L'Europe peut-elle encore faire un "bond" ?

Pour contourner l'opposition allemande à la mise en place d'eurobonds pour financer les dettes souveraines, des solutions alternatives plus ou moins publiques sont à l'étude. Le sujet n'est pas officiellement à l'ordre du jour du Conseil européen qui se tient aujourd'hui mais il y a fort à parier qu'il fera l'objet de discussions.
Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, recevra les chefs d'Etat et de gouvernement mercredi pour un dîner informel à Bruxelles /Copyright AFP

Rarement sommet européen aura connu un ordre du jour aussi en creux que celui qui se tiendra mercredi soir à Bruxelles. Mardi, lors de son traditionnel briefing le chef de cabinet d?Herman van Rompuy n?en finissait pas d?égrener la liste des sujets que le président du Conseil recommandait d?aborder dans sa lettre aux chefs d?Etat et de gouvernement des Vingt-Sept qui se réunissent mercredi soir à Bruxelles : brevet européen, programme d?infrastructures, mobilité de la main d??uvre, etc. Tout y est passé sauf le sujet qui s?avère de plus en plus central dans le débat européen : des garanties croisées entre pays européens pour écarter multiples risques de contagion en train de miner la zone euro, en un mot, les eurobonds.

Toujours tabou à Berlin

Le sujet est aussi ancien que l?union monétaire elle-même. Mais depuis quelques mois, s?il reste un tabou dans les milieux de gouvernement à Berlin, il a fait des progrès sensibles ailleurs en Europe et dans les cercles académiques. Bien avant la mutualisation complète, sur le modèle américain, des plus de 4.500 milliards d?euros de dette souveraine des pays de l?eurozone, plusieurs pistes sont à l?étude.

Une des plus originales est portée par le président, sur le départ, de CNP Assurance, Edmond Alphandéry. L?ancien ministre des Finances, qui pilote un discret mais influent cercle de réflexion, l?Euro 50 Group, promeut un projet de « panier d?obligations souveraines », sur le modèle du panier de devises qui a préludé au lancement de la monnaie unique.

"Eurogovies"

C?est l?option la plus light et la plus faisable à court terme qui permettrait, selon lui, de stopper la renationalisation accélérée des portefeuilles de souverains des investisseurs et de resserrer les écarts de taux ("spreads") entre pays européens. Pour lui, ces « eurogovies » pourraient être un produit attrayant pour des investisseurs qui veulent continuer à parier sur l?eurozone et diversifier leur risque souverain. Natixis et quelques autres ont un ?il sur le projet et seraient prêts à se lancer? sous réserve que les autorités publiques créent une incitation à investir dans un tel paquet, en limitant le montant en capital demandé aux banques pour détenir de tels actifs par rapport à des obligations purement nationales.

Les T-bills européens

Autre idée qui, elle, a la faveur de l?économiste en chef du FMI : les T-bills européens. Il s?agirait de mutualiser une partie seulement du marché de la dette, celle à court terme, pour un volume de « seulement » quelques centaines de milliards d?euros. Ici, en revanche, on aurait bien affaire à des émissions communes mais sur des produits relativement plus standardisés que les obligations de long terme. Le projet est soutenu par une association d?économiste, ELEC, et quelques économistes ou financiers influents comme le Français René Karsenti.

Enfin, l?idée de Pacte de rédemption présentée fin 2011 par le GCEE, un groupe d?économistes allemands de toutes sensibilités, suit son chemin. Elle consiste à placer dans un fonds paneuropéen la partie de la dette des pays de l?eurozone excédant les 60% du PIB et de l?amortir sur une période de 20 à 25 ans. Le gouvernement allemand ne l?a pas reprise à son compte. Mais l?opposition sociale-démocrate plaide pour, d?autant qu?elle serait compatible avec la stricte doctrine de la Cour constitutionnelle allemande qui a marqué dans le passé son opposition à la mutualisation des dettes. Le centre de recherche Bruegel, à Bruxelles, travaille aussi sur un tel projet.

Bruxelles évoque une "feuille de route"

Les pistes ne manquent donc pas. Mardi, OIli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a même eu l?audace, compte tenu du blocage allemand, de parler d?une « feuille de route » en vue d?émissions de dettes communes à moyen ou long terme, selon l?agence Reuters. De là à oser aborder le sujet mercredi soir à Vingt-Sept, il y a un pas.

