Aux yeux de Reporters sans frontières (RSF), la transformation de CNews est inacceptable. Dans un communiqué, l'ONG déplore sa mue en une chaîne d'opinion depuis son rachat par le géant des médias Vivendi du milliardaire breton Vincent Bolloré. Or, « selon la convention signée avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel [le CSA, devenu Arcom, ndlr], CNews est censée être un service 'consacré à l'information' », souligne RSF.
L'ennui, fusille l'ONG, c'est que le régulateur de l'audiovisuel ne joue pas son rôle de gendarme. Face à son « inaction » et son « silence », elle a saisi, ce mercredi, le Conseil d'Etat d'un recours afin de « contester le refus de l'Arcom d'agir contre les manquements de CNews à ses obligations ». « A l'occasion de ce recours, le Conseil d'Etat est invité à saisir le Conseil constitutionnel pour qu'il statue sur la conformité de la loi de 1986 sur l'audiovisuel à la Constitution », ajoute l'ONG.
Dans son communiqué, RSF affirme que « la nature de la chaîne s'est radicalement transformée en un média d'influence au service d'un agenda politique précis, celui de M. Bolloré ». Aux yeux de nombreux observateurs, CNews s'est notamment transformée, pendant la campagne présidentielle, en très droitier porte-voix d'Eric Zemmour, son ex-chroniqueur vedette.
RSF souligne aussi « l'absence de pluralisme » sur l'antenne de CNews. L'ONG s'appuie ici sur une étude de François Jost, sémiologue et professeur émérite en sciences de l'information et de la communication à l'université Sorbonne-Nouvelle. « Alors que les invités de gauche représentent 10% et ceux de LREM 4%, les invités de droite et d'extrême-droite représentent plus des trois quarts des présences en plateau (78%) », relève le spécialiste, cité dans le communiqué de RSF.
Lors d'une audition par la Commission d'enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, le 20 janvier dernier, Vincent Bolloré a balayé les critiques sur sa reprise en main de CNews. Estimant qu'il ne faisait « pas de politique », l'homme d'affaires breton a affirmé que sa frénésie d'acquisition dans les médias relevait d'« un projet purement économique ». Sans convaincre - c'est peu dire - les parlementaires...
Sujets les + commentés