Rajoy : encore un effort pour atteindre l'objectif européen !

Le nouveau gouvernement conservateur espagnol n'a pas ménagé ses efforts depuis son arrivée effective au pouvoir fin décembre : réforme du marché du travail, du marché financier, hausses d'impôts... Quelles options lui restent-il pour réduire de 20 milliards d'euros supplémentaires le déficit public ?
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La Commission européenne a estimé lundi que le dérapage budgétaire de l'Espagne est "grave". L'Union européenne (UE) ne semble guère avoir goûté l'annonce par le Premier ministre espagnol vendredi d'un objectif de déficit de 5,8% du PIB en 2012. On est en effet loin des 4,4% conclus avec l'UE initialement. Mariano Rajoy, qui ne renonce pas aux 3% de déficit en 2013, a estimé que la décision d'assouplir les objectifs pour 2012 était "sensée et raisonnable" compte tenu des prévisions économiques désastreuses (1,7% de récession et un taux de chômage de 24,3%). Manifestement, la Commission n'est pas de cet avis.

Efforts indéniables

Le Premier ministre, qui a commencé à gouverner fin décembre, semblait croire, à tort, que les efforts indéniables fournis depuis deux mois allaient convaincre Bruxelles de relâcher la pression sur Madrid. "En sept semaines, ce gouvernement a fait plus de réformes que le Parti Socialiste en sept ans", a-t-il affirmé ce week-end.

La liste des changements opérés par l'Exécutif conservateur est certes longue :

 - 15 milliards d'euros d'économies ont été annoncés, répartis entre coupes des dépenses et hausses d'impôts, dont celui sur le revenu.

- Mariano Rajoy a approuvé un assainissement du bilan des banques de 50 milliards d'euros.

- La loi de Stabilité Budgétaire qui concrétise la réforme constitutionnelle de la règle d'or a été adoptée et devra être validée par le Parlement.

- La réforme du marché du travail facilite les licenciements, et assouplit les conditions de travail. Elle a marqué la fin de l'état de grâce du nouveau Gouvernement. Les syndicats étudient la convocation d'une grève générale.

- Certaines mesures sont plus populaires, comme cette vaste opération financière de 35 milliards d'euros pour liquider la dette publique à l'égard des fournisseurs. Le plan est salutaire pour les PME.

Cette hyperactivité s'avère toutefois insuffisante pour parvenir à atteindre un déficit de 5,8% du Pib. Le gouvernement va devoir trouver plus de 20 milliards d'euros supplémentaires, si l'on en croit le ministre de l'Economie Luis de Guindos, qui chiffre l'effort total d'économie à 37,9 milliards d'euros.

Le gouvernement prévoit que les régions soient les premières à s'imposer l'austérité. "Certaines régions réduiront le salaire des fonctionnaires. D'autres feront payer une partie des soins médicaux (jusqu'ici totalement gratuits, ndr), voire des frais éducatifs en fonction des revenus. Les régions devront éviter de multiplier les compétences non essentielles pour se recentrer sur l'Education et la Santé, qui sont de leur ressort. Mais l'Etat devra fournir un effort plus important en matière d'austérité que celui annoncé car les comptes régionaux sont très difficiles à contrôler", estime Laura de Pablos, économiste à l'Université Complutense de Madrid. De fait, la Catalogne et l'Andalousie s'opposent à cette répartition inégale des efforts, ce qui promet de nouvelles négociations avec le gouvernement central.

Vers une suppression de 20% des entreprises publiques

 Au niveau national, les options sont pourtant limitées. Et ce, d'autant plus que le gouvernement s'est prononcé contre de nouvelles hausses d'impôts, contre la baisse des salaires des fonctionnaires et contre les privatisations destinées à renflouer les caisses. "Les principaux leviers pour réduire le déficit sont les hausses d'impôts et la réduction des dépenses structurelles de l'administration publique, comme les salaires des fonctionnaires", estime pourtant Valentin Pich, président du Conseil général des économistes, pour qui réalité économique et idéal politique sont ici difficilement conciliables.

Le suspense prendra fin le 31 mars, lors de la présentation du budget de 2012. Malgré les pressions de l'UE, le gouvernement préfère attendre que soient passées les élections andalouses du 25 mars, pour annoncer un texte probablement restrictif... Pour le moment, le gouvernement poursuit son grand chantier et prépare une grande réforme de l'administration centrale et des administrations locales destinée à supprimer les doublons. Il compte aussi supprimer 20% des entreprises publiques.

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