Fin des zones blanches : le deal à 3 milliards de 2018 ne suffira pas, selon le gouvernement

Le gouvernement et les opérateurs ont signé, il y a quatre ans, un accord visant à apporter la téléphonie mobile aux territoires qui en sont encore dépourvus. L’Etat a renoncé à d'importantes recettes budgétaires en échange du déploiement de nouvelles antennes par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Mais l’exécutif estime aujourd’hui que ce deal ne suffira pas à couvrir toutes les habitations, et ouvre la voie, au grand dam des collectivités, à un nouvel accord avec les opérateurs.
Pierre Manière
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge de la Transition numérique.
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge de la Transition numérique. (Crédits : DR)

Il y a les promesses. Et puis il y a la réalité. En janvier 2018, Julien Denormandie, alors secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires sabrait le champagne. Dans les colonnes du JDD, il annonçait fièrement qu'un accord, baptisé « New Deal », avait été trouvé entre le gouvernement et les opérateurs télécoms pour en finir avec les « zones blanches », ces territoires où le mobile ne passe toujours pas. « Il n'y aura plus de zones blanches , identifiées par les élus locaux, où des Français vivent sans avoir accès à une téléphonie de qualité », claironnait le ministre.

Problème : cette promesse ne sera sans doute pas tenue. Et c'est Jean-Noël Barrot, l'actuel ministre délégué en charge de la Transition numérique, qui le dit. Lors d'une audition au Sénat, ce mercredi, il a déclaré qu'au terme de ce « New Deal » - dont tous les nouveaux sites mobiles auront été déployés en 2027 -, il restera bien des communes mal ou non couvertes. « Est ce que nous aurons résolu définitivement tous les problèmes d'accès au réseau mobile ?, a lancé le ministre. Probablement pas. »

« Des besoins resteront insatisfaits »

Ses propos vont sans doute faire grincer des dents. Il faut dire que le deal passé en 2018 a coûté très cher à l'Etat. A l'époque, le gouvernement a prolongé les licences de certaines fréquences mobiles des opérateurs qui arrivaient à échéance, plutôt que de les remettre aux enchères. Ce faisant, l'Etat a renoncé à un sacré pactole de plusieurs milliards d'euros. En contrepartie, les opérateurs se sont engagés à investir un peu plus de 3 milliards d'euros pour couvrir les zones blanches. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont notamment accepté de déployer chacun 5.000 nouveaux sites mobiles dans des territoires préalablement sélectionnés par les collectivités.

Pour répondre aux « besoins qui resteront non satisfaits » au terme de ce « grand plan », Jean-Noël Barrot a déjà pris des dispositions. « Nous avons d'ores et déjà demandé à l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) de sonder les 'équipes projets', qui attribuent les dotations départementales aux sites en attente de couverture, a-t-il précisé. Nous leur avons demandé de faire remonter les besoins qui seront nécessaires à l'issue du New Deal mobile. » Jean-Noël Barrot ne le dit pas de manière explicite. Mais il ouvre possiblement la voie à un nouvel - et coûteux - accord avec les opérateurs. Un « New Deal 2 », que les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free appellent de leurs vœux.

Xavier Niel plaide pour un « New Deal 2 »

Le mois dernier, c'est Xavier Niel, le fondateur et propriétaire de Free, qui a plaidé en faveur d'un tel accord. « Vous aurez évidement des demandes de couverture supplémentaire en 2027, une fois que les opérateurs aurons tous allumé les 5.000 sites (du New Deal, Ndlr) », a-t-il affirmé lors d'une audition au Sénat. Voilà pourquoi il serait « intelligent », d'après le milliardaire, de réfléchir dès maintenant à un « New deal 2 » pour ne pas interrompre les déploiements liés à la couverture des zones blanches.

Mais cette proposition suscite la colère de certaines élus. A commencer par Patrick Chaize, le sénateur (LR) de l'Ain et président de l'Avicca, association rassemblant les collectivités impliquées dans le numérique. « Je suis absolument contre, et plus que contre, un New Deal 2, a-t-il sèchement répondu à Xavier Niel. Ca me paraît vraiment être de la malhonnêteté. Je vous le dis de façon très claire. » A l'en croire, le New Deal ne se résume pas à 5.000 sites mobiles supplémentaires par opérateur. « Il s'agit d'un objectif partagé entre l'Etat, l'Arcep (le régulateur des télécoms, Ndlr) et les opérateurs pour faire en sorte qu'à terme, l'ensemble des habitations de notre pays soient couvertes en téléphonie mobile », a-t-il affirmé. Les acteurs n'ont visiblement pas fini de s'écharper sur ce sujet sensible.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 14/04/2023 à 2:22
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J'ai un petit paradis à 200 km de Paris,. C'est un méga zone blanche rien ne passe, tranquillité absolue sans téléphone, on a le temps de se parler avec la jeunesse, qui redecouvre des activités de pleine air, ping pong, volley, badminton, ect.. Pour...

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