Qui pour remplacer Cédric O au Numérique dans le nouveau gouvernement ?

Parmi tous les profils envisagés, deux noms sortent particulièrement du lot pour le prochain maroquin du Numérique. Il s'agit de Philippe Englebert, l'actuel conseiller entreprises, attractivité et export d'Emmanuel Macron, et Eric Bothorel, député LREM des Côtes d'Armor, spécialiste du numérique et des télécoms. Le chef de l'Etat et son équipe réfléchissent également à un changement de dimension du maroquin pour lui donner une nouvelle ampleur, ce qui pourrait influer sur le casting.
Sylvain Rolland
Le député LREM Eric Bothorel et le conseiller d'Emmanuel Macron à l'Elysée Philippe Englebert semblent les deux favoris pour le maroquin Numérique du nouveau gouvernement.
Le député LREM Eric Bothorel et le conseiller d'Emmanuel Macron à l'Elysée Philippe Englebert semblent les deux favoris pour le maroquin Numérique du nouveau gouvernement. (Crédits : DR)

La compétition pour la succession de Cédric O, l'actuel secrétaire d'Etat à la Transition numérique et aux Communications électroniques, est-elle déjà réduite à seulement deux noms, Philippe Englebert et Eric Bothorel ? Rien n'est encore joué, d'autant plus que le choix dépendra en premier lieu du périmètre choisi, c'est-à-dire si le poste reste un secrétariat d'Etat ou évolue pour devenir un ministère de plein exercice pour mieux répondre aux nombreux enjeux économiques et sociétaux du numérique. Et c'est une question qui se pose sérieusement, comme nous l'expliquons ce mardi. Le choix dépendra aussi d'une multitude d'autres facteurs, tels que la parité femmes/hommes ou encore les équilibres politiques de la nouvelle majorité. Sans compter que les élections législatives de juin pourraient à nouveau rebattre les cartes si d'aventure LREM n'obtenait pas la majorité des sièges à l'Assemblée nationale.

Quoi qu'il en soit, d'après les échos recueillis par La Tribune, deux noms tiennent particulièrement la corde parmi la dizaine de noms qui ont circulé. Le premier est Philippe Englebert, l'actuel conseiller Entreprises, Attractivité et Export d'Emmanuel Macron, également ancien conseiller au cabinet de Cédric O. Le deuxième est Eric Bothorel, député LREM des Côtes d'Armor, spécialiste du numérique et des télécoms.

Philippe Englebert, chouchou de l'écosystème tech mais homme de l'ombre

Comme Cédric O avant lui, Philippe Englebert est un proche d'Emmanuel Macron et jouit de sa confiance, ce qui semble important étant donné la transversalité des enjeux du numérique et le fait qu'Emmanuel Macron aime s'investir personnellement sur ces sujets. Ce pur produit des grandes écoles (Sciences Po, Polytechnique et ESCP) présente aussi l'avantage d'être connu et apprécié par l'ensemble de l'écosystème tech français de par ses fonctions à l'Elysée et son expérience en cabinet auprès de Cédric O. De fait, il connaît bien les arcanes du pouvoir et les méandres de l'administration française. Et nul doute que son énorme carnet d'adresses acquis pendant le premier quinquennat, autant avec l'écosystème tech qu'avec les grands groupes ou les Gafam, est un atout dans sa manche.

Même s'il refuse de répondre à toute question sur le sujet, Philippe Englebert ne dément pas être en lice pour le poste. D'après La Lettre A, le trentenaire aurait refusé les avances récentes de la banque d'affaires Morgan Stanley. Or, le passage dans le privé ou un poste plus exposé en politique sont généralement les portes de sortie des conseillers élyséens après des années éreintantes au cœur du pouvoir.

En revanche, le CV du jeune (37 ans) conseiller d'Emmanuel Macron ne coche pas entièrement toutes les cases. Auteur d'un livre paru en début d'année sur les startups, Philippe Englebert est très connoté "French Tech et économie". Autrement dit, il s'est peu positionné sur les sujets sociétaux du numérique, son profil n'est pas, a priori, taillé pour un poste qui serait plus large que le secteur du numérique. Autre désavantage, surtout si Emmanuel Macron voulait créer un ministère plein du Numérique : le conseiller n'a jamais été élu et n'est pas du tout connu du grand public. "Il ferait un bon secrétaire d'Etat pour l'écosystème tech sans doute, mais un ministre du Numérique de plein exercice, avec des enjeux transverses et une grosse visibilité médiatique, doit être quelqu'un de plus connu et expérimenté. Je pense que donner le poste à un proche du Président pour qu'il soit un bon soldat, un peu comme Cédric O, ce serait raisonner à l'envers", tacle un observateur.

Eric Bothorel, l'élu multitâches de terrain

De son côté, le député LREM Eric Bothorel était l'un des députés les plus actifs du quinquennat à l'Assemblée nationale sur les sujets numériques. Ce touche-à-tout a été rapporteur de la loi sur la sécurité des réseaux (dite "loi anti- Huawei"), co-rapporteur du rapport sur la souveraineté numérique porté par son confrère Philippe Latombe (Modem), missionné pour un rapport sur l'open data publique, et il est membre de nombreuses missions d'information ou de groupes de travail sur des sujets variés tels que la résilience nationale, la cybersécurité, la démocratie participative et la e-démocratie ou encore la blockchain.

