Pourquoi Cédric O a choisi l'entrepreneuse Clara Chappaz à la tête de la Mission French Tech

Clara Chappaz, jusqu'ici "chief business officer" de la licorne Vestiaire Collective, succèdera à Kat Borlongan dès le 1er novembre à la tête de la Mission French Tech. L'entrepreneuse devra étendre et développer de nouveaux programmes pour accompagner 1.000 startups d'ici à fin 2022, contre 200 actuellement. A travers la nomination d'une entrepreneuse, Cédric O attribue au gouvernement les succès de la French Tech, dans la perspective d'une réélection d'Emmanuel Macron en 2022.
Sylvain Rolland
Kat Borlongan (à gauche) est remplacée par Clara Chappaz (à droite) à la tête de la Mission French Tech.
Kat Borlongan (à gauche) est remplacée par Clara Chappaz (à droite) à la tête de la Mission French Tech. (Crédits : DR)

Le flou aura duré moins longtemps que prévu. Malgré la lourdeur du recrutement dans l'administration française, Cédric O a déjà trouvé la remplaçante de Kat Borlongan, qu'il avait évincée en juillet de la direction de la Mission French Tech. Il s'agit de l'entrepreneuse Clara Chappaz, 32 ans, précédemment "chief business officer" de la licorne Vestiaire Collective, qui a annoncé une nouvelle méga-levée de fonds de 174 millions d'euros a semaine dernière. La nouvelle patronne débutera son mandat de trois ans le 1er novembre, soit moins de quatre mois après le départ de Kat Borlongan, mais quitte Vestiaire Collective dès le 30 septembre.

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Passer de 200 à 1.000 startups accompagnées via les différents programmes

Dans un entretien aux Echos, Cédric O fixe le cap de la nouvelle directrice. "Le prochain défi est la massification de l'accompagnement offert aux startups", indique le secrétaire d'Etat à la Transition numérique et aux communications électroniques. Les quatre programmes de la Mission French Tech, c'est-à-dire le Next40, le French Tech 120, le Green20 et Tremplin, permettent aujourd'hui d'accompagner, d'après le ministre, 200 startups, sur un écosystème qui en compterait 20.000. L'objectif d'ici à 2022 est d'en accompagner 1.000, soit 800 de plus.

Comment ? Cela reste encore à définir, mais nul doute que le programme Tremplin, qui vise à rendre le milieu du numérique plus inclusif en soutenant des entrepreneurs issus de la diversité culturelle et sociale, jouera un rôle clé dans ce passage à l'échelle.

Dernier grand projet de Kat Borlongan, Tremplin, dont la deuxième édition a été annoncée le jour du départ de l'ancienne directrice, est désormais doté de 25 millions d'euros sur deux ans - contre 15 millions d'euros pour la première édition - et permettra d'incuber 300 entrepreneurs et entrepreneuses. C'est, de loin, le programme le mieux financé de la structure.

Autre certitude : la méthode qui fait le succès du French Tech 120 - c'est-à-dire faciliter les relations entre les startups et les services de l'Etat comme l'Ursaff, Pôle Emploi, Bercy ou Bpifrance - sera amplifiée partout dans les territoires. L'objectif : toucher davantage de startups, et plus uniquement les 120 plus grosses, ce qui constituait une critique récurrente contre la Mission French Tech, accusée de trop se concentrer sur l'hyper-croissance des pépites déjà établies au détriment des plus petites.

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La Mission French Tech reprise en main par Cédric O

Le profil de Clara Chappaz n'est pas anodin. Femme, entrepreneuse avec de l'expérience à l'international - elle a travaillé aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Thaïlande -, et ex-directrice du business de l'une des dix-sept licornes françaises : Clara Chappaz incarne ce que le gouvernement souhaite faire de la French Tech, c'est-à-dire un écosystème performant en France et à l'international, mais aussi tourné vers les femmes, qui manquent actuellement dans le secteur de la tech.

Détail d'importance à quelques mois de l'élection présidentielle de 2022 : contrairement à Kat Borlongan, qui connaissait les méandres de l'administration française avant d'intégrer la Mission French Tech, Clara Chappaz est une pure entrepreneuse. Autrement dit, elle n'a aucune expérience politique. Sa nomination, dans le cadre d'une compétition arbitrée par un jury d'entrepreneurs face à sept autres finalistes, s'inscrit dans le cadre d'une reprise en main de la Mission French Tech par le cabinet de Cédric O depuis son entrée au gouvernement en 2019, ce qui a été source de grosses tensions sous Kat Borlongan.

Symboliquement, Clara Chappaz n'a pas eu voix au chapitre pour sa propre nomination. Cédric O a effectué l'annonce lui-même via le journal Les Echos, tout en fixant la feuille de route de la nouvelle directrice. Dans le portrait que le quotidien consacre à l'entrepreneuse, celle-ci détaille son parcours mais ne parle que très timidement de son nouveau poste.

Instrument de campagne électorale pour Emmanuel Macron

Et pour cause : Cédric O fait du succès de la French Tech - et donc celui de la Mission French Tech chargée d'aider l'écosystème à se développer - le cœur de son bilan en tant que secrétaire d'Etat à la Transition numérique. Et un argument pour la future - et hypothétique à ce stade - campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.

"Soyons très clairs : la "startup nation", nous la revendiquons. Pas pour la beauté du geste, mais parce que ce que nous sommes en train de bâtir, ce sont les bases de la puissance économique et industrielle de la France des cinquante prochaines années", déclare-t-il aux Echos.

La nomination de l'entrepreneuse Clara Chappaz vise donc surtout à montrer que l'écosystème tech soutient l'Etat dans la perspective de 2022.

Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 01/10/2021 à 19:43
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Cela ne va pas être facile de succéder à Kat Borlogan qui a fait le job et ils sont pas nombreux à ce niveau, ils auraient du la garder plus longtemps d'autant qu'elle convainquait à l'international en plus.

à écrit le 01/10/2021 à 8:35
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Mme Borlongan n'était pas assez LREM béate alors que O veut politiser le label "french tech" pour les élection à venir. Le but étant que sa directrice fasse lourdement savoir que la mission soutien le gouvernement en place.

à écrit le 30/09/2021 à 22:02
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Bof... La fille à son papa Pierre, communiste pur et dur dans sa jeunesse et adepte du grand soir réfugié en Suisse pour pas payer d'impôts après son succès dans l'Internet avec Kelkoo. Lui au moins il avait un bagage scientifique de haut niveau..

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