 


 

Commentaires 32
à écrit le 23/05/2012 à 20:01
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Un bond ?! Pour sauter le gouffre ?! Il faudrait un viaduc comme deux fois celui de Millau !

à écrit le 23/05/2012 à 11:28
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Les Eurobonds sans la règle d'or est une fuite en avant : augmenter les dettes souveraines sans réduire les dépenses structurelles... http://www.ideas4tomorrow.eu/2011/09/eurobond-nouveau-depart-ou-fuite-en.html

à écrit le 23/05/2012 à 10:56
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Il est dommage que l?article ne parle pas des « Project bonds » qui ne sont pas de la dette puisqu?ils correspondent à une réalisation concrète donc à une relance réelle par opposition à ces « Eurobonds » et leurs variantes qui, eux, sont de la...

le 23/05/2012 à 16:12
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Il n'y a pas de problème de croissance mais un problème de dépenses et de dettes publiques. Les projectbonds ou eurobonds sont de mauvaises solutions en réponse à un faux problème. Vos fameuses "réalisations concrètes" ne sont pas de la relance parce...

le 23/05/2012 à 18:50
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Les euro bonds sont une dette qui sert à payer la dette, c?est donc de l?argent qui repart dans le circuit financier (souvent hors frontières du pays emprunteur donc en diminution pour le PIB) alors que les project bonds sont productifs pour l?...

à écrit le 23/05/2012 à 10:30
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Angela aussi a des plans en etude sur le sujet, un seul en fait qui se nome Nein et comme c'est elle qui paye...... Si Hollande, Van Machin et les autres veulent continuer a elucubrer sur le sujet qu'ils continuent mais ils creent de faux espoirs.

à écrit le 23/05/2012 à 9:46
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Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, non élu par les peuples d'Europe, c'est dehors. Ou a-t-on vu cela, mon voisin décrète que je vais travailler chez Air France, et je me présente lundi matin à Roissy-en-France et je prends possession d...

à écrit le 23/05/2012 à 2:39
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Le PS souhaite encore plus d'argent pour le distribuer à ces électeurs ... Tout à côté de leur bulletin de vote aux législatives ...

à écrit le 22/05/2012 à 23:18
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Il n'y a aucune justification économique aux dettes publiques. Les Etats n'ont pas de raison de s'endetter et l'Europe qui n'est pas encore un Etat encore moins. La dette d'aujourd'hui prépare les impôts de demain et perpétue sans fin la crise des Et...

le 23/05/2012 à 9:22
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Petit catéchisme neo libéral simpliste : le Royaume Uni et les USA pas particulièrement étatistes, sont tout autant couverts de dettes et font face à la même montée de la pauvreté et du chômage (Obama pour des raisons electorales embellit les stats d...

le 23/05/2012 à 10:36
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Cher Henri, autant je suis entièrement d'accord avec vous, autant il me semble que le terme 'incapables' est de trop : en effet lorsqu'il s'agit de s'enrichir sur notre dos, ces gens sont capables de véritables miracles!

le 23/05/2012 à 14:10
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Surprenante comparaison, alors que le poids de l'Etat dans ces deux pays oscille entre 40 et 50% du PIB et que leurs crises sont de même nature que la nôtre : trop d'Etat, trop de taxes, trop de dettes publiques, trop de réglementations absurdes ! Et...

le 23/05/2012 à 16:14
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Ah bon et pourquoi des dettes, privées ou publiques d'ailleurs ? Vous êtes-vous posé au moins une fois la question cher idéologue ? Au lieu de ne voir que l'écume du réel, vous pourriez faire un effort d'analyse un peu plus conséquent et comprendre ...

le 23/05/2012 à 17:59
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Pourtant, la comparaison révèle la ressemblance entre les différents socialismes, car mis à part le nationalisme des uns et l'internationalisme des autres, ces idéologies sont fondées sur les mêmes dogmes. Cette crise ne peut pas être comprise en uti...

le 23/05/2012 à 23:44
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@identité : Cette crise est, comme beaucoup de crises, engendrée par l?usurpation de la création monétaire par les banquiers privés. Vous critiquez la propension des états à s?endetter encore et toujours, mais ont-ils vraiment le choix? Notre absurde...

