Orange renonce à devenir opérateur télécoms en Ethiopie

Le géant français a choisi de se retirer du processus de vente de 45% d’Ethio Telecom, l’opérateur historique. Il estime que les conditions ne sont pas réunies pour déployer « un projet créateur de valeur ».
Pierre Manière
L'opérateur historique n'a jamais été friand de ne posséder « que » 45% d'Ethio Telecom.
L'opérateur historique n'a jamais été friand de ne posséder « que » 45% d'Ethio Telecom. (Crédits : Reuters)

C'est fini. Orange, qui a longtemps envisagé de devenir opérateur télécom en Ethiopie, un marché aussi gros que prometteur, a décidé de jeter l'éponge. Le géant français des télécoms a annoncé, ce mardi, qu'il se retirait « du processus de vente de 45% d'Ethio Telecom », l'opérateur historique aujourd'hui sous contrôle de l'Etat. Orange estime que « les conditions de cession ne permettent pas un déploiement rapide de sa stratégie et l'aboutissement d'un projet qui serait créateur de valeur ». Interrogé par La Tribune, le leader français des télécoms se refuse à tout autre commentaire.

Orange fait pourtant une croix sur une jolie opportunité. En 2019, le gouvernement éthiopien a décidé de libéraliser le secteur des télécoms. Tous les cadors du secteur en Afrique - dont Orange, qui est présent dans pas moins de 16 pays sur le continent - ont étudié le dossier. Le marché est, sur le papier, alléchant : l'Ethiopie compte environ 115 millions d'habitants. C'est tout simplement le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, derrière le Nigeria. Seule un peu plus de la moitié de la population dispose d'une connexion mobile. L'Internet fixe, est, en parallèle, encore très peu développé.

Une ouverture à la concurrence retardée

Pour accélérer la couverture en infrastructures télécoms et la numérisation du pays, le gouvernement s'est fixé deux objectifs : attribuer, d'une part, deux licences à de nouveaux entrants, et ouvrir, d'autre part, le capital d'Ethio Telecom, jusqu'alors en monopole. Le processus visant à faire entrer des concurrents face à l'opérateur historique a toutefois été retardé d'environ deux ans. La mise en place d'une structure de régulation et une guerre civile dans la région du Tigré, dans le nord du pays, ont notamment obligé l'exécutif à réviser le calendrier de son appel d'offres pour les deux nouvelles licences. En 2021, Orange s'est d'abord montré intéressé. Mais l'opérateur a finalement choisi de ne pas déposer d'offre. Seule une licence a in fine été attribuée à un consortium mené par le kenyan Safaricom et le sud-africain MTN.

Quant au processus d'ouverture du capital d'Ethio Telecom, celui-ci a débuté fin 2021, avec un appel à manifestation d'intérêt suivi d'un appel d'offres. Mais le processus a été suspendu en mars 2022. Il a finalement été rouvert au mois de novembre, cette même année, juste après la signature d'un accord de paix pour mettre fin aux combats dans la région du Tigré. Orange a une fois encore regardé le dossier de près, avant de rendre son tablier.

Un statut de minoritaire qui déplaît à Orange

L'opérateur historique n'a jamais été friand de ne posséder « que » 45% d'Ethio Telecom. Cette position d'actionnaire minoritaire ne lui convenait guère, et c'est d'ailleurs ce que sa communication du jour suggère. Orange aurait sans doute pu franchir le pas s'il avait eu la certitude de pouvoir, à terme, prendre les rênes de l'opérateur historique... Mais il n'a, visiblement, pas obtenu satisfaction auprès de l'Etat sur ce point. Un lourd investissement en Ethiopie ne rentrait vraisemblablement pas, non plus, dans les plans de Christel Heydemann. La patronne d'Orange, qui a pris la suite de Stéphane Richard début 2022, a mis en place une stratégie de rationalisation, en cherchant davantage à consolider les positions du groupe dans les pays où il est présent.

Enfin, la situation de l'Ethiopie demeure aussi instable qu'explosive. Si la guerre a cessé dans la région du Tigré, des affrontements ont, notamment, désormais lieu dans la région voisine d'Amhara. Ce qui n'est, bien sûr, pas de nature à rassurer des investisseurs. C'est particulièrement vrai dans le secteur des télécoms, où les investissements - dans les réseaux mobile ou dans la fibre - se chiffrent vite en milliards d'euros, et ne portent leurs fruits qu'après plusieurs années.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 28/11/2023 à 19:22
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effectivement, l'afrique c'est complique, les pays en guerre encore plus.........laissons ca aux russes et aux chinois, ils savent faire....ah mais nom de dieu ils n'y vont pas, y a t il une raison en particulier?????????? mais non mais non, vous ete...

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