Opération Condor : 15 anciens militaires condamnés en Argentine

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Quinze anciens militaires condamnes en argentine pour l'operation condor[reuters.com]
(Crédits : Enrique Marcarian)

par Hugh Bronstein

BUENOS AIRES (Reuters) - Quinze anciens militaires ont été condamnés vendredi en Argentine à des peines de prison allant jusqu'à 25 ans de prison pour leur participation à des enlèvements et assassinats de dissidents gauchistes dans le cadre de l'opération Condor pendant les années de dictature militaire.

Cette campagne d'assassinats d'opposants en exil a été organisée par les services secrets des dictatures militaires en place dans plusieurs pays d'Amérique latine (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Brésil et Bolivie) dans les années 70 et 80.

L'ancien dictateur argentin Reynaldo Bignone, 88 ans, dernier dirigeant de la junte militaire en Argentine (1982-1983)et personnalité la plus en vue dans le procès, a été condamné à 20 ans de réclusion.

Quatorze accusés ont été condamnés à des peines allant de huit à vingt ans de prison et deux ont été acquittés.

Certains crimes particuliers commis dans le cadre de l'opération Condor avaient déjà été l'objet de précédents procès. Le procès qui s'est achevé vendredi était le premier consacré à la participation au projet lui-même.

"Cette décision, sur la coordination des dictatures militaires en Amérique pour commettre des atrocités, constitue un puissant précédent pour faire en sorte que ces graves violations des droits de l'homme ne puissent plus jamais avoir lieu dans la région", a déclaré José Miguel Vivanco, directeur Amérique de Human Rights Watch (HRW), joint par téléphone.

Dans sa décision, la cour a cité la disparition de 105 personnes durant la dictature argentine (1976-1983).

"Elle établit non seulement que le terrorisme d'Etat en Argentine était une conspiration criminelle, mais qu'il était coordonné avec les autres dictatures", a déclaré Luz Palmas Zaldua, une avocate du Center for Legal and Social Studies (Cels), qui représentait un grand nombre de victimes dans cette affaire.

L'Opération Condor, du nom d'un grand rapace vivant dans la cordillère des Andes, était coordonnée à partir d'un centre d'information commun au siège de la célèbre police secrète du dictateur Augusto Pinochet à Santiago, la capitale du Chili.

Lors d'une visite d'Etat en Argentine en mars dernier, le président américain Barack Obama a déclaré que les Etats-Unis avaient été trop lents à condamner les atrocités commises sous la dictature, mais il n'est pas allé jusqu'à présenter des excuses pour le soutien apporté par Washington à la dictature militaire à ses débuts.

(Danielle Rouquié pour le service français)