Trump en phase de relance devant le Congrès

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(Crédits : © Kevin Lamarque / Reuters)

par Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a l'occasion ce mardi soir de laisser derrière lui son laborieux début de mandat par un discours au Congrès où il exposera ses projets pour l'année à venir, à commencer par une refonte de la santé et une augmentation "historique" des moyens affectés à la Défense.

Programmée en prime time à 21h00 (mercredi à 02h00 GMT), cette adresse télévisée devant la Chambre des représentants lui permettra aussi de toucher une large audience, plus nombreuse que lors de ses interventions précédentes.

Son discours, écrit avec son conseiller Stephen Miller et d'autres proches collaborateurs, incorporera des éléments censés refermer en partie les plaies de la nation américaine, divisée par une campagne présidentielle d'une rare violence.

Il visera aussi à faire oublier le premier mois de son bail à la Maison blanche marqué par des revers (le blocage par la justice de son décret anti-immigration), des psychodrames (la démission forcée de son conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn accusé d'avoir dissimulé des informations au vice-président Mike Pence) et des querelles à répétition avec les médias d'information.

Surmonter le scepticisme de l'opinion et rassurer les Américains ne seront pas tâche aisée: une moyenne des sondages réalisée par le site Real Clear Politics mesure à 44% seulement la part des Américains se disant satisfaits de lui, un chiffre relativement bas pour un président en début de mandat.

QUESTIONS SANS RÉPONSES

Comment refondre l'Obamacare, la réforme de l'assurance maladie qui constitue l'une des principales réalisations au bilan de son prédécesseur ? Comment financer la modernisation des infrastructures, routes et ponts, du pays ? Comment concrétiser ses promesses de baisses d'impôts pour des millions de foyers et d'entreprises ? Quelle stratégie suivra son administration pour renégocier les accords commerciaux internationaux ? Sur nombre de dossiers, l'administration Trump n'a pas encore apporté de réponses détaillés; le président aura la possibilité de préciser les choses.

Pour ce qui concerne les dépenses de défense, on en sait un peu plus depuis lundi, même si des interrogations demeurent.

S'exprimant devant des gouverneurs d'Etat, le président milliardaire a annoncé une augmentation "historique" du budget affecté au Pentagone. Un responsable des questions budgétaires à la Maison blanche a déclaré que l'administration présidentielle proposerait d'"accroître (les dépenses de) défense de 54 milliards de dollars, soit 10%" environ.

Mais Mick Mulvaney, directeur du budget à la Maison blanche, a pour sa part indiqué que le budget du Pentagone serait porté à 603 milliards de dollars contre 584 milliards dans l'exercice budgétaire qui s'est achevé au 30 septembre 2016, soit une progression de 19 milliards de dollars, ou 3%, un peu supérieure à l'inflation (2,5%).

Cet effort sera compensé par des coupes dans d'autres secteurs de dépenses, dont le département d'Etat qui coiffe la diplomatie américaine et l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

Les partenaires étrangers de Trump seront également attentifs à son discours.

"Il importera d'analyser les signaux et les perspectives qui formeront une partie de la première apparition de Trump en tant que chef d'une superpuissance", a ainsi déclaré Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères. "Il serait souhaitable de croire que les changements à Washington vont ouvrir une fenêtre d'opportunité en vue d'une amélioration du dialogue entre nos pays", a-t-il ajouté, cité par l'agence RIA.

"RENOUVEAU DE L'ESPRIT AMÉRICAIN"

Officiellement, il ne s'agit pas d'un "discours sur l'état de l'Union", l'adresse annuelle des présidents devant le Congrès - le début de mandat de Trump, arrivé le 20 janvier à la Maison blanche, est trop récent. Mais l'opposition démocrate entend lui apporter la contradiction après son discours, comme c'est d'usage pour cet exercice traditionnel de la vie politique américaine.

Dans une interview accordée la semaine dernière à Reuters, le 45e président des Etats-Unis a annoncé un discours d'optimisme même si, dit-il, il a "hérité d'une situation de désordre total".

Sean Spicer, le porte-parole de la Maison blanche, a révélé que son discours tournerait autour du thème d'un "renouveau de l'esprit américain" et qu'il serait fondé sur les moyens de résoudre les problèmes quotidiens de ses compatriotes.

"Il invitera les Américains de toute origine à se rassembler au service d'un avenir plus fort et plus brillant pour notre nation", a dit Spicer lundi devant la presse.

Pour Tim Albrecht, consultant républicain dans l'Iowa, ce discours permettra à Trump d'expliquer la direction dans laquelle il veut conduire les Etats-Unis mais, ajoute-t-il, il ne faut pas s'attendre à un discours très conciliant. "Il va présenter ce qu'il juge nécessaire de faire comme il l'a fait durant les deux années de sa candidature. Comme pour tout le reste dans le Trumpland, la sagesse conventionnelle est jetée par la fenêtre."

L'élue californienne Nancy Pelosi a prévenu: si Trump s'inspire de son discours d'investiture, dans lequel il avait fustigé le "carnage de l'Amérique" et brossé un tableau très sombre du pays, "ce sera une très triste soirée pour notre pays".

(avec Richard Cowan, Ayesha Rascoe et Emily Stephenson à Washington et Aleksandar Vasovic à Moscou; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Eric Faye)