Pour les économistes, la reprise de la croissance se pérennise

COE Rexecode et l'OFCE ont publié leurs prévisions de croissance pour 2018, le PIB progresserait de 1,6% pour le premier et de 1,7% pour le second. COE Rexecode estime que la réforme du droit du travail et de la fiscalité va "booster" les créations d'emplois et la croissance potentielle mais que des freins demeurent, notamment le déficit de compétitivité-coût des entreprises françaises.
Jean-Christophe Chanut
Selon l'OFCE et COE Rexecode, le taux de chômage devrait passer de 9,2% à la mi 2017 à 8,9% fin 2018. Les deux organismes tablent sur une croissance assez solide mais COE Rexecode estime que pour "booster" la croissance il faut absolument améliorer la compétitivité-coût des entreprises françaises, via une baisse des "impôts de production".

La dynamique de l'économie française est positive et cela devrait perdurer... sauf accident conjoncturel. Ce pronostic émane, il faut le souligner, tant de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), d'obédience néo-keynésienne, que de l'institut COE-Rexecode, proche du patronat. Le ciel se dégagerait donc... mais certains facteurs continueraient de peser défavorablement.

Les deux organismes tablent sur une croissance du PIB plus soutenue en 2017 que ce qui était prévu : pour l'OFCE, elle atteindra 1,8%, contre 1,5% dans ses précédentes prévisions publiées en juillet. Cette prévision rejoint celles de l'Insee et de Bercy. En 2018, la croissance devrait atteindre 1,7% (contre 1,5% anticipé jusqu'alors) et 1,9% en 2019 (contre 1,7%).

Pour l'OFCE la politique de l'offre de Hollande a eu des effets positifs...

En effet, pour l'OFCE, "certains facteurs négatifs qui ont marqué 2016 (chute de la production agricole, impact des attentats sur le tourisme, conflits autour de la loi travail) ont disparu en 2017". En outre, "l'économie devrait désormais profiter pleinement des effets positifs des politiques d'offre instituées sous la présidence Hollande" en faveur des entreprises (avec, en particulier, le Crédit d'impôt compétitivité emploi). Façon de signifier à Emmanuel Macron que l'héritage dont il bénéficie n'est pas si négatif que cela...

Mais l'OFCE reconnait également des mérites à l'actuelle majorité en notant que pour 2018 et 2019, l'objectif du gouvernement n'est pas une "réduction à marche forcée du déficit public", via des politiques d'austérité, même si 60 milliards d'euros d'économies sont prévus sur cinq ans. De fait, selon les calculs de l'organisme, sur ces deux prochaines années, l'impact des mesures prévues par l'exécutif sur le PIB devrait être « seulement » de -0,2 point.

Résultat, la réduction du déficit public sera lente, l'OFCE table sur un déficit de 2,9% en 2017, de 2,6% en 2018 - soit la prévision gouvernementale - et de 2,9% en 2019, année où le CICE sera transformé en baisses pérennes des cotisations sociales patronales, ce qui va augmenter durant une année les dépenses de l'Etat.

... et COE Rexecode salue la réforme du marché du travail de Macron

COE-Rexecode, lui, table sur une croissance de 1,7% cette année puis de 1,6% en 2018 mais reste en revanche plus sceptique la trajectoire pluriannuelle arrêtée par le projet de loi de finances (PLF) 2018 qui prévoit une croissance annuelle de 1,7% jusqu'en 2021. En effet, pour l'institut, « des freins structurels à la croissance française demeurent, compétitivité-coût insuffisante ; niveau et structure des prélèvements obligatoires ».

