Le logement intergénérationnel, une solution potentielle pour les jeunes

Potentiellement, l’offre de logements de personnes âgées seules à destination des jeunes dans le but de cohabiter représente près de 2 millions de logements.
Mathias Thépot

Si elle est isolée dans un logement trop grand, pourquoi une personne âgée ne pourrait pas accueillir un jeune à la recherche d'un logement ? Dans un pays en mal de mixité sociale et rongé par la crise de l'habitat comme la France, la question de pose.

En effet, en matière de logement, tout oppose ces deux tranches d'âges : seules, les personnes âgées habitent souvent dans des logements sous-peuplés dont elles sont propriétaires, et ce même dans les zones tendues. En France, 44% des personnes vivant seules ont ainsi 60 ans et plus. A l'inverse, les moins de 30 ans sont les plus touchés par la précarité ainsi que par le surpeuplement dans leur logement.

Ne pas maquiller un service d'aide à domicile

Dans ce contexte, valoriser la cohabitation entre un jeune et un sénior, ce qu'on appelle le logement intergénérationnel, pourrait satisfaire plusieurs besoins. Ce, à conditions évidemment que la situation ne soit pas subie par au moins une des deux personnes, que leur intimité soit préservée dans le logement (chacun doit avoir sa chambre), que les rétributions financières dont s'acquitte le jeune locataire ne soient pas abusives, et que la personne âgée soit autonome. Car le but de ce type de logement n'est surtout pas de maquiller un service d'aide à domicile.

Une offre quatre fois supérieure à la demande

Venu d'Espagne, ce type d'initiative a émergé en France au début des années 2000. Mais pour l'instant le nombre de logements intergénérationnels est marginal. Le potentiel ne l'est pourtant pas : selon l'Enquête nationale logement (ENL), l'offre potentielle (sans demander leur avis aux séniors) est de près de 2 millions de logements en sous peuplement prononcés, occupés par un ménage d'une personne âgée de 60 ans ou plus.
En face, la demande totale potentielle de jeunes s'élève à .... 500.000 unités, selon l'ENL. Elle est quatre fois inférieure ! Un comble en ces temps où la demande de logements excède largement l'offre.
Mais dans les faits, "la demande des jeunes est plus importante que l'offre des séniors", expliquait lundi Ingrid Fourny, géographe consultante au Cresge, une entité de l'Institut Catholique de Lille, lors d'un colloque organisé par le Conseil d'orientation des retraites (COR) sur le thème du logement des retraités.

Les personnes âgées ont un a priori négatif des jeunes

Les freins à la mise en location d'une chambre par un sénior sont en effet multiples.
La premier est "l'a priori négatif des séniors envers les jeunes", explique la géographe, ainsi que la crainte de "perdre son intimité" ; mais aussi la peur du regard des autres : prendre un jeune, c'est insinuer à son voisinage que l'on a besoin d'aide. Certains retraités estiment également que les rétributions financières sont insuffisantes pour le service rendu au jeune.
D'autres freins d'ordre juridique obèrent le développement de la cohabitation entre un sénior et un jeune. Ils concernent l'absence d'encadrement de la contribution financière des locataires, ainsi que la dissimulation illégale d'une aide à domicile que seul un professionnel est autorisé à apporter.

L'utilité sociale du sénior

Car c'est bien une contrepartie qui est demandée au jeune par le sénior et non un service. En plus d'un loyer, cette contrepartie se matérialise par des échanges réguliers et par une présence du jeune à des moments précis de la journée comme le repas.

"Pour le sénior, l'intérêt de ce type d'habitation, en plus de percevoir un complément de ressource, est de rompre avec sa situation d'isolement", insiste Ingrid Fourny. "Cela lui permet également d'avoir une utilité sociale car il rend service à un jeune en situation de précarité vis-à-vis de son logement et il peut également transmettre son expérience", ajoute-t-elle.

Tout cela participe à alimenter les liens intergénérationnels auxquels de plus en plus de  jeunes sont sensibles.

Mathias Thépot

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Commentaires 17
à écrit le 20/11/2013 à 11:53
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C'est beau le retour vers le passé. Une tentative de remettre au goût du jour les fermes où 3-4 générations habitaient et se partageaient les tâches. Sauf que la majorité de la population n'est plus rurale... Bien que quinqua, cela me ferait ch... de...

