Libye : les insurgés stoppés aux portes de Syrte

Les insurgés libyens ont progressé dimanche et lundi en direction de l'ouest et plus particulièrement Syrte, la ville natale du Guide libyen Mouammar Kadhafi. Ils seraient bloqués par les forces de Khadafi, à 140 km à l'est de la ville.
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Les forces des insurgés progressent. Syrte, la ville natale du Guide libyen Mouammar Kadhafi et bastion du régime, pourrait même tomber entre leurs mains, ce qui serait une victoire symbolique. Pour l'heure, la progression des insurgés s'est retrouvée stoppée par les forces de Khadafi 140 km à l'est de la ville.

Un journaliste étranger contacté à Syrte par téléphone, a déclaré lundi matin, sans plus de précisions, que la ville, située à mi-chemin entre Benghazi et Tripoli, était calme.

Dimanche soir, un journaliste de l'agence Reuters avait dit avoir vu un convoi de 20 véhicules militaires, dont des camions DCA, quitter Syrte et prendre la direction de l'ouest, vers Tripoli. Ils accompagnaient plusieurs dizaines de voitures emmenant des familles avec leurs effets personnels.

Encouragés par la prise samedi d'Ajdabiah, verrou stratégique au sud de Benghazi, les insurgés ont engrangé des victoires dimanche. Les grands terminaux de l'Est libye - Ras Lanouf, Brega, Es Sider, Zoueitina, sans parler de Tobrouk en Cyrénaïque - sont désormais tous sous le contrôle des révoltés.

Combats à Misrata, explosions à Tripoli

La progression le long du littoral méditerranéen de l'armée des insurgés, mal organisée et faiblement armée, laisse penser que les frappes occidentales, menées dans le cadre de la résolution 1973 de l'Onu, ont favorisé un revirement complet de la donne stratégique sur le terrain.

L'Otan a accepté dimanche d'assumer l'intégralité du commandement des opérations militaires en Libye au terme de près d'une semaine de laborieuses négociations sur la structure de commandement.

La décision, dont la mise en ?uvre pourrait prendre 72 heures, confie à l'alliance la responsabilité d'opérations visant à protéger les populations civiles en neutralisant les infrastructures militaires de Kadhafi et en faisant respecter une zone d'exclusion aérienne et un embargo sur les livraisons d'armes.

Les forces de Kadhafi sont désormais repliées sur une moitié Ouest de la Libye, à l'exception de la troisième ville du pays, Misrata, toujours aux mains de l'insurrection.

Un habitant du nom de Saadoun a déclaré à Reuters qu'au moins huit personnes avaient été tuées et 24 autres blessées par les obus de mortier des kadhafistes, dimanche.

Les forces de Kadhafi ont tenté de pénétrer dans la ville par le nord-ouest, avec des chars et des véhicules blindés, a déclaré un porte-parole de l'insurrection, Abdoulbasset Abou Mzereik.

Selon un insurgé du nom de Mohamed, les forces du régime ne contrôlent qu'"une petite zone, quelques rues" dans la partie ouest de la ville, et les combats ont cessé dans la soirée. Les médicaments manquent et la population doit utiliser les puits pour trouver encore de l'eau.

Dimanche soir, plus encore à l'ouest, au moins six explosions ont retenti à Tripoli, suivies de longs tirs des batteries antiaériennes. La télévision d'Etat a parlé de frappes aériennes contre des "zones civiles et militaires" de la capitale.

Les autorités libyennes ont accusé dimanche l'Otan de "terroriser" les civils et d'en tuer, dans le cadre d'un complot visant à humilier et à affaiblir la Libye.

Appels à lâcher Kadhafi

La France et la Grande-Bretagne ont appelé lundi les partisans de Mouammar Kadhafi à faire défection avant qu'il ne soit trop tard et à se joindre à un processus de transition démocratique en Libye. Dans une déclaration commune, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre David Cameron reconnaissent le "rôle pionnier" du Conseil national de transition (CNT) constitué par les insurgés libyens. "Le régime actuel a perdu toute légitimité. Kadhafi doit donc partir immédiatement", écrivent-ils. "Nous appelons tous ses partisans à le quitter avant qu'il ne soit trop tard." Ils exhortent également "tous les Libyens qui estiment que Kadhafi mène la Libye à la catastrophe" à se mobiliser dès à présent pour préparer la transition vers la démocratie.

Tous deux invitent les pays qui participeront mardi à la conférence internationale sur la Libye à exprimer leur soutien "le plus ferme" au processus de transition démocratique. Cette conférence réunira notamment, au niveau des ministres des Affaires étrangères, les pays de la coalition menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, dont les forces aériennes bombardent depuis neuf jours les troupes fidèles au colonel Kadhafi.

 

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