Rachat de Direct 8 : Canal Plus propose des concessions minimales

Canal Plus propose à l'Autorité de la concurrence sept engagements afin d'obtenir son feu vert au rachat de Direct 8 et Direct Star. Des concessions minimales qui règlent peu de problèmes.
Bertrand Méheut, président de Canal Plus Copyright Reuters

Canal Plus n?a apparemment pas un goût immodéré pour le sacrifice. La chaîne cryptée doit faire approuver par l?Autorité de la concurrence son arrivée dans la télévision en clair, via le rachat à Bolloré des chaînes Direct 8 et Direct Star. Elle sait que le gendarme de la concurrence ne lui donnera pas son feu vert sans lui imposer moult contraintes. La procédure prévoit que Canal propose d?abord d?elle-même des sacrifices ?c?est ce qu?elle a fait mardi. Et, sans surprise, le groupe de Bertrand Meheut ne propose pas de se couper un bras, ni même un doigt -une tactique de début de négociation probablement. Dans un maigre document de 6 pages, elle propose seulement de s?imposer sept obligations, valables trois ans, voire même moins si elles devenaient « obsolètes ».

Non discrimination
D?abord, la filiale de Vivendi s?engage à ne pas favoriser les annonceurs ayant mandaté comme agence médias des sociétés contrôlées par Bolloré -comme Havas. En outre, lors de la vente de films anciens par Studio Canal, elle s?engage à ne pas se favoriser Direct 8 et Direct Star par rapport aux autres chaînes gratuites. Et Direct 8 et Direct Star ne pourraient acheter ces droits pour plus de six mois. Des engagements bien légers, car le groupe risquerait de toutes façons quantité de problèmes s?il s?aventurait à de telles discriminations. En outre, rien n?empêchera Studio Canal de refuser de vendre son catalogue aux chaînes gratuites concurrentes.

Incontournable dans le cinéma
Concernant le cinéma américain, la filiale de Vivendi s?engage à « négocier de manière distincte » l?achat de films frais pour ses chaînes payantes et pour ses chaînes gratuites. Pour le cinéma français, elle pourra « lier l?acquisition » des droits en clair et des droits payants pour un maximum de 20 films par an. Des concessions qui ne résolvent rien : en effet, les deux négociations pourront très bien être séparées, mais au final réussir toutes les deux, aboutissant à ce que Canal détienne tous les droits.

La chaîne cryptée est déjà incontournable dans le 7ème art : elle détient les droits en TV payante de 5 des 7 majors américaines, et pré-achète près de 60% des films français. Avec l?engagement proposé, elle pourra donc choisir chaque année les 20 films français les plus porteurs, et en acheter les droits en clair. En outre, aucun engagement n?est proposé concernant les séries, alors que Canal a déjà commencé à acquérir les droits en clair de séries qu?elle diffuse en payant, comme "The event".

De la Ligue 1 en clair
Enfin, concernant les droits sportifs, Canal était jusqu?à présent obligé de revendre à des chaînes en clair une bonne dizaine de matches chaque année (la finale de la Ligue des champions de football, la finale du championnat de France de rugby?) bien qu?elle ait acheté tous les droits de la compétition. Explication: ces matchs sont considérés juridiquement comme des « événements d?importance majeure », et doivent donc être obligatoirement être diffusés en clair. Désormais, la filiale de Vivendi pourra diffuser ces matches phares sur Direct 8 et Direct Star. Elle propose toutefois de limiter cela à 5 matches par an, et donc de continuer à revendre les autres à des chaînes gratuites concurrentes.
Enfin, Canal se propose aussi de diffuser sur Direct 8 et Direct Star des matches de football qui étaient jusqu?à présent réservés à la TV payante : en pratique, des matches de Ligue 1 et de championnats européens. Une belle manière de donner envie de s?abonner à la chaîne cryptée sans doute? Toutefois, Canal propose de limiter cela à 12 matches de Ligue 1 par an, et deux matches européens.
L?Autorité de la concurrence consulte actuellement les acteurs du secteur sur ces propositions. Certains plaideront pour des mesures radicales, comme TF1 qui veut interdire la publicité sur les tranches en clair de Canal Plus. Le gendarme de la concurrence n?ira surement pas jusque là, car Canal restera un nain sur le marché de la publicité. Et son arrivée dans la télévision en clair renforcera la concurrence sur ce marché, un objectif que l?apôtre de la concurrence ne peut qu?approuver et soutenir. Au final, un feu vert sous conditions devrait être accordé mi-2012. 
 

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Commentaires 4
à écrit le 19/04/2012 à 11:07
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Franchement ça commence a être fatigant, dans ce pays que j'aime, d'empêcher les quelques champions qu'ils nous restent de se développer. Mais qu'on foute la paix au Groupe Canal. Les français veulent plus de qualité pas un nivellement pas le bas ! ...

à écrit le 30/03/2012 à 11:21
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comparé aux programmes merdiques généralement proposés sur la TNT, je trouve ridicule qu'on puisse imposer à Canal de ne pas diffuser des choses trop concurrentielles pour les autres chaînes, au contraire ! Il faut que la télévision française arrête ...

à écrit le 30/03/2012 à 8:05
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12 matchs de ligue 1 sur 380, cool.

à écrit le 29/03/2012 à 20:35
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Quelle objectivité dans cet article. Canal + met beaucoup d'argent dans le cinéma et le sport depuis longtemps ce qui lui confère un peu de légitimité.

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