Pour autant, l'institut souligne que deux ensembles de mesures vont être de nature à renforcer la croissance potentielle. Il s'agit tout d'abord des mesures sur le travail, notamment les ordonnances, qui vont permettre de :

« Faire évoluer les salaires davantage en phase avec les gains de productivité. Par ailleurs, la plus forte mobilité de la main-d'œuvre devrait permettre aux entreprises de se réorganiser plus facilement et aux salariés de s'orienter vers les secteurs les plus porteurs, ce qui augmenterait durablement les gains de productivité et donc la croissance potentielle. »

COE Rexecode risque un chiffrage. Pour lui, l'impact économique que l'on peut attendre des ordonnances pourrait être de l'ordre de 160.000 emplois supplémentaires à moyen terme (2022) ainsi « qu'un relèvement du PIB potentiel de 0,6 point".

Ensuite, l'autre facteur positif proviendrait de la réforme de la fiscalité du capital qui « stimulera la croissance ». COE Rexecode se félicite ainsi de la suppression de l'ISF « cette anomalie française » et de l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique de 30%, qui correspond grosso modo à la moyenne européenne.

In fine, selon l'Institut, si l'on ajoute les réformes du marché du travail et celles de fiscalité, le PIB potentiel de 2022 sera supérieur de 1 à 1,5 point au niveau qu'il aurait atteint en l'absence de ces réformes...

Un effort à faire sur la compétitivité-coût

COE Rexecode estime aussi que les autres réformes prévues dans le PLF et le PLFSS  (financement sécurité sociale) de 2018  - suppression des cotisations salariales chômage et maladie et augmentation de la CSG ; suppression progressive de la taxe d'habitation, début de la baisse de l'impôt sur les sociétés, etc. - devraient entraîner une très légère baisse des prélèvements obligatoires en 2018 : - 0,6 milliard d'euros pour les ménages et -1,9 milliard pour les entreprises.

Reste que pour COE Rexecde, deux problèmes restent impérativement à régler pour « booster » l'économie française. Il s'agit d'abord de poursuivre l'amélioration de la compétitivité-coût de la France. Selon l'Institut, depuis 20 ans la perte de compétitivité extérieure est le principal frein à la croissance. Le CICE et le pacte de responsabilité n'auraient permis de corriger qu'un quart de la dérive des coûts entre la France et l'Allemagne. Trop d'impôts de « production » pèseraient encore sur les comptes d'exploitation (CVAE, CFE, etc.). Aussi, l'Institut recommande un allègement de ces prélèvements.

COE Rexecode se montre également sceptique sur la réduction de la dépense publique, estimant que l'on n'arrive pas à « identifier les mesures concrètes d'économies qui doivent être distinguées des moindres hausses ». Il estime ainsi que l'intention du gouvernement de baisser le poids des dépenses publiques dans le PIB de 3 points doit se traduire par de « vraies » baisses de ces dépenses publiques...

Enfin, note positive, selon l'OFCE et COE Rexecode, les créations d'emplois devraient se poursuivre, quoiqu'à un rythme plus modéré, et le taux de chômage devrait baisser en France métropolitaine de 9,2% à la fin du deuxième trimestre 2017 à 8,9% fin 2018. L'OCDE pronostique même un taux de 8,5% fin 2019.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 43
à écrit le 21/10/2017 à 9:58
Signaler
...."faire evoluer les salaires davantage en phase avec la productivité...."😂😂 il est vrai que depuis 10 ans les salaires ont été un frein à la croissance économique.....le salaire médian est à 1790 €....il est vrai que pour certains 500 € seraient ...

à écrit le 20/10/2017 à 18:32
Signaler
"sauf accident conjoncturel" hahahahaha j'adore ! Sinon le titre est mensonger, nombreux sont les économistes à penser le contraire...

à écrit le 20/10/2017 à 14:30
Signaler
Les fruits de la croissance doivent etre redistribués au peuple,notamment les retraités durement touchés par la hausse de la csg.

le 20/10/2017 à 17:12
Signaler
Il le sait le retraité Cgtiste qu on a 100% de dette grâce à sa génération ou bien? Faire un effort pour les toutes petites retraites ok, les autres ils se serrent la ceinture comme les autres

à écrit le 20/10/2017 à 13:54
Signaler
J’espère que notre situation s’améliorera un jour, J’espère ..Mais rien n’est sûr. On pourra dire que la situation s’améliore réellement que lorsqu’on sera redescendu au taux de chômage de 5%. Quant aux prévisions par des organismes type OFCE, comme ...

le 20/10/2017 à 16:40
Signaler
Tout à fait!

