Pourquoi Rome veut garder Sparkle, champion italien des câbles sous-marins, dans son giron

Le gouvernement italien négocie avec Telecom Italia le rachat de sa filiale Sparkle, qui dispose d’un grand réseau de câbles sous-marins à travers le monde. Il considère que ces infrastructures, vitales pour assurer le trafic Internet intercontinental, sont éminemment stratégiques.
Pierre Manière
Pietro Labriola, le PDG de Telecom Italia, la maison-mère de Sparkle.
Pietro Labriola, le PDG de Telecom Italia, la maison-mère de Sparkle. (Crédits : Reuters)

Ce ne sont pas les infrastructures les plus connues du monde des télécoms. Elles sont pourtant hautement stratégiques. Véritables autoroutes de fibre optique reposant au fond des mers, les câbles sous-marins sont vitaux pour le bon fonctionnement d'Internet. Et pour cause, environ 99% des communications intercontinentales transitent via ces câbles. Résultat, ces derniers figurent régulièrement dans le viseur des militaires et des espions. Voilà pourquoi que le gouvernement italien souhaite, aujourd'hui, tout faire pour conserver Sparkle, la filiale de câbles sous-marins de Telecom Italia, dans son giron.

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Le 31 janvier dernier, le gouvernement a déposé une offre pour racheter cette société à l'opérateur historique. D'après une source proche du dossier citée par l'AFP, le chèque proposé par Rome pour mettre la main sur 100% du capital de Sparkle s'élève à 625 millions d'euros. Il pourrait atteindre, selon certaines conditions, 750 millions d'euros. Ce montant a toutefois été jugé insuffisant par l'état-major de Telecom Italia.

Dans un communiqué publié mercredi, le conseil d'administration de l'opérateur a qualifié l'offre d'« insatisfaisante ». En revanche, il annonce avoir mandaté son PDG, Pietro Labriola, pour négocier une « option différente » à celle d'une vente sèche et complète avec le ministère de l'Economie et des Finances. Dans ce scénario, Telecom Italia conserverait une participation dans Sparkle « pendant une certaine période » dans le but de « soutenir la mise en œuvre d'un plan stratégique ».

Un réseau essentiel pour l'avenir numérique du pays

En clair, les discussions vont se poursuivre. Rome reste déterminé à prendre les rênes de Sparkle, jugé essentiel pour l'avenir numérique et économique du pays. Cet opérateur est l'un des rares grands acteurs européens des câbles sous-marins. Sur le Vieux Continent, ses rivaux sont le français Orange, le britannique Vodafone et l'espagnol Telxius.

Sparkle dispose, au total, d'un vaste réseau de 600.000 kilomètres câbles sous-marins à travers le globe. Il possède quelques câbles en propre, mais surtout des participations dans des artères reliant l'Europe aux Etats-Unis, à l'Amérique du Sud, à l'Afrique et à l'Asie. Aucun pays du bassin méditerranéen, stratégique pour l'Italie, n'échappe à son réseau.

Sparkle est, au total, présent dans 33 pays. Ses réseaux sont utilisés par différents acteurs. Il y a d'abord les opérateurs télécoms, qui ont besoin de liaisons intercontinentales pour acheminer leur trafic Internet. Mais il y a aussi des multinationales, qui souhaitent sécuriser les communications entre leurs différentes filiales à travers le monde.

Un enjeu de souveraineté

Pour Rome, posséder Sparkle relève d'un enjeu de souveraineté. C'est d'ailleurs cette même ambition qui a poussé le gouvernement à entrer au capital du réseau Internet fixe de Telecom Italia. En fin d'année dernière, l'exécutif a autorisé la vente de ce réseau au fonds américain KKR pour un montant pouvant atteindre 22 milliards d'euros.

Mais le processus prévoit que Rome prend, par la suite, une participation de 20% dans cet actif. Rome ne souhaite pas laisser ce réseau, là encore jugé stratégique pour le pays et sa connectivité, entre des mains étrangères.

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