Comment Nicolas Sarkozy veut contrer la radicalisation du mouvement social

Le chef de l'Etat est confronté à une amplification de la mobilisation contre la réforme des retraites, dans un climat politique tendu. Sa stratégie pour rebondir : afficher sa fermeté dans la tempête.

Le 23 septembre, lors d'une des précédentes journées de mobilisation contre la réforme des retraites, plusieurs ministres du gouvernement Fillon avaient noté une "décélération" du mouvement, avec des pourcentages de grévistes et des chiffres de manifestants orientés à la baisse. C'est le signe, disait-on alors à l'Elysée, que l'opinion commence à accepter la réforme. Près de trois semaines plus tard, les cortèges grossissent et s'ouvrent aux lycéens, les grèves reconductibles font leur apparition et des arrêts de travail inattendus touchent des entreprises et des secteurs jusqu'ici à l'écart de toute agitation. La gauche, par la voix de Martine Aubry, hausse le ton et réclame désormais rien de moins que le retrait d'un projet "symbolique de l'ensemble des injustices et des inégalités qui caractérisent sa politique et que les Français jugent intolérables".

Confronté à un mouvement social d'une ampleur sans précédent depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy veut afficher sa fermeté. Et rien d'autre. "Nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme", a lancé François Fillon mardi après-midi à l'Assemblée alors que la manifestation parisienne paralysait le centre de la capitale. Auparavant, devant les députés UMP, le Premier ministre a jugé "irresponsable la tentation de l'extrême gauche et d'une partie du PS" de "mettre des jeunes de 15 ans dans la rue".

Le contre-feu de la réforme fiscale annoncée pour 2012

Le chef de l'Etat, qui redoute plus que tout un élargissement du conflit à la jeunesse, veut en fait aller vite et boucler la discussion parlementaire pour se consacrer à la suite des chantiers de réforme, dépendance et fiscalité en tête. Il a d'ailleurs annoncé à quelques députés UMP, dûment mandatés pour en rendre compte, son intention de mener un chantier de réforme fiscale avant l'été 2011. Et il revient à Dominique de VIllepin de décrypter en connaisseur la stratégie du chef de l'Etat. L'ancien Premier ministre avait cédé à la double pression de la rue et de sa majorité (alors dirigée par Nicolas Sarkozy) en 2006 en retirant son projet de CPE, un contrat pour les jeunes.

"Je crois que Nicolas Sarkozy est quelqu'un qui aime la crise, qui aime donc la gestion de crise (...) Il y a un mythe à droite sur la capacité à faire face à la rue. C'est ce que j'ai appelé le mythe du capitaine Courage de la réforme. Le sentiment que celui qui arrivera à braver la rue, à faire la réforme envers et contre tout et surtout si c'est difficile, celui-là est en quelque sorte statufié et devient une sorte de héros national", a dit le président de République Solidaire lundi sur Europe 1.
 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.