Tout en prenant acte de la dégradation de la conjoncture, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé ce jeudi qu'elle ne modifiait pas ses taux directeurs. Comme cela était attendu, le taux de refinancement reste donc à 1,5%, le taux de facilité de dépôt à 0,75% et le taux de prêt marginal à 2,25%. Ces taux avaient été relevés chacun d'un quart de point le 7 juillet.
Lors de la traditionnelle conférence de presse, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a souligné que les risques d'un maintien de l'inflation à un niveau élevé avaient diminué depuis la dernière réunion de la BCE en août. La BCE a ainsi révisé à la baisse ses prévisions d'inflation pour 2012 à une fourchette de 1,2% à 2,2%, tout en maintenant celle pour 2011 à 2,5%-2,7%.
Concernant les perspectives économiques, le président de la BCE s'attend à "une croissance modérée dans les mois qui viennent", et souligné que les risques d'un nouveau ralentissement à venir de l'économie européenne avaient augmenté. La BCE anticipe une croissance de 1,4% à 1,8% en 2011(contre 1,5%-2,3% en juin) et de 0,4% à 2,2% en 2012 (contre 0,6%-2,8% en juin). Soulignant à de multiples reprises "l'énorme degré d'incertitude sur l'économie mondiale" sur l'évolution de la conjoncture, Jean-Claude Trichet a insisté sur le fait que "nous restons prêt à faire tout ce qui sera nécessaire".
"Conditions de financement tendues"
Inquiets d'une rechute de l'économie, les marchés se sont récemment mis à espérer une baisse des taux de la BCE, après que l'institution a laissé entendre que son cycle de resserrement monétaire entamé plus tôt cette année serait suspendu. Reconnaissant que certaines conditions de financement se sont tendues", en référence aux difficultés de refinancement éprouvées par les banques européennes, Jean-Claude Trichet a souligné que la BCE est prête à "fournir de la liquidité comme (elle) l'a fait par le passé".
En cas d'aggravation des tensions, la BCE pourrait ainsi relancer ses opérations de refinancement à un an, abandonnées l'an dernier. En août, la BCE avait déjà annoncé une opération de refinancement exceptionnelle à 6 mois. Concernant son programme d'achat d'obligations d'Etat, relancé début août pour circonscrire la contagion de la crise à l'Italie et à l'Espagne, le président de la BCE a exhorté "les Etats à mettre en oeuvre les réformes de consolidation budgétaire", tout en se refusant à de plus amples commentaires.
La BoE maintient aussi ses taux
Egalement pressée par les observateurs de réagir au ralentissement de la conjoncture, la Banque d'Angleterre ( BoE ) a aussi maintenu son taux directeur à 0,5% et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant a été épuisé en janvier 2010, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire. Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire immédiat sur sa décision, ce qui conduira les observateurs à scruter avec attention la publication des minutes de cette réunion, prévue le 21 septembre.
