Mobile : le contrat historique d'Ericsson aux Etats-Unis plonge Nokia dans la tourmente

L’équipementier télécoms suédois a remporté un contrat de 14 milliards de dollars auprès de l’opérateur américain AT&T. Cette grosse prise, effectuée au nez et à la barbe de Nokia, va avoir un fort impact sur le chiffre d’affaires de ce dernier.
Pierre Manière
Ericsson a remporté un énorme contrat de 14 milliards de dollars.
Ericsson a remporté un énorme contrat de 14 milliards de dollars. (Crédits : Olof Swahnberg)

Ericsson a sorti le champagne ce lundi. Ce jour-là, l'équipementier télécoms suédois a annoncé avoir remporté un énorme contrat de 14 milliards de dollars, le plus gros de son histoire, avec l'opérateur américain AT&T. Ce deal porte sur le déploiement de réseaux mobiles Open RAN au pays de l'Oncle Sam. Cette évolution technologique, qui ouvre la voie à des baisses de coûts pour les opérateurs, repose sur la numérisation d'une partie des infrastructures télécoms. Ses normes et standards ont vocation à permettre à de nouveaux acteurs de proposer leurs logiciels, et de rentrer sur un marché qui était, jusqu'à présent, la chasse gardée d'une poignée de grands équipementiers tels Huawei, Ericsson et Nokia.

Börje Ekhlom, le PDG d'Ericsson, n'a pas caché sa satisfaction d'avoir décroché ce contrat avec AT&T :

« Les réseaux performants et différenciés constitueront le fondement de la prochaine étape de numérisation », a-t-il affirmé dans un communiqué. Je suis enthousiasmé par cet avenir, et heureux de voir notre client de longue date, AT&T, choisir Ericsson pour ce changement stratégique de l'industrie, c'est-à-dire passer à des réseaux ouverts, basés sur le cloud et programmables. »

Un coup de massue pour Nokia

Mais ce contrat, arraché au détriment de Nokia, plonge du même coup ce dernier dans la tourmente. Mardi, au lendemain de cette annonce, l'équipementier finlandais s'est fendu d'un communiqué laconique pour préciser les conséquences de ce qui ressemble à un coup de massue. Nokia s'attend, concrètement, à une baisse significative de ses ventes. Et pour cause : « AT&T représentait 5% à 8 % du chiffre d'affaires net des réseaux mobiles depuis le début de l'année 2023 », affirme-t-il. En outre, Nokia annonce que cette décision devrait retarder « de deux ans » son objectif d'atteindre « une marge d'exploitation à deux chiffres ».

Pekka Lundmark, le PDG de Nokia, s'est voulu rassurant. « Bien que les nouvelles d'AT&T soient décevantes, nos activités dans le domaine des réseaux mobiles ont fait des progrès significatifs ces dernières années, augmentant notre part de marché dans le domaine des réseaux d'accès radio et notre leadership technologique, a-t-il indiqué. Je suis convaincu que nous avons la bonne stratégie pour créer de la valeur pour nos actionnaires à l'avenir, avec des opportunités de gagner des parts de marché, de diversifier nos activités et d'améliorer notre rentabilité. »

Vers de nouvelles réductions des coûts ?

Nokia précise, au passage, qu'il donnera « plus de détails » sur sa stratégie lors d'un événement dédié aux investisseurs, le 12 décembre prochain, à Espoo en Finlande. A cette occasion, Nokia va-t-il, une nouvelle fois, annoncer une réduction de ses coûts ? Beaucoup le redoutent. L'équipementier finlandais a déjà annoncé, en octobre dernier, la suppression de 9.000 à 14.000 emplois après la dégringolade de ses bénéfices au troisième trimestre.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.