La Chine menace le Canada et exige la libération de la dirigeante de Huawei

Pékin a réclamé samedi la libération immédiate de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei détenue depuis le 1er décembre par le Canada à la demande des Etats-Unis.
Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei
Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei (Crédits : Stringer .)

Le ministère chinois des Affaires étrangères a réclamé samedi la libération immédiate de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei détenue depuis le 1er décembre par le Canada à la demande des Etats-Unis qui l'accusent d'avoir caché les liens de l'équipementier télécoms chinois avec une firme qui essayait de contourner les sanctions américaines contre l'Iran. Un refus de la libérer entraînera de "graves conséquences", a prévenu Pékin. Révélée ce mercredi, l'arrestation a ébranlé les marchés boursiers mondiaux qui craignent une escalade dans la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine.

"Une initiative qui a ignoré la loi"

Le Yucheng, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, estime que l'arrestation de la dirigeante de Huawei à Vancouver constitue une grave violation de ses droits. Cette initiative canadienne "a ignoré la loi, était déraisonnable et extrêmement pénible", ajoute-t-il.

"La Chine exhorte vivement la partie canadienne à libérer immédiatement cette personne détenue et à veiller à protéger ses droits légaux et légitimes, à défaut le Canada devra assumer la pleine responsabilité des graves conséquences causées".

Peine pouvant aller jusqu'à 30 ans de prison

Arrêtée le 1er décembre alors qu'elle était en transit entre deux vols à l'aéroport de Vancouver, Meng Wanzhou, 46 ans, fille du fondateur de Huawei, risque d'être extradée vers les Etats-Unis. Vendredi, elle comparaissait pour une première audience de remise en liberté sous caution devant un tribunal de Vancouver (la décision sera connue ce lundi). Elle est passible de poursuites pour conspiration en vue de frauder de multiples institutions financières, avec une peine pouvant aller jusqu'à 30 ans de prison pour chacun des chefs d'accusation qui la vise.

Durant l'audience, le procureur a déclaré que le dossier découlait d'informations de Reuters, rapportées en janvier 2013, selon lesquelles l'entreprise Skycom, qui avait tenté de vendre du matériel informatique Hewlett-Packard sous embargo au numéro un iranien de la téléphonie mobile, avait des liens étroits avec Huawei. D'après les accusations lues vendredi devant le tribunal, Huawei aurait utilisé, entre 2009 et 2014, la société de Hong Kong, Skycom Tech, pour faire des affaires en Iran, malgré un embargo imposé par les États-Unis et l'Union européenne.

Meng a menti lorsque des banques l'ont interrogée sur les liens entre les deux compagnies, a ajouté le procureur. Utilisant des prénoms anglais Cathy et Sabrina, Meng a siégé au conseil d'administration de Skycom entre février 2008 et avril 2009, d'après les registres de Skycom. Plusieurs autres administrateurs actuels et passés de Skycom semblent avoir des liens avec Huawei.

Les États-Unis cherchent à savoir depuis au moins 2016 si Huawei a violé les sanctions américaines contre l'Iran, a rapportait Reuters en avril dernier. Les agences de renseignement américaines affirment également que Huawei est liée au gouvernement chinois et que ses équipements qu'elle vend pourraient contenir des "portes dérobées" utilisées par les services secrets du régime communiste pour avoir accès aux systèmes vendus.

Aucune preuve n'a été apportée

Selon des documents de justice transmis vendredi, un tribunal de New York a délivré le 22 août dernier un mandat d'arrêt contre Meng. Les autorités américaines ont appris le 29 novembre qu'elle ferait escale deux jours plus tard à Vancouver.

Les États-Unis ont 60 jours pour présenter une demande d'extradition formelle. La décision finale d'extradition appartient ministre de la Justice du Canada. Ni le Canada ni les Etats-Unis n'ont fourni la moindre preuve à la Chine que Meng Wanzhou a enfreint la loi dans ces deux pays, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La presse officielle chinoise est très critique de la détention de Meng Wanzhou. Elle accuse les Etats-Unis d'essayer "d'étouffer" Huawei et de freiner son expansion mondiale.

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Commentaires 23
à écrit le 12/12/2018 à 19:47
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Pékin s’intéresse plus au sort de Meng Wanzhou que Paris au sort de Carlos Ghosn. Cela fait plaisir aux citoyens qui croient que la mondialisation a des limites..

à écrit le 10/12/2018 à 21:27
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L'oligarchie anglo-saxonne est de plus en plus pourrie…

à écrit le 10/12/2018 à 17:23
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Mais pourquoi la France n'exige-t-elle pas la libération de Carlos Ghosn ?

à écrit le 10/12/2018 à 17:18
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Pourquoi tout cela...est possible que meng wanzhou reste en prison au canada ou aux etats unis? Les americains vont tres mal de nos jours!

