTok, qui peut être dépensée pour donner des pourboires aux créateurs. Le réseau social a mis en place un barème de rémunération en fonction de l'engagement de l'utilisateur : 300 jetons pour l'inscription, 4.500 s'il se connecte quotidiennement pendant dix jours, 4.200 pièces lorsqu'il regarde 25 minutes de vidéos, etc. En sachant que 10.000 pièces virtuelles équivalent à un euro.

Une autre procédure en cours

La Commission, qui joue désormais le rôle de gendarme du numérique dans l'UE, est dotée d'un pouvoir de contrôle et de sanction à l'égard des contrevenants. La procédure lancée ce mercredi n'est pas la première concernant TikTok

La Commission avait déjà ouvert en février 2024 une procédure formelle contre TikTok, soupçonné d'avoir enfreint la DSA dans des domaines liés à la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l'accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu'à la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif de son application. Sur ce dossier, Bruxelles est toujours en train de rassembler des preuves.

La France à la manœuvre pour sécuriser son espace numérique

La France est aussi sur le qui-vive concernant les pratiques des géants de l'internet. Il y a quelques jours, le Parlement a adopté la loi SREN pour sécuriser l'espace numérique tricolore. Cyberharcèlement, arnaques sur internet, propos haineux, accessibilité des sites pornographiques aux mineurs... autant de fléaux auxquels le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique tente d'apporter une réponse, en prenant appui sur les règlements européens sur les services numériques et les marchés numériques.

Parmi les mesures phares de cette nouvelle loi, on trouve la la création d'un filtre anti-arnaques gratuit adressant un message d'avertissement à toute personne qui s'apprête à se diriger vers un site identifié comme malveillant, pouvant aboutir au blocage administratif du site internet mis en œuvre. La mesure passera par l'établissement d'une liste de ces sites frauduleux et des accords avec les opérateurs d'accès à internet et les éditeurs de navigateurs web.

Autre nouvelle disposition induite par la loi Sren : l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) aura le pouvoir d'ordonner, sans le concours d'un juge, le blocage par les opérateurs télécoms et le déréférencement des sites pornographiques qui n'empêchent pas les mineurs d'accéder à leur contenu.

Lire aussiInterdiction de TikTok : les États-Unis jugent « ironique » la réaction de la Chine au vu de la censure pratiqué par le régime

Le projet de loi donne aussi à l'Arcom le pouvoir de faire cesser la diffusion sur internet de médias frappés d'interdiction dans l'Union européenne. La mesure vise particulièrement les sites de streaming non européens comme Odysee ou Rumble, qui avaient diffusé les chaînes pro-russes Russia Today et Sputnik malgré leur interdiction dans l'UE dans le cadre des sanctions prises après l'invasion de l'Ukraine.

Interrogée mi-avril par La Tribune dimanche, la secrétaire d'Etat chargée du Numérique est expliqué que le succès de nouvelle loi SREN se mesurera par « la baisse voire la disparition du nombre d'enfants exposés aux contenus pornographiques et l'évolution du nombre d'arnaques en ligne mais aussi du nombre d'internautes cyberharcelés ».Et d'ajouter sur le sujet : « Le site Cybermalveillance.gouv suit tous ces indicateurs de très près, et ils nous font part régulièrement de leurs analyses. Elles nous permettront de tirer un premier bilan. »

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 18/04/2024 à 10:51
Signaler
Si c'est dangereux , on interdit. Le tabac aussi, l'alcool...et surtout la bêtise.

à écrit le 18/04/2024 à 7:50
Signaler
UE ou Tik Tok, bof... bien malin est celui qui distingue le moins pire.

à écrit le 17/04/2024 à 18:21
Signaler
C'est surtout qu'ils on couvert le génocide de gaza, c'est pourquoi l'occident veut interdire la plateforme ! On ne peut pas tuer en paix....... malheureusement pour eux, comme moi, nous avons pu tout voir et comprendre avec ce qui se passe en Allem...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.