à écrit le 20/11/2013 à 10:43
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En tant que "jeeeeeeuuuuuunnnnnne" (pas délinquant me crois-je obligé de préciser tellement ce terme a perdu sa signification à force d'être utilisé à tort et à travers pour cacher certaines réalités sociologiques), je n'ai aucune envie de partager u...

à écrit le 20/11/2013 à 5:57
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On commence par présenter ça sous un vocable pompeux "logement intergénérationnel", comme une solution au problème du logement, puis apparaîtrait le lobby de l'immobilier qui se cache évidemment derrière l'idée. Il demandera une défiscalisation pour ...

à écrit le 19/11/2013 à 19:59
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Et si les personnes âgées vendaient leur logement pour acheter plus petit ? A t'on besoin d'un 90m² seul(e) ? Reste la solution de résidence pour personne âgée avec les services en options.

le 19/11/2013 à 21:58
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Beaucoup on bossé pour avoir leur 90 m2 et certainement plus que certains d'aujourd'hui. Et pourquoi pas les envoyer directement au funérarium directement pendant que vous y êtes ?

le 19/11/2013 à 23:41
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Quel intérêt s'ils ne peuvent en jouir pleinement ? C'est comme garder sa voiture alors qu'on n'est plus capable de conduire... Où est le mal à déménager pour un logement plus fonctionnel, plus en adéquation, éventuellement en zone moins tendue si l'...

le 20/11/2013 à 0:22
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C'est pas un peu petit 90 m2

le 20/11/2013 à 10:10
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@Pourquoi : si chaque personne qui venait au monde devait avoir un 90m² pour ses vieux jours il faudrait construire des logements en Antarctique pour satisfaire nos besoins ! Soyons sérieux un instant. Je vous soupçonne d'être un jeune retraité en un...

le 10/04/2018 à 14:17
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@krok et autres personnes qui trouve cela illogique à garder son "90m²" j'ai envie de vous dire, on en reparlera quand ce sera votre tour. Allez travailler toute votre vie pour votre maison ou appartement et ensuite observons votre réponse quand on...

à écrit le 19/11/2013 à 19:50
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ils ont qu'à partir à la campagne au lieu d'occuper les logements dans les villes où se trouve le travail. l'offre augmenterait et on pourrai bosser tranquille sans avoir des heures de transport dans la journée. par ailleurs on pourrait les découper...

le 19/11/2013 à 21:45
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On pourrait les tuer aussi pourquoi pas. Et puis leur prendre leurs économies ! Non mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?

le 19/11/2013 à 22:11
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en même temps il est impossible pour un jeune de devenir propriétaire, et tout cela parce que le prix de vente des anciens propriétaire est tout bonnement trop élevé. Un bien immobilier vieillit avec le temps, il y a plein de reparations à faire, des...

le 19/11/2013 à 23:51
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Qu'est-ce qui est minable et dégueulasse ? qu'on trouve normale une situation dans laquelle on demande aux actifs de se loger dans tjs plus petit, plus cher et plus loin des zones d'activité ? De nombreux retraités font le choix quitter les pôles d'a...

le 20/11/2013 à 10:52
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Impossible. Leur poids démographique donc électoral leur garantie depuis toujours une protection maximale de leurs intérêts au détriment de ceux des autres générations. Leur capital, petits week-ends en Normandie, vacances au ski et au soleil sont bi...

le 20/11/2013 à 10:53
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Impossible. Leur poids démographique donc électoral leur garantie depuis toujours une protection maximale de leurs intérêts au détriment de ceux des autres générations. Leur capital, petits week-ends en Normandie, vacances au ski et au soleil sont bi...

le 20/11/2013 à 10:53
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Leur poids démographique donc électoral leur garantie depuis toujours une protection maximale de leurs intérêts au détriment de ceux des autres générations. Leur capital, petits week-ends en Normandie, vacances au ski et au soleil sont bien protégés....

le 20/11/2013 à 23:13
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"Pendant ce temps-là, des étudiants vivent dans des 9m²." : Tant qu'on ne travaille pas, on peut le vivre bien... Par contre, quand on se rend compte par la suite qu'on en a pour 5 ans à vivre dans 20 mètres carrés malgré des bonnes études, malgré un...

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