
C'est le scénario noir qu'Ericsson redoute. Le groupe est aujourd'hui dans le viseur de la justice américaine. En février dernier, le champion suédois des équipements télécoms a révélé, au terme d'une enquête interne, de nombreuses malversations en Irak entre 2011 et 2019, dont de possibles versements de pots-de-vin à l'Etat islamique.
L'affaire a fait grand bruit, et n'a pas échappé au Département américain de la justice (DoJ). Dans la foulée de ces révélations, l'institution a jugé que celles-ci étaient « insuffisantes » : elle estime que l'industriel n'a pas fait preuve, ici, de toute la transparence nécessaire.
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Le DoJ a en particulier indiqué que le groupe suédois avait « violé » un accord passé avec les autorités américaines. En 2019, Ericsson a signé un accord dit de poursuites différées (DPA) avec le DoJ. Celui-ci prévoyait le paiement d'une amende de plus d'un milliard de dollars pour mettre fin à plusieurs enquêtes de corruption, ainsi qu'une coopération avec la justice américaine sur les enquêtes en cours.
Cette situation inquiète les marchés depuis des semaines. Beaucoup d'investisseurs s'interrogent : quelles actions va mener le DoJ ? Va-t-il, une nouvelle fois, sanctionner Ericsson d'une énorme amende ? Lors de la présentation de ses résultats au titre du premier semestre, ce jeudi, le groupe a confirmé ces craintes.
« La résolution de ces dossiers pourrait entraîner différents types d'actions de la part du ministère américain de la Justice, et pourrait probablement inclure de nouveaux paiements supplémentaires, dont l'ampleur ne peut à ce stade pas être estimée de façon fiable », a indiqué le groupe.
Ces déclarations ne constituent pas une surprise. Mais elles ne rassureront pas les actionnaires du groupe, dont beaucoup reprochent aussi à la direction son manque de transparence dans l'affaire irakienne. A leur manière, ils l'ont d'ailleurs fait savoir. Lors d'une assemblée générale, fin mars, le PDG d'Ericsson Börje Ekholm et les autres membres de la direction n'ont pas obtenu un soutien suffisant des actionnaires pour une résolution les déchargeant de leur responsabilité juridique à titre individuel.
En clair, l'état-major de l'équipementier risque d'être poursuivi par la justice, et vit désormais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Les prochains mois s'annoncent, décidément, mouvementés pour l'industriel.
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