Proche de Cédric O, avec lequel il échangeait au téléphone tous les jours pendant la campagne électorale, Eric Bothorel ne fait en revanche pas partie du cercle proche du Président. Le quinquagénaire breton a toutefois été choisi pour porter les sujets numériques pendant la campagne d'Emmanuel Macron, aux côtés de l'entrepreneuse et investisseuse Rania Belkahia.

Depuis quelques mois, il se positionne de plus en plus ouvertement pour la succession de Cédric O. Mais comme pour Philippe Englebert, sa stature actuelle pourrait poser problème dans le cas où Emmanuel Macron créerait un ministère plein du Numérique. "Il est très dans la tambouille du secteur et il est relativement peu connu du grand public malgré son statut de député. Est-il assez "waouh" pour incarner les enjeux du numérique ?", s'interroge une autre source.

Une surprise, y compris une personnalité qui ne vient pas du secteur de la tech ?

Philippe Englebert et Eric Bothorel cochent donc beaucoup de cases et sont aussi les favoris de l'écosystème tech. Mais Emmanuel Macron pourrait sortir un lapin de son chapeau en fonction du périmètre final du poste, de la nécessité de la parité femmes/hommes, ou encore des équilibres politiques à respecter de la nouvelle majorité.

Ainsi, d'autres noms circulent en plus des deux favoris. Celui de Rania Belkahia, qui a travaillé avec Eric Bothorel sur le programme numérique d'Emmanuel Macron, tient la corde si Emmanuel Macron souhaite un nouveau visage, qui plus est une femme. L'entrepreneuse connaît bien l'écosystème tech puisqu'elle a fondé la plateforme de e-commerce en Afrique francophone Afrimarket en 2013. Après son placement en liquidation judiciaire en 2019, elle est devenue investisseuse en rejoignant le fonds EQT Ventures, ce qui lui permet de cocher deux cases précieuses. En revanche, son profil semble peu correspondre à un maroquin plus large que celui de l'écosystème tech.

Le quatrième nom qui semble convenir au poste est celui d'Alexandre Zapolsky. Les atouts de cet adhérent historique de LREM et habitué des médias sont nombreux : un certain charisme, la proximité avec Emmanuel Macron à qui il apporte publiquement son soutien et son amitié, et l'expérience du secteur puisque ce quadra fait partie de la première génération d'entrepreneurs français du numérique. Il a cofondé en 2000 Linagora, un éditeur de logiciels open source, qu'il préside toujours et qui fait partie des fleurons français du logiciel. Très soutenu par les différents gouvernements de droite comme de gauche, Linagora se présente comme une alternative aux solutions bureautiques de Microsoft, utilisée depuis le milieu des années 2000 par de nombreuses administrations fonctionnant sous Linux. Grand défenseur de la souveraineté numérique de la France et de l'Europe face aux Gafam, son atout est d'avoir une vision plus large du numérique et de la tech, mais il incarne moins que les autres la "startup nation" chère à Emmanuel Macron.

Si Emmanuel Macron souhaitait quelqu'un de plus connu, le nom de Frédéric Mazzella, cofondateur et patron pendant des années de BlaBlaCar, la première licorne française, et également coprésident du principal lobby des startups et des investisseurs, France Digitale, revient inlassablement, comme déjà en 2017 ou en 2019 au moment de remplacer Mounir Mahjoubi. Mais cette solution de facilité est-elle la plus crédible ? L'entrepreneur est effectivement un visage familier du grand public, surtout depuis son passage dans l'émission de M6 Qui veut être mon associé ?. Apprécié de l'écosystème et Macron-compatible, il ne semble fermer aucune porte... Mais jusqu'à présent, ces qualités n'ont jamais été jugées suffisantes pour lui octroyer le poste.

La porte est donc ouverte pour une surprise hors de ces profils issus de l'écosystème tech. Les politiques ou personnalités de la société civile avec une forte appétence pour les enjeux économiques et sociétaux du numérique peuvent être trouvés un peu partout, d'autant plus si le périmètre du poste s'élargit.

Sylvain Rolland

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Commentaires 5
à écrit le 05/05/2022 à 11:40
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De toute évidence ce sera un bon aryen...

à écrit le 04/05/2022 à 18:50
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Donc le premier ministre pas encore nommé n'aura pas son mot à dire et ne sera là que poyr faire tapisserie c'est bien ça ? Bravo aux femmes qui donc ont déclinées la fonction potiche larbin. La ripouxpoublique démokratic avez vous dit ?

à écrit le 04/05/2022 à 15:51
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Il faut nommer Denis Payre bien sûr..

à écrit le 04/05/2022 à 15:46
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Il faut nommer Denis Payre bien sûr..

à écrit le 04/05/2022 à 13:36
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E. Leclerc vient de lacher le morceau, je que j'écrivais depuis des lustres... Ca n'est pas dans des journaux dits "économiques" que l'on verra ce genre de vérité !! L'inflation n'a rien à voir avec la guerre en Ukraine, elle est causée par la spéc...

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