La rive droite des berges de Paris rendue aux piétons

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PARIS (Reuters) - Le Conseil de Paris a entériné lundi le projet controversé de piétonisation de 3,3 kilomètres des quais de Paris, sur la rive droite de la Seine, malgré l'opposition d'élus de droite, notamment de banlieue, de nombreux commerçants et du patronat.

La mairie de Paris avait soumis en mai à l'approbation des Parisiens deux scénarios pour la piétonisation de la voie Georges-Pompidou (13 km) dans le cadre de son projet de "reconquête des berges de la Seine", déjà mis en oeuvre rive gauche en 2012, sur 2,3 km du Pont Royal au Pont de l'Alma.

C'est le projet le plus ambitieux, plébiscité par 57% des habitants, qui a été retenu : il porte sur 3,3 km.

Le vote du Conseil de Paris entérine ce choix, malgré un avis négatif - mais consultatif - d'une commission d'enquête.

"Décision historique : la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine", a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo, après le vote, majorité contre opposition.

Un récent sondage Ifop montre que 55% des Parisiens sont favorables au projet, un demi-siècle après la construction d'une autoroute urbaine sur les quais de la Seine.

Pour Anne Hidalgo, la piétonisation en 2014 de la rive gauche, où la circulation automobile a été remplacée par des activités sportives et culturelles, est un succès, avec une baisse de la pollution sans allongement notable du temps de circulation automobile sur les quais hauts.

Après quelques semaines de fermeture des voies sur les berges rive droite, qui n'ont pas rouvert à la rentrée après la fermeture de Paris-Plage cet été, le bilan est aussi jugé satisfaisant, même s'il est contesté par ses détracteurs.

"ÉVAPORATION" DU TRAFIC

"L'allongement de la durée de parcours est plus faible que ce que les études prédisaient : il est de 8 minutes maximum sur le parcours Tuileries-Henri IV, mais il est beaucoup plus faible sur des parcours plus longs", a déclaré Anne Hidalgo dans son discours devant les élus du Conseil de Paris.

La direction de la voirie et des déplacements de la mairie de Paris (DVD) souligne que le trafic de transfert a été plus faible que prévu et que de nombreux usagers ont déjà changé de mode de transport, confirmant le phénomène d'"évaporation" de la circulation lorsque des obstacles sont posés.

La maire socialiste a critiqué la région Ile-de-France, désormais dirigée par la droite, qui s'oppose au projet et a présenté un plan pour fluidifier la circulation automobile.

Le préfet de police de Paris a donné son accord pour tester pendant six mois la piétonisation de la voie express.

La préfecture a posé des conditions : réversibilité en cas de difficulté majeure de circulation, suspension des autres projets de voirie pouvant affecter la circulation aux abords des berges, maintien d'un accès permanent pour les services d'intervention et de secours et "suivi rigoureux" des impacts en terme de pollution.

La décision de Paris intervient au lendemain de la "Journée sans voitures" dans une grande partie de la capitale.

Selon Airparif, "par rapport à un dimanche comparable (le 11 septembre 2016, sans restrictions de trafic mais avec une météorologie similaire), une baisse moyenne de 20% à 35% de dioxyde d'azote a été observée sur les stations d'Airparif situées dans le périmètre concerné".

(Yves Clarisse, édité par Jean-Baptiste Vey)