Medtech : le thermomètre encapsulé de Bodycap s’invite aux JO de Paris

Enfermé dans une gélule à ingérer, le thermomètre connecté mis au point par la medtech caennaise Bodycap a tapé dans l’œil du comité international olympique (CIO). Les athlètes des JO 2024 sont invités à l’utiliser pour se préserver des coups de chaleur, ennemis n°1 des sportifs de haut niveau.
Exportées à 95%, les capsules ingérables de Bodycap ont des applications dans les domaines sportif, médical et militaire.
Exportées à 95%, les capsules ingérables de Bodycap ont des applications dans les domaines sportif, médical et militaire. (Crédits : Bodycap)

Voilà une entreprise que la déferlante des JO n'effraie pas. Bien au contraire. Déjà mobilisée par le passé sur de nombreuses compétitions, notamment les éprouvants mondiaux d'athlétisme du Qatar où sa technologie a probablement évité des accidents, Bodycap s'apprête à rechausser les crampons pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. La commission médicale et scientifique du CIO va, en effet, proposer aux 12.000 athlètes attendus à Paris de recourir au e-celsius, du nom du thermomètre électronique que cette biotech normande a réussi à encapsuler dans une inoffensive gélule, écrasant au passage ses deux concurrents américains.

Concrètement, une fois avalé par les volontaires, le dispositif connecté restituera leur température corporelle en continu pendant 16 heures jusqu'à son expulsion par les voies naturelles. L'objectif de ce programme de recherche est double. Il s'agit, grâce aux données recueillies, de mieux réguler leurs séances d'entraînement et de récupération mais surtout de prévenir les coups de chaleur (également appelés hyperthermies d'effort) fréquents chez les athlètes de haut niveau. Et parfois fatales. « Il n'est pas exclu que les organisateurs stoppent la course d'un marathonien, par exemple, si sa courbe de température franchit un pic », explique Sébastien Moussay, président de Bodycap.

Feu vert de la FDA américaine

L'exposition médiatique que lui promettent les JO arrive à point nommé pour cette medtech de 20 personnes fondée à Caen en 2012. Elle a obtenu il y a quelques semaines le Go de la toute puissante Food & Drug Administration américaine pour distribuer la version médicale de son produit outre-Atlantique. Et espère pour cette année le même feu vert de la part des autorités sanitaires européennes. Sa première cible commerciale ? Les laboratoires et autres instituts de recherche qui testent de nouvelles molécules sur l'Homme et ont donc besoin d'un suivi étroit de l'état de santé de leurs « cobayes ».

« Le caractère peu contraignant du e-celsius en comparaison des autres méthodes de prise de température favorise le recrutement de volontaires », fait valoir Sébastien Moussay. Ses premiers pas au pays de l'oncle Sam s'étant révélés encourageants, Bodycap table désormais sur une croissance de « 30 à 40% » en 2024. Soit quelque 40.000 gélules à écouler dans l'année. « Nos fournisseurs breton et normand (Asica à Saint-Malo et Selha Group à Eu ndlr) sont déjà en capacité de multiplier la production par quatre ou cinq », précise son président à toutes fins utiles.

Vers une alternative à la coloscopie

Un bonheur n'arrivant jamais seul, la société vient aussi de décrocher le soutien du plan France 2030 (à hauteur de 1,2 million d'euros) pour un projet à fort potentiel dénommé Cyclope. Le but : développer une nouvelle génération de capsules électroniques ingérables dédiée à l'exploration du tube digestif. Cette fois, les dites gélules embarqueront de l'IA et un système d'optique de haute technologie. Objectif : détecter certaines pathologies inflammatoires du colon tels que les polypes. Si la promesse est tenue, le mécanisme pourrait permettre d'améliorer le diagnostic du cancer et le suivi des patients au moyen d'une technologie moins coûteuse et moins pénible pour les malades que la coloscopie. Allié à l'entreprise normande Einea et à plusieurs universités, Bodycap espère une mise sur le marché d'ici deux ans.

A plus long terme, les équipes de Sébastien Moussay réfléchissent à la conception d'autres pilules, spécifiquement vouées à la délivrance de médicaments. Dans leur idée, celles-ci renfermeraient un moteur miniaturisé capable d'activer des micro-portes pour libérer la substance active « au bon endroit et à la bonne dose ». De quoi ouvrir le champ des possibles de la médecine personnalisée.

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