Le sous-marin argentin toujours recherché, les familles sans espoir

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Argentine: les proches des marins disparus ont perdu tout espoir[reuters.com]
(Crédits : Marcos Brindicci)

par Hugh Bronstein et Luc Cohen

BUENOS AIRES (Reuters) - Les familles des 44 marins argentins disparus à bord du sous-marin San Juan ont perdu espoir de les revoir vivants et sont rentrés chez eux vendredi après avoir attendu plusieurs jours à la base navale de Mar del Plata, au sud de Buenos Aires.

Le président argentin Mauricio Macri a déclaré que les recherches se poursuivraient et dit espérer que le sous-marin puisse être localisé dans quelques jours.

Le sous-marin a disparu il y a dix jours avec des réserves d'oxygène d'une semaine seulement. La marine argentine a révélé jeudi qu'un bruit anormal, pouvant correspondre à une explosion, avait été enregistré le 15 novembre au matin dans l'Atlantique Sud, le jour où le sous-marin a émis son dernier signal.

Le chef de l'Etat a promis qu'une enquête "sérieuse et approfondie" serait menée quand les recherches seraient terminées.

"Cela signifie qu'il nous faudra comprendre comment un sous-marin qui avait fait l'objet d'une révision complète et qui était en parfait état de navigation a apparemment connu cette explosion", a déclaré Mauricio Macri qui donnait une conférence de presse.

Le San Juan a pris la mer en 1983. Il a fait l'objet une révision complète en Argentine en 2008.

Vendredi soir, le porte-parole de la marine, Enrique Balbi, a déclaré qu'avec l'amélioration des conditions météorologiques, les bateaux disposant de capacités de détection sous-marines allaient pouvoir mener des recherches. Ils ratisseront la zone autour de laquelle a été entendu le son ressemblant à une explosion le 15 novembre.

"Le temps, Dieu merci, est favorable dans cette zone de recherche pour balayer et cartographier le fond de l'océan", a déclaré Enrique Balbi lors d'une conférence de presse.

Environ 30 navires et avions et 4.000 personnes de 13 pays, dont l'Argentine, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Chili et le Brésil, participent aux recherches du San Juan, qui a été localisé lors de son dernier signal à 480 kilomètres des côtes argentines.

Un avion russe devait arriver vendredi dans la nuit en Argentine, avec à son bord des équipements capables d'atteindre des zones situées à 6.000 mètres sous le niveau de la mer, a déclaré Enrique Balbi.

La disparition du submersible a soulevé un début de polémique en Argentine, où les partisans de Mauricio Macri et l'opposition péroniste de l'ex-présidente Cristina Fernandez se reprochent mutuellement d'avoir réduit, ou pas assez augmenté, le budget de l'armée.

Les proches des marins disparus étaient arrivés lundi à la base de Mar del Plata, que le submersible devait rejoindre après sa mission.

"ILS ONT TUÉ MON FRÈRE !"

"La vérité, c'est que je n'ai plus d'espoir de les voir revenir", a déclaré vendredi Maria Villareal, mère d'un des membres d'équipage.

Certains proches veulent rester à Mar del Plata jusqu'à ce que le sous-marin soit retrouvé, comme Silvina Krawczyk, soeur d'Eliana Maria Krawczyk, première femme officier argentine à servir sur un sous-marin et qui figure parmi les disparus.

D'autres ont mis en cause la vétusté du sous-marin, construit il y a 34 ans dans un chantier allemand, et la qualité de son entretien.

"Ils ont tué mon frère !", a crié un homme en quittant en voiture la base navale.

L'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO) a confirmé avoir capté le 15 novembre dans cette zone de l'Atlantique Sud un "signal inhabituel" qui pourrait avoir été provoqué par une explosion.

(Avec Walter Bianchi à Mar del Plata et Maximiliano Rizzi, Nicolas Misculin et Eliana Raszewski à Buenos Aires; Pierre Sérisier, Guy Kerivel, Tangi Salaün et Danielle rouquié pour le service français)