à écrit le 22/05/2012 à 21:41
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Que le spectacle est pathétique : tous ces mori-bonds (Hi Hi)qui se débattent pour obtenir du bourreau une minute de plus et effacer leurs dettes par de l'endettement supplémentaire et faire payer leurs dettes aux autres ! Et tout ça pour inventer de...

le 22/05/2012 à 22:52
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C'est la vie. Il y a ceux qui travaillent, cherchent, trouvent, innovent et proposent des solutions. Et il y a les autres qui se moquent et critiquent sans jamais rien proposer, tour simplement parce que ce sont des bons à rien ...

le 22/05/2012 à 23:07
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Le problème ce sont qui travaillent à fabriquer de nouvelles bombes qui explosent à la figure d'autrui, auquel ils expliquent après qu'ils doivent accepter ces sacrifices. Les apprentis-sorciers qui ont voulu l'Euro sont bien entendu incapables de tr...

le 23/05/2012 à 2:37
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Vous y aller un peu fort !!

à écrit le 22/05/2012 à 21:37
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Les eurobonds feraient gagner du temps. Mais imaginons qu'ils soient mis en place, et qu'après quelques années, par exemple, un des pays qui sont sous financement via Eurobond ait un problème budgétaire fort. Comment l'inciter à rentrer dans les clou...

à écrit le 22/05/2012 à 21:06
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eurobonds = état européen, fédéral ou confédéral! Donc il nous faut une HARMONISATION des fiscalités, un trésor,bref, faire un pas de Géant vers la constitution d'états fédérés européens à l'échelle de la Zone.... chiche! Mais cela n'en prend pas le ...

le 22/05/2012 à 22:54
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Effectivement, il faut harmoniser la fiscalité, générer un peu d'inflation pour nous aider à rembourser la dette et proposer des solutions pour une croissance sans dette.

le 22/05/2012 à 23:03
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Demandez leur avis aux peuples. En 2005 et 2006 pour la Constitution Européenne, seuls trois pays ont osé poser la question à leurs populations : France, Pays-Bas, Irlande. Les trois ont dit Non. Largement. Et pourtant, les traités sont passés. En fo...

le 22/05/2012 à 23:16
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@Truk : ah ben c'est sur qu'on aurait du commencer par faire une Europe pour les les citoyens, pour les européens AVANT de faire une Europe pour la finance et les banquiers. On a fait les choses dans le mauvais sens et pour de mauvaises raisons. Main...

le 22/05/2012 à 23:28
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@mecatroid. L'Euro tue les économies les moins productives, hélas. Nous ne pouvons pas nous permettre de le conserver trop longtemps. Mieux vaut lâcher l'Euro aujourd'hui pour sauver l'Europe demain. Si nous tardons trop en conservant cette ciguë mon...

le 23/05/2012 à 15:41
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Mecatroid ok pour refaire l'europe mais comment y parvenir puisque les pouvoirs sont entre les mains des gouvernants et de bruxelle et ça m'etonnerais qu'il lache prise

à écrit le 22/05/2012 à 20:55
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Rien n'empêche les pays qui veulent faire des bonds de s'associer et de faire des bonds, les Français, les Italiens, les Espagnols, les Grecs etc mais sans les Allemands qui en ont marre de payer pour les autres, le seul hic c'est que c'est la France...

à écrit le 22/05/2012 à 20:49
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Mais mais .... ça bouge ....

le 22/05/2012 à 22:55
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Et oui ... Comme quoi, avec des gens qui proposent des solutions, on finira peut être par en trouver une viable.

à écrit le 22/05/2012 à 20:20
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Amusant tout ce cinéma que pratiquement seules les médias Français développent autour de ces fameuses euro-obligations qui ne sont qu?un carnet de chèques tirés sur les Allemands et devant profiter aux cigales socialistes pour les aider dans leurs pr...

le 22/05/2012 à 23:24
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Les Eurobonds sont en effet un moyen de mutualiser les dettes des bien portants avec les malades : pas étonnant que les bien portants rechignent. Toutefois, le bien-portant allemand est toutefois bien embêté, car sa bonne santé, il la doit à ses excé...

le 23/05/2012 à 8:36
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A 2000 milliards de dettes officielles (sans compter celles planquées sous le tapis) peut-on dire que l'Allemagne fait partie des bien-portants ?

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