Droits TV : 5 questions pour mieux comprendre le conflit qui oppose la LFP à Mediapro

Le bras de fer entre la LFP (Ligue de football professionnel) et Mediapro n'a pour l'instant pas trouvé d'issue, et si certains acteurs s'activent en coulisses, le scénario d'une sortie de crise a encore du mal à se matérialiser. On fait le point en cinq questions.
Canal Plus peut-il être la clé? Selon RMC, des discussions ont déjà lieu entre la chaîne cryptée et la LFP.
Canal Plus peut-il être la clé? Selon RMC, des discussions ont déjà lieu entre la chaîne cryptée et la LFP. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)
  • Quand le football français sera-t-il fixé?

Une conciliation est en cours auprès du tribunal de commerce de Nanterre entre la LFP et Mediapro. "Elle fige les positions", et du coup empêche pour l'instant la LFP de dénoncer le contrat, assure une source proche du dossier. Cette procédure peut en théorie durer jusqu'à cinq mois mais plusieurs médias assurent que le conciliateur a prévu de rendre ses conclusions dès le 7 décembre, soit deux jours après la troisième échéance que Mediapro est censé verser à la LFP, d'un montant de 152,5 millions d'euros selon L'Équipe.

  • Y a-t-il une chance que Mediapro paye sa prochaine échéance?

A priori aucune. Le groupe sino-espagnol considère que les échéances n'ont "pas beaucoup de sens" dans le cadre du processus de conciliation qui suspend tous les engagements.

Déjà contrainte en octobre à un emprunt de court terme de 120 millions d'euros pour compenser l'absence du versement d'octobre de 172,3 millions d'euros, la Ligue pourrait devoir réitérer la démarche. Elle a en tout cas déjà souscrit une option de 180 millions d'euros supplémentaires auprès de son organisme financeur dont l'identité n'a pas filtré, selon le procès verbal de sa dernière assemblée générale. Peut-elle continuer longtemps comme ça ? Il faudra en tout cas prendre en compte les intérêts, car la rémunération de ce premier prêt est située à 5,5 %.

  • Canal Plus peut-il être la clé?

Selon RMC, des discussions ont déjà lieu entre Canal Plus et la LFP. La chaîne cryptée, interrogée par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire. Si rien ne semble pouvoir être entamé concrètement avant la fin de la conciliation, plusieurs présidents de clubs, dont Jean-Pierre Caillot et Waldemar Kita, ont indiqué souhaiter que Canal soit intégré à l'avenir.

"Je serais très heureux et très content que Canal revienne", a dit le président nantais à RMC, "mais il faut respecter le calendrier".

Jean-Michel Aulas a également évoqué lors d'un entretien à l'AFP une solution possible "autour de Canal".

La conciliation "peut aider" à trouver un accord de sous-licence entre Mediapro et d'autres diffuseurs, selon un connaisseur du dossier. Mais les relations sont assez fraîches entre Canal Plus et Mediapro. "C'est la guerre entre les deux depuis que Canal s'est fait chiper les droits", explique une source proche de la LFP.

  • Quelles issues pour la conciliation?

Mediapro a expliqué plusieurs fois vouloir "discuter des modalités de la saison 2020-21", et uniquement de celle-ci. Mais le groupe n'a rien dit d'autre sur ses intentions, même si le quotidien L'Équipe affirme qu'il souhaiterait une ristourne de 170 millions d'euros à 200 millions d'euros sur cette saison, sur les plus de 800 millions d'euros dus par Mediapro cette saison.

Lire aussi : Droits du football : Mediapro veut une baisse de prix

Si les discussions restent confidentielles, certains observateurs avisés isolent plusieurs issues possibles au conflit. Première option: une ristourne pourrait être accordée au diffuseur. "Mais cela impliquerait d'en accorder une similaire à tous les autres partenaires", glisse un habitué des instances.

Autre issue: une "exit clause" qui prévoirait le renoncement de Mediapro, le paiement par le diffuseur d'une indemnité de sortie en échange de l'assurance que la Ligue ne le poursuivra pas en justice. Dans ce cas, un nouvel appel d'offres pourra être mis sur pied.

Enfin, si aucun accord n'est trouvé, il ne restera plus que la voie juridique pour que la Ligue obtienne au bout d'un long procès ses versements.

  • Le politique va-t-il s'en mêler?

Emmanuel Macron a été clair mardi lors d'une rencontre avec le monde du sport.

"Je pense qu'il y a assez d'acteurs historiques pour trouver une solution entre les partenaires", a-t-il expliqué selon plusieurs médias.

Fin de non-recevoir, les instances du football vont devoir se débrouiller seules.

Le ministre de l'Éducation nationale et des sports Jean-Michel Blanquer a toutefois prévenu mercredi sur RMC que l'État sera "très attentif à ce qu'aucun club ne fasse faillite en L1".

Le président de la République en a d'ailleurs profité mardi pour tacler la LFP à propos du contrat avec Mediapro conclu en 2018.

"On avait alerté la ligue. On savait que ce contrat était fragile", a-t-il assuré. "Je pense que les personnes qui l'ont négocié n'ont pas été très sérieuses."

Des propos visant directement l'ancienne présidente de la LFP Nathalie Boy de la Tour, et l'ex-directeur général Didier Quillot. Ce dernier a assuré à L'Équipe que "la Ligue n'a jamais reçu ni note ni alerte de l'Élysée relative à la fragilité de Mediapro".

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Commentaires 2
à écrit le 07/04/2021 à 10:10
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Je regarde des animé et vous ?

à écrit le 21/11/2020 à 11:02
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Les violentes dérives de l’oligarchie ne font que commencer, quand le grisbi rétrécie la cupidité se crispe.

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