à écrit le 20/10/2017 à 11:59
Signaler
le regain d optimisme en Europe ne sera que provisoire ! sans aucun doute

à écrit le 20/10/2017 à 11:58
Signaler
le regain d optimisme en Europe ne sera que provisoire ! sans aucun doute

à écrit le 20/10/2017 à 11:50
Signaler
Les fruits de la croissance sont captés par une minorité. Démocratisation de la dette, privatisation des bénéfices.

à écrit le 20/10/2017 à 11:28
Signaler
Saint Thomas etait-il francais ?

à écrit le 20/10/2017 à 11:11
Signaler
une croissance pérenne,c'est une gagnotte plus importante.il est temps d'utiliser cette cagnotte pour ceux qui en ont un besoin urgent:les collectivités locales,a bout de ressource,et le dégel du point d'indice des fonctionnaires.

le 20/10/2017 à 13:44
Signaler
Ca y est, on recommence le cout de la cagnotte !! Quel délire, on aune dette de près de 100% du PIB, contre un engagement voté par Mittérand en 92 (Maastricht) de 60%. Si on se tape une grosse crise comme celle de 2008, on est dans les 140, on fini...

à écrit le 20/10/2017 à 9:40
Signaler
"et COE Rexecode salue la réforme du marché du travail de Macron" Il suffit d'aller sur leur site et vérifier la liste des adhérents ( ils sont combien à avoir financé la campagne de Macron dans le paquet ?) pour voir rapidement qu'il s'agit d'ide...

à écrit le 20/10/2017 à 9:31
Signaler
"Par ailleurs, la plus forte mobilité de la main-d'œuvre devrait permettre aux entreprises de se réorganiser plus facilement" Ca doit-être pour cela que l'etat va supprimer l'APL accession ,pourquoi faire de la main-oeuvre des proprietaires dans ...

à écrit le 20/10/2017 à 8:46
Signaler
"la réduction du déficit public sera lente, l'OFCE table sur un déficit de 2,9% en 2017, de 2,6% en 2018 - soit la prévision gouvernementale - et de 2,9% en 2019" Désolé mais c'est pas ce qu'on peut appeler une réduction des déficits ça. Depuis q...

le 20/10/2017 à 10:08
Signaler
Vous passez votre temps à dénoncer les politiques d'austérité, de casse du modèle social, et vous vous plaigniez également que le déficit ne baisse pas assez vite. Si vous voulez le ramener à 0, pas de soucis, cela peut se faire en un an : suppressi...

le 20/10/2017 à 10:20
Signaler
"Vous passez votre temps à dénoncer les politiques d'austérité, de casse du modèle social, et vous vous plaigniez également que le déficit ne baisse pas assez vite" Non je ne dénonce rien du tout j'analyse, réflexe d'indépendant professionnel jus...

le 20/10/2017 à 10:56
Signaler
Vous m'expliquez comment on fait payer les riches qui en une semaine peuvent partir à Bruxelles ou Genève ? Vous êtes au courant que nos frontières ne sont pas un mur de Berlin ?

le 20/10/2017 à 11:41
Signaler
Bien connu en politique économique, à court terme une réforme de structure coûte, principalement pour 3 raisons. Elles sont parfois déflationniste (d'où l'intérêt de les faire en phase d'expansion), il faut acheter la réforme par des compensations et...

le 31/10/2017 à 15:08
Signaler
"Vous m'expliquez comment on fait payer les riches qui en une semaine peuvent partir à Bruxelles ou Genève ? " Ils sont déjà partis cela ne sert donc à rien de les épargner et ils ne reviendront jamais à moins de supprimer les paradis fiscaux. ...

