En investissant dans Vodafone, Xavier Niel poursuit son offensive dans les télécoms européennes

Après avoir échoué à racheter la filiale italienne de Vodafone pour la marier à son opérateur Iliad Italia, Xavier Niel vient de s’offrir 2,5% du géant britannique du mobile. Cet investissement pourrait bien n’être qu’un début.
Pierre Manière
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free).
Xavier Niel, le fondateur et propriétaire d'Iliad (Free). (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Les champions britanniques des télécoms aiguisent visiblement l'appétit de leurs homologues français. Alors que Patrick Drahi, le propriétaire d'Altice (SFR) possède désormais pas moins de 18% de l'opérateur historique BT, Xavier Niel, le fondateur d'Iliad (Free), vient de s'offrir 2,5% de Vodafone. Cette emplette s'élève aux alentours de 750 millions de livres, soit près de 860 millions d'euros. Xavier Niel a réalisé cette opération via sa société Atlas Investissement, indépendante d'Iliad, la maison-mère de Free en France.

Avec cette acquisition, qui n'est peut-être qu'un début, Xavier Niel devient le quatrième actionnaire de Vodafone, derrière le géant émirati des télécoms e& (près de 10%), les fonds Vanguard (3,1%), Norges Bank Investment Management (3%) et Blackrock (2,1%). Le montant déboursé par Xavier Niel apparaît important. Mais il n'est, en réalité, pas si cher que ça. Comme l'écrasante majorité des opérateurs européens, Vodafone s'est fait massacrer en Bourse ces dernières années, perdant plus de la moitié de sa valorisation depuis 2017. Les marchés déplorent ses lourds investissements dans les réseaux (la fibre, la 4G et la 5G), alors que ses marges pâtissent d'une ultra-concurrence dans ses principaux marchés. C'est le cas au Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi en Espagne et en Italie. Sachant que Vodafone est aussi un acteur majeur en Allemagne.

« Saisir les opportunités de consolidation »

En arrivant au capital de Vodafone, Xavier Niel étend encore son empire dans les télécoms européennes. Il débarque aussi dans un groupe qui fait l'objet de vives critiques concernant sa stratégie. Cevian Capital, le plus grand fonds activiste du Vieux Continent, appelle depuis des mois la direction à simplifier ses activités, et à tout faire pour consolider ses positions dans ses principaux marchés. Beaucoup estiment que Vodafone a laissé passer des opportunités. En Espagne, par exemple, sa filiale devrait prochainement bénéficier d'une concurrence moins féroce, alors qu'Orange Espagne s'apprête à fusionner avec MasMovil. Mais certains regrettent que Vodafone n'ait pas été acteur de cette consolidation. Au début d'année en Italie, Vodafone a aussi rejeté les avances d'Iliad Italia, l'opérateur transalpin de Xavier Niel, qui était prêt à le racheter pour 11,25 milliards d'euros.

Le milliardaire français chercherait-il à pousser l'état-major de Vodafone à reconsidérer cette option ? Possible. Dans son communiqué, Atlas Investissement ne cache pas son soutien à « l'intention publiquement exprimée par Vodafone de saisir des opportunités de consolidation dans certaines zones géographiques ». Dans cette même missive, la société de Xavier Niel salue également les « efforts de séparation des infrastructures » du géant britannique. Ces dernières années, Vodafone a entrepris de loger ses tours de réseau mobile dans une filiale, Vantage Towers, pour mieux valoriser ces actifs très prisés. Vodafone dispose, sur ce front, de plusieurs possibilités. Il peut par exemple faire rentrer des fonds d'infrastructures au capital pour dégager du cash. Mais il peut aussi - et surtout - participer à la consolidation de ce secteur. Un accord avec Totem, la filiale de tours télécoms d'Orange, est souvent évoqué.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 21/09/2022 à 21:38
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Il faudrait plutôt l'obliger à investir dans les réseaux en France.. Ha ben non C'est pas la priorité du régulateur ultra néo indépendant qui prefere tomber sur le dos d'orange et de sur, vu que le régulateur est indépendant, au moins tout auss in...

à écrit le 21/09/2022 à 15:26
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Ce sont les salariés d'Orange qui engraissent chaque jour les oligarques milliardaires Niel, Drahi, Bouygues et même Bolloré parce que FT/orange est obligé de vendre largement à perte son réseau, ses services et sa R&D à ses pseudos concurrents (comm...

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