La bataille à 1,6 milliard d'euros de Lagardère et Vivendi autour de Canal+ France

Lagardère a assigné Vivendi devant le tribunal de commerce de Paris, dénonçant une convention de trésorerie abusive. D'après celle-ci, Vivendi dispose de la trésorerie de Canal+ France qui s'élève à 1,6 milliard d'euros. Lagardère veut que cet argent serve à verser des dividendes.
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Nouveau feuilleton dans le conflit larvé entre Lagardère et Vivendi autour de Canal+ France. Cette fois, c?est devant le tribunal de commerce de Paris que les deux actionnaires de la chaîne cryptée (20% du capital pour Lagardère, 80% pour Vivendi) s?expliqueront, le 21 mars. Lagardère ne réclame pas moins d?1,6 milliard d?euros au groupe Vivendi, a annoncé le groupe dans un communiqué

Il s?agit en fait des sommes que le groupe Vivendi aurait récoltées dans la trésorerie de Canal+ France dans le cadre d?une convention de trésorerie qui l'autorise à disposer du cash de la chaîne de télévision. Dans le détail, cette convention lie Canal+ France à Groupe Canal+ détenu, lui, à 100% par Vivendi.

Un taux d'intérêt trop bas d'après Lagardère

Mais pour le groupe Lagardère, cette convention est abusive et il veut que Vivendi restitue cette somme d?argent à sa filiale Canal+ France. D?abord parce que Vivendi rémunère trop peu cette trésorerie. En 2012, les intérêts versés ont représenté 0,4% du montant utilisé, selon Le Figaro. Par ailleurs, le groupe Lagardère observe que cet argent est utilisé pour des investissements à long terme, alors qu?il doit normalement servir à financer des opérations de court terme. Le groupe Lagardère estime que cet argent devrait permettre de verser des dividendes aux actionnaires. Or, l?absence de dividendes empêche d?envisager une introduction en bourse de Canal+ France, selon des banquiers cités par Le Figaro. Une opération d'introduction avait bien été programmée, avant d?être reportée pour des conditions de marché.

Forcer la main de Vivendi

Vivendi conteste l'assignation de Lagardère dans un communiqué, se déclarant "surpris": Lagardère a "expressément approuvé cette convention dans le cadre de la création de Canal+ France en 2007, qu'elle ne l'a jamais, jusqu'à présent, contestée lors de ses tacites reconductions" affirme le groupe. Certains y voient "une tentative de déstabilisation" visant à lui forcer la main pour racheter les parts de Lagardère. Or Vivendi a d'autres chats à fouetter en ce moment. Endetté à hauteur de 14 milliards d?euros, le groupe veut se repositionner sur les médias et le divertissement (Canal Plus, Universal Music, Activision Blizzard) et vendre certains actifs télécoms, dont GVT au Brésil, Maroc Télécom, voire SFR. Le renforcement dans les médias passera bien à terme par un rachat des parts de Lagardère : mais Vivendi ne veut pas se faire dicter le calendrier ni imposer le prix.

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