AMF : le gendarme de la Bourse pointé du doigt... pour avoir mal géré ses finances

L'Autorité des marchés financiers (AMF) a été épinglée par la Cour des comptes, ce lundi. Ce dernier s'inquiète de la « situation financière critique » du régulateur de la finance à cause de « dérives » dans la rénovation de son siège et de ses outils informatiques.
Les travaux de rénovation des locaux que l'AMF loue, place de la Bourse au centre de Paris, fait partie des « dérives » relevée par la Cour. Ils doivent coûter 16,9 millions d'euros selon la dernière estimation, contre 12,7 initialement.
Les travaux de rénovation des locaux que l'AMF loue, place de la Bourse au centre de Paris, fait partie des « dérives » relevée par la Cour. Ils doivent coûter 16,9 millions d'euros selon la dernière estimation, contre 12,7 initialement. (Crédits : Reuters)

Le gendarme de la finance, épinglé pour des « dérives » financières. Voilà la situation cocasse dans laquelle se trouve l'Autorité des marchés financiers (AMF). Ce lundi, la Cour des comptes a pointé du doigt dans un rapport le régulateur en affirmant que depuis 2017, « l'AMF s'est enfoncée dans une situation financière critique, devenue insoutenable fin 2022 ».

Et pour cause, sa trésorerie est passée de 58,5 millions d'euros en 2017 à seulement 3 millions d'euros dans le budget 2023. « La décision d'utiliser les disponibilités de trésorerie pour des investissements nécessaires et ponctuels était fondée » pour la Cour, mais « le dérapage » de certains projets a rendu le coût des investissements bien supérieur à la trésorerie disponible.

Pire encore, l'AMF se serait retrouvée « potentiellement en situation de cessation de paiement » si l'État n'avait pas augmenté de 9% le montant des ressources mis à sa disposition entre 2022 et 2024.

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Des travaux de rénovation et « des charges informatiques » à l'origine des pertes

Comment le régulateur en est-il arrivé à cette situation ? L'Autorité a brûlé toutes ses ressources pour financer notamment « les charges immobilières », avec des travaux de rénovation des locaux qu'elle loue, et « des charges informatiques », décrit le rapport. Les travaux de rénovation des locaux que l'AMF loue, place de la Bourse au centre de Paris, fait partie des « dérives » relevées par la Cour. Ils doivent coûter 16,9 millions d'euros selon la dernière estimation, contre 12,7 initialement. La Cour regrette un « choix de travaux immédiatement très coûteux (et un) montage critiquable ».

Les dépenses informatiques sont le deuxième responsable des dépenses excessives de l'AMF. A commencer par le financement du projet Rosa, un outil d'interface avec les sociétés de gestion initialement évalué à 42,1 millions d'euros... mais qui devrait finalement coûter 53 millions d'euros et avec un retard de trois ans dans sa mise de production. La mise en service est attendue fin mars.

« La direction de l'AMF a pris des décisions d'investissement en deux vagues, en 2016 et en 2021, sans s'assurer de leur financement à terme » et y compris après des alertes du comité d'audit, critique aussi le rapport.

L'AMF juge ses moyens insuffisants

Dans sa réponse, la présidente de l'AMF Marie-Anne Barbat-Layani, arrivée fin 2022, a insisté sur le fait que ses moyens étaient « très sensiblement inférieurs » à ceux de ses pairs au sein de l'Union européenne.

« Le niveau de contrainte budgétaire (...) est difficilement soutenable dans la durée » reconnaît-elle.

Concernant le projet informatique, « l'AMF devra en tirer les leçons (afin) d'éviter les errements constatés » pour des futurs projets. « Face aux défaillances manifestes du prestataire » des travaux immobiliers, dénoncée dans la réponse, l'Autorité a aussi saisi la justice.

Le gouvernement aussi sévèrement critiqué par la Cour des comptes

La situation est « préoccupante », voire « sérieuse »: la Cour des comptes étrille le gouvernement pour sa gestion des finances publiques dans son rapport annuel publié mardi, lui reprochant un scénario initial « improbable » pour 2024 et une trajectoire « peu ambitieuse et fragile » sur le déficit public.

Sur plus de 700 pages, largement consacrées à l'adaptation au changement climatique, une quarantaine dresse comme chaque année un état des lieux global des finances publiques. « Nous tirons trois constats, préoccupants, inquiétants, très sérieux même », a affirmé Pierre Moscovici, premier président de l'institution, en présentant le rapport à la presse sous les dorures de la Grand'Chambre.

L'un d'eux est que « le respect du déficit pour 2024 » à 4,4% « n'est pas acquis », a-t-il averti, même avec les récentes coupes de dix milliards d'euros dans le budget de l'État, prises en compte dans ce rapport qui donne une photographie à fin février 2024.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 19/03/2024 à 13:12
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Et qui compte les comptes de la Cour des comptes ?

à écrit le 19/03/2024 à 8:09
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Moscovici critique ses petits camarades. Il a fait bien pire quand il est ministre.

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