Exclusif- Atos : les créanciers ouvrent la voie à un sauvetage

Alors que les candidats à la reprise du groupe informatique français avaient jusqu’à vendredi pour déposer leur offre, les créanciers, divisés jusqu’ici, ont trouvé un accord pour soutenir Atos en apportant des financements et en convertissant une partie de la dette en capital. Une offre qui peut être compatible avec celle d'un investisseur majeur ("anchor investor") si ce dernier présente un profil d'industriel et maintient le périmètre du groupe.
Fabrice Gliszczynski
En ayant une position commune, les créanciers veulent obliger les candidats à s'aligner sur leur stratégie.
En ayant une position commune, les créanciers veulent obliger les candidats à s'aligner sur leur stratégie. (Crédits : Stephane Mahe)

Article publié le 3 mai à 21h03 et mis à jour le 4 mai à 10h30

La journée de vendredi était cruciale pour Atos. Alors que les candidats à la reprise groupe informatique français en grande difficulté financière avaient jusqu'à ce soir pour déposer leur offre, une autre partie, décisive pour le sauvetage d'Atos, se jouait également ce vendredi du côté des créanciers. Des acteurs clés dans la mesure où, dans le cas d'une entreprise en procédure de sauvegarde accélérée, ils disposent d'un droit de veto sur l'option retenue pour le sauvetage d'Atos. « Ce sont eux qui mènent la danse », confie un proche du dossier.

Atos sauvé ?

Et une bonne nouvelle est arrivée ce vendredi soir. Selon des sources concordantes, les créanciers obligataires et les banques, qui se partagent la dette de 5 milliards d'euros d'Atos, ont trouvé un accord pour déposer une offre commune dans laquelle ils apportent leur soutien à Atos en finançant l'entreprise avec de la « new money » (1,2 milliard d'euros, soit 100 millions de plus que le montant demandé par la direction d'Atos pour passer 2024 et 2025), idéalement avec un actionnaire industriel, et qu'ils sont prêts à convertir une partie de la dette en capital. Un accord dans la douleur qui pousse certains à affirmer qu'Atos est sauvé.

« Les banques et les obligataires ont bien déposé une offre commune qui peut être parfaitement compatible avec un "anchor investor"  (investisseur majeur, NDLR) si ce dernier s'inscrit dans l'offre des créanciers », confirme à La Tribune un proche du dossier. « Par ailleurs, les créanciers supportent le groupe et apportent les liquidités nécessaires à ce dernier », ajoute-t-il.

Dans le détail, le bloc des obligataires (composés de "hedge funds" et d'investisseurs institutionnels) et celui des banques (BNP Paribas, Société Générale, BPCE, Barclays, Commerzbank...) vont apporter 600 millions chacun. En RCF (crédit revolving) pour les banques, en nouvelles obligations pour les obligataires.

L'apport des liquidités des créanciers constitue la première étape du sauvetage d'Atos : celle de la restructuration financière. La deuxième sera de s'associer avec un investisseur. Les créanciers ont une idée très précise du profil de repreneur qu'ils souhaitent pour relancer Atos : « Ils souhaitent un industriel qui apporte son savoir-faire pour redresser rapidement Atos et redonner confiance aux clients, explique un autre connaisseur du dossier. Mais qui conserve aussi l'ensemble du périmètre du groupe à l'exception des activités souveraines que va reprendre l'Etat, car ils estiment que c'est le meilleur moyen de créer de la valeur ».

Négociations à venir avec les candidats

En ayant une position commune, les créanciers veulent obliger les candidats à s'aligner sur leur stratégie. Pas besoin de convaincre Onepoint. Dirigée par David Layani, la société déjà actionnaire d'Atos à hauteur de 11% correspond au profil recherché. Il s'est en effet engagé à conserver le périmètre du groupe.

Et, alors que sa surface financière est moins élevée que celle de Daniel Kretinsky, lequel devait déposer une offre selon BFM Business après avoir renoncé en début d'année à racheter la branche Techfoundations, le président de Onepoint a sécurisé les fonds qu'il entend investir dans Atos, et les a confirmés à l'Etat et aux créanciers. Sur le plan opérationnel, le dispositif à déployer dès la reprise est finalisé. Une troisième offre émanant cette fois de l'entreprise américaine Bain, actionnaire du groupe français de services informatiques Inetum (anciennement GFI Informatique), était sur le point d'être présentée, selon les Echos.

Des négociations vont débuter rapidement pour fixer les montants et les conditions de l'apport en capital à court et moyen terme, mais aussi sur la répartition de la dette qui sera convertie en actions et celle qui sera maintenue. Le tout définira la future structure actionnariale du groupe. Lundi, la direction d'Atos a revu à la hausse les besoins de liquidités et d'écrasement de la dette nécessaires à la relance du groupe, en espérant finaliser son plan de financement d'ici à juillet.

Lire aussiAtos cherche beaucoup plus d'argent pour s'en sortir

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 05/05/2024 à 9:04
Signaler
Nos dirigeants économiques osnt nuls.

à écrit le 05/05/2024 à 4:15
Signaler
la protection de l'État inefficace, voir même dangereuse quel que soit le domaine ou elle intervient: EDF, ENEDIS, SNCF, RENAULT, ESPACE, MILITAIRE, INFORMATIQUE, EDUCATION NATIONALE, ..... le tout en contrôle d'indigestion quinquennale et de protect...

à écrit le 04/05/2024 à 18:55
Signaler
Encore une info exclusive vérifiable au doigt mouillé digne du WSJ...

à écrit le 04/05/2024 à 16:14
Signaler
En retraite depuis 2007 la carsat par l’intermédiaire de france travail me signale une erreur lors du montage de mon dossier retraite en 2006 670 euros de trop perçu mensuel soit 210000 euros

à écrit le 04/05/2024 à 15:20
Signaler
Et ce sont les actionnaires qui vont être totalement rincés sans que personne ne les plaigne alors que dans d'autres cas certains ,suivez mon regard, veulent plumer ceux qui gagnent .....

à écrit le 04/05/2024 à 12:39
Signaler
On peut déjà pressentir que le brillant commisaire Breton aura le même impact sur l'industrie européenne des semi-conducteurs que sur Atos. "On va doubler la part de marché actuelle de l'UE pour atteindre au moins 20% du marché mondial en 2030 (cont...

à écrit le 03/05/2024 à 22:21
Signaler
Atos l'entreprise qui etait épuisée de Siemens (le plis gros actionaire avant) pour investir des argents au secteur ferroviaire et a la fin a pris le contract aux États-Unis des trains d'haute vitesse.

le 04/05/2024 à 21:54
Signaler
Kesako ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.