« Nos clients ont l'assurance de financer les acteurs de la transition écologique » (Maud Caillaux, Green-Got)

Entretien - Cofondatrice et dirigeante de la néobanque Green-Got, Maud Caillaux lance une assurance-vie "verte" avec le concours de Generali. Une nouvelle étape vers une mutation de l'offre de produits financiers pour tenir compte de l'impact sur l'environnement.
Maud Caillaux a fondé la néobanque Green-Got en 2020.
Maud Caillaux a fondé la néobanque Green-Got en 2020. (Crédits : Reuters)

Soucieuse des enjeux environnementaux, Maud Caillaux, passée par l'industrie du luxe, a cofondé en 2020 la néobanque Green-Got. Leader de la finance verte pour les particuliers, Green-Got affiche une ambition : permettre à chaque Français d'investir son épargne au service de la transition écologique. Car "il y a une grosse dissonance entre une majorité de personnes, très au fait des changements climatiques, et qui réalisent des efforts au quotidien, et le système bancaire qui balaie leurs efforts d'un revers de main en finançant des industries polluantes", explique celle qui figure au classement Forbes (30 under 30) des jeunes entrepreneurs les plus prometteurs. Cette semaine, Green-Got a lancé un nouveau produit d'investissement : une assurance-vie verte. Une étape de plus pour cette néobanque qui compte déjà 60.000 clients, et qui espère bien se tailler une place de choix au sein du système bancaire dans les années à venir.

LA TRIBUNE : Pourquoi lancez-vous un contrat d'assurance vie vert ?

MAUD CAILLAUX : Avec près de 2.000 milliards d'euros d'encours, l'assurance vie est le produit financier préféré des Français. Et on s'est rendu compte qu'il y avait une vraie attente de notre communauté Green-Got pour un produit d'épargne vert. Et en particulier de la génération des millenials qui souhaitent voir leur épargne investie pour financer les acteurs de la transition écologique.

Qu'est-ce qui fait la spécificité de ce contrat ?

Avec Green-Got, les ménages ont l'assurance de mettre leur épargne au service de l'environnement. Et ce n'est pas rien ! Pour cela, notre maître-mot est la transparence. Les investisseurs ont connaissance de tout : ils peuvent voir où leur argent est investi, et dans quels secteurs.

Et surtout contrôler que leur épargne ne finance ni les énergies fossiles, ni les mines de charbon, ou la pornographie par exemple. A l'inverse, le contrat Green-Got permet de financer, en autres, le transport bas carbone, le secteur ferroviaire, l'agriculture durable, ou encore le BTP durable.

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Et comment avez-vous sélectionné les fonds sur lesquels l'argent de vos clients est placé ?

Nous avons mis deux ans pour établir une méthodologie très rigoureuse. Un process qui soit assez strict pour cumuler nos exigences liées à l'impact environnemental et aux performances financières. Pour cela, on a constitué un conseil scientifique de haut niveau au sein duquel on retrouve, notamment, François Gemenne, spécialiste reconnu des questions environnementales, Greg de Temmerman, ancien coordinateur scientifique du projet ITER, ou encore Mafalda Duarte, directrice du Green Climate Fund.

Concrètement, à quoi ressemble cette assurance-vie ?

Nous sommes partenaires de Generali qui porte la licence d'assureur. Ce sont des contrats avec des unités de compte. Il n'y a pas de contrat avec un capital garanti. Les investisseurs peuvent faire leur choix parmi une dizaine de bouquets de fonds, en fonction de leur appétence au risque. Ce n'est pas l'investisseur qui compose son portefeuille. On y retrouve du côté et du non coté, de la dette d'Etat, des actions... Certains bouquets, plus offensifs, comportent davantage de titres non cotés, plus risqués, et nécessitent d'avoir une vision de plus long terme.

Est-ce accessible à toutes les bourses ?

Complètement ! Le ticket d'entrée est de 300 euros, ce qui est un tout petit montant pour l'assurance vie. Si certains jeunes adultes ont placé 700 ou 800 euros pour débuter, un investisseur est allé jusqu'à investir 500.000 euros ! C'est donc très hétéroclite. Jusqu'à présent, 17 millions d'euros ont été investis au total. Nous sommes vraiment ravis de ce démarrage.

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Y a-t-il des frais liés à ce produit ?

Il n'y a ni frais d'entrée, ni frais de sortie. Pas de frais d'arbitrage non plus. En revanche, il y a 1,6 % des frais de gestion annuels. C'est, en moyenne, trois fois inférieur à ce qu'applique une banque traditionnelle.

Quel rendement les ménages intéressés peuvent-ils espérer ?

On conseille aux particuliers d'avoir une vision à 3-5 ans. Et même au-delà pour les investisseurs qui souhaitent se projeter à long terme. L'année dernière, en fonction des portefeuilles, la performance s'étalait entre 3,3 % et 9,4 %, et cela après le paiement des frais de gestion annuels de 1,6 %.

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Commentaires 6
à écrit le 25/05/2024 à 12:17
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Tous les établissements financiers ( banques et assureurs ) proposent ce type de fonds .A tout prendre c'est peut être moins risqué que d'investir dans des cryptomonnaies .

le 26/05/2024 à 10:11
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Comment être sûr que l'argent lié à cela, en théorie, ne va pas alimenter les 25% d'activité criminelle au sein de la finance internationale sachant qu'on n'arrive pas à distinguer l'économie légale de l'illégale ? Tu as 4h je relève la copie à la fi...

à écrit le 25/05/2024 à 8:03
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"transition écologique" En néolibéralisme on a d'abord l'impression de quelques personnes qui poussent une énorme roche dans les sables mouvants. Aucune volonté de la part de ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant d'arrêter de le détru...

à écrit le 24/05/2024 à 22:26
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Quitte à investir sans garantie de récupérer sa mise de départ , mieux acheter du Gazprom et du Rosatom au moins les perspectives de profits sont tangibles

à écrit le 24/05/2024 à 21:59
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Oui, les gens veulent se donner bonne conscience, enfin, surtout si c'est très rentable, hein!!! C'est déjà le cas avec le crowdfunding, donc rien de neuf... notons que ke fonds norvégien refusait de financer kes armes, mais la Norvège à découvert...

à écrit le 24/05/2024 à 21:28
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L'idée de financer uniquement des acteurs de la transition écologique n'est pas nécessairement très attractive, à l'inverse de la fondatrice.

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