Depuis longtemps promis, le grand plan en faveur des usages numériques à l?école a été enfin dévoilé ce jeudi par Luc Chatel. Le ministre de l?Education nationale a profité de l?inauguration du salon Educatec qui se tient Porte de Versailles à Paris pour en détailler les principaux axes. "L?avenir de l?école ne doit pas s?écrire à la craie sur un tableau noir. Le numérique ne doit pas être une option mais une nécessité", a-t-il insisté en rappelant que 27 % de la croissance du PIB mondial est due à l?économie numérique et surtout que 90 % des 12-17 ans disposent d?un ordinateur connecté à la maison. Mais que la France est 22ème sur 27 en Europe en matière d?usages numériques à l?école.
Or, les tableaux blancs interactifs (TBI) amélioreraient de 16 % les résultats des élèves. "Ma volonté est de changer de braquet pour que le numérique irrigue chaque classe et soit un accélérateur de la réussite. On ne peut plus se satisfaire des pionniers", a lancé le ministre, faisant allusions à ces enseignants férus de nouvelles technologies qui bricolent dans leurs classes. A ce jour, on compte un ordinateur pour trois élèves au lycée, un pour six au collège et un pour 6,4 dans les écoles.
Reprenant en partie les propositions du rapport que le député Jean-Michel Fourgous a remis en février (La Tribune du 13 février 2010), le ministre la mise en place d?un portail Internet ministériel à la rentrée 2011 regroupant les ressources pédagogiques publiques (et libres de droit) mais aussi privées. Pour permettre aux enseignants d?acquérir ces dernières, des "chèques-ressources" seront octroyés, sorte de "droit de tirage". Leur montant variera en fonction de la taille et du type d?établissement : de 500 euros par an pour une école à « 2.500 euros pour un gros lycée". Outre la nomination d?un "référent numérique" dans les collèges et lycées chargé d?identifier les besoins, sera mis en place un plan national de formation des enseignants.
Côté matériel, le ministre a réussi à obtenir du commissariat général à l?investissement (grand emprunt) que soit lancé début 2011 un appel à projet afin que soit encouragée la recherche et développement en matière de numérique pédagogique. "Il faut aider les industriels à rechercher des solutions", a estimé Luc Chatel. Autre source de solutions, les collectivités territoriales, avec lesquelles la coordination est jugée insuffisante. Souhaitant "refonder les relations" avec elles, Luc Chatel signera le 9 décembre une convention cadre avec l?Assemblée des départements de France (ADF).
Des réflexions sont en cours pour faire de même avec l?Association des régions de France (ARF) et celle des maires de France (AMF). L?ADF va ainsi s?engager à développer le matériel et assurer la maintenance, point qui fait très souvent défaut dans les établissements. Petit à petit, l?objectif est de généraliser les espaces de travail numériques (ENT) qui permettent de mettre en place cahier de texte et livrets de compétences en ligne. Une manière de resserrer les liens avec les parents, qui peuvent ainsi y avoir accès.
Reste à savoir quelle sera la traduction concrète de ces bonnes intentions. En période de restrictions budgétaires, Luc Chatel s?estime déjà apparemment heureux d?avoir pu redéployer "60 millions d?euros sur trois ans". En fait, le gouvernement compte surtout un effort supplémentaire des collectivités locales. Déjà chargées des bâtiments et du matériel des établissements scolaires et de plus en plus mises à contribution, il n?est pas dit qu?elles acceptent de mettre davantage la main au porte-monnaie, notamment pour la maintenance.