à écrit le 10/12/2018 à 14:06
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La Russie a essayé de s'amarrer à l'Europe à plusieurs reprises sans succès et en trahissant nos paroles(Gorbatchev)de na pas avancer l'OTAN près des fontières russes?Ce qui a été fait voir l'Ukraine,la Crimée....par allégeance à l'oncle Sam qui nous...

à écrit le 10/12/2018 à 10:18
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...Et nous Europe, quand arrêtons nous les dirigeants de Facebook, de Google, Amazon, Apple les rois de l'optimisation ( arnaque) fiscale et ...tant d'autres qui ne paient quasiment pas d'impôts.

à écrit le 09/12/2018 à 22:07
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la France a peur des ricains, abandonné les investissements en Iran, mais pas la Chine.

à écrit le 09/12/2018 à 17:27
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Quand l'Europe aura-t-elle le courage de mettre en arrestation un dirigeant d'une grande firme US pour contournement de ses règles ? Ce n'est certainement pas l’alcoolique Junker qui pourrait faire cela, ni supermicron, ou Angela en lambeaux.

à écrit le 09/12/2018 à 17:25
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Quand l'Europe aura-t-elle le courage de mettre en arrestation un dirigeant d'une grande firme US pour contournement de ses règles ? Ce n'est certainement pas l’alcoolique Junker qui pourrait faire cela, ni supermicron, ou Angela en lambeaux.

à écrit le 09/12/2018 à 12:36
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L’ingérence US dans le monde entier est effectivement une arme économique redoutable. Et malheureusement pour nos industriels grands et PME de certains secteurs et surtout l'électronique, aéronautique, le spatial, l'armement, etc... il y a des com...

le 09/12/2018 à 15:09
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Si nous étions capable de fabriquer ces composants nanometres et milliards d'unités cela nous couterait beaucoup plus cher n'ayant aucune industrie commerciale "adjacente" susceptible d'en tirer profit comme les nvidia, intel, qualcomm. Ils sont infi...

à écrit le 09/12/2018 à 10:57
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Les américains ont fait le même chantage aux dirigeants d'Alstom, en mettant un de ses cadres en prison, jusqu'à ce que le PDG soit résolu de vendre la part Energie de la société qu'aux...américains, avec la bénédiction d'un certain Macron à Bercy.

le 09/12/2018 à 12:36
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Je pensais moi aussi à cette incroyable racket sur Alstom par les USA (et Siemens qui s'est engouffré dans la brêche ...) ! Idem d'ailleurs pour Renault-Nissan où cette méthode US, illégale et agressive, a été appliquée par les Japonais. Ils ont tous...

à écrit le 09/12/2018 à 10:29
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C'est là que l'on voit comme les chinois restent faibles vis à vis des états unis puisque si elle était plus forte elle s'adresserait directement à eux et non au Canada qui comme on le voit n'est là que pour faire les commissions des USA. Le mond...

à écrit le 09/12/2018 à 10:04
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Pendant ce temps; Salomon va changer de mains. Un consortium emmené par le chinois Anta Sports a soumis une offre sur le finlandais Amer Sports valorisant à 4,6 milliards d'euros ce dernier, propriétaire entre autres de la marque de ski. Ce consor...

le 09/12/2018 à 10:58
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Les chinois se gavent sous nos lrem serviteurs des marchés financiers européens.

à écrit le 09/12/2018 à 9:34
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Bonjour Pourquoi les autres pays devrait respecter l'embargo imposée par les États-Unis que aux même respecte pas.

à écrit le 08/12/2018 à 22:55
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Le Gvt US confirme donc qu'ils n'y a pas que les voitures et les maisons qui ont des portes arrières mais aussi les téléphones. Et deuxième chose mieux vaut rester chez soi et faire des vidéoconférences quand on est un business man ,c'est pas la prem...

à écrit le 08/12/2018 à 22:31
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Les canadiens vont en baver dans cette histoire, la Chine ne risque pas d'apprécier... Mais le Canada n'a pas trop le choix, facher le puissant voisin risque d'être pire...

à écrit le 08/12/2018 à 21:25
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Les Japonais arrêtent un dirigeant français, les Canadiens un dirigeant chinois pour le compte des Américains, si la mode continue, il va devenir difficile de gérer une multinationale... Bien sûr, personne n'est au-dessus des Lois mais habituellemen...

le 09/12/2018 à 10:34
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Le problème est que même si Huawei a enfrein un quelconque embargo, c'est celui dicté par les US. Les Chinoix s'en contre foutent (et heureusement). In fine, le soucis est que les US usent de leur système judiciaire comme arme economique: BNP, UBS, V...

à écrit le 08/12/2018 à 20:14
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La Chine tien!voilà un pays qui défend ses ressortissants,ça change de notre Macron qui n'a pas levé le petit doigt pour Carlos Gohne!

à écrit le 08/12/2018 à 19:15
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A force d'imposer leurs règles de manière extraterritoriale, les USA commettent beaucoup d'erreurs qui ne peuvent que se retourner contre eux. La Chine n'est pas l'Union Européenne ! Et quand la Chine se comportera de la même façon que les USA en mat...

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