à écrit le 20/10/2017 à 7:54
Signaler
On peut en effet se réjouir de la reprise de la croissance, tout en se demandant pourquoi faire ? Créer une cagnotte - tout dépenser Créer des profits - créer des emplois Financer le déficit public - mener des réformes pour réduire les dépenses ...

à écrit le 20/10/2017 à 7:51
Signaler
La croissance dans le chaos n'est que subjectif, attendons la décantation pour voir la réalité des choses!

à écrit le 20/10/2017 à 6:37
Signaler
C'est vraiment miraculeux en trés peu de mois ! Ce Micron est un adversaire sérieux pour Jésus dans la mémopire collective .....

à écrit le 20/10/2017 à 3:07
Signaler
coe rexecode est un lobby qui fait pression pour satisfaire les intérêts de ses financeurs. OFCE regroupe des économistes. On ne peut pas les mettre sur le même plan!

à écrit le 20/10/2017 à 1:53
Signaler
On peut évidemment croire COE-REXECODE, qui devrait évaluer combien de millions d'emplois la fin de l'autorisation administrative de licenciements du père à l'actuel M. GATTAZ à créer. Et qui se félicitait des soi-disant réformes de SARK...

le 20/10/2017 à 10:43
Signaler
On ne spolie pas les salariés : en période de fort chômage leur rémunération devrait être quasi nulle, le marché du travail étant un marché comme un autre.

à écrit le 19/10/2017 à 23:06
Signaler
Pendant ce temps là, les créances Target 2 de l'Allemagne atteignent un niveau sans précédent (880 milliards €) et la tendance n'est pas à la baisse... nous rapprochant de plus en plus de l'éclatement de la zone euro ... https://www.facebook.com/p...

le 20/10/2017 à 16:30
Signaler
Surtout, l'invasion des marsiens va démarrer

le 20/10/2017 à 20:21
Signaler
On peut penser ce que l'on veut de l'UPR mais pour contrer une argumentation il faut une contre argumentation, pas une pseudo moquerie faisant en plus ressortir vos carences en orthographe (on dit "martiens" crénom !). Mais pour cela il faut savoir c...

à écrit le 19/10/2017 à 21:12
Signaler
l'OFCE feint simplement "d'oublier" que le seul élément positif de la politique économique de Hollande, la politique de l'offre (CICE, pacte de compétitivité) lui a été soufflé par son secrétaire général adjoint, un certain Emmanuel M.

le 20/10/2017 à 3:11
Signaler
La croissance française est surtout due au redécolllage de la croissance européenne. Hollande n'y est pour rien en encore moins macron!

le 20/10/2017 à 10:35
Signaler
@bruno-bd Rendu public en novembre 2012, le Rapport Gallois « Pacte pour la compétitivité de l'industrie française » préconisait un «choc de compétitivité de 30 milliards d'euros», pour redonner des marges de manœuvre aux entreprises, pour l’innovat...

le 20/10/2017 à 10:51
Signaler
@Marco1 : L'Elysée a désigné Gallois pour élaborer ce rapport... Il ne s'agit pas de minimiser la qualité de son analyse mais de rappeler que tant dans l'initiative de ce rapport que dans la décision d'appliquer ses conclusions avec le lancement de l...

le 20/10/2017 à 11:02
Signaler
@gringo : Hollande espérait s'en sortir, comme Jospin en 1997, par le redémarrage spontané de la croissance française en raison de l'amélioration de la conjoncture européenne... qui n'est pas venu. La France de 2012-13 a connu à peu près la même situ...

à écrit le 19/10/2017 à 19:21
Signaler
1, 7 de croissance et les économiste annoncent l'Eldorado , ils ont de l'avenir , vu leurs conseilles les années précédentes . L'année prochaines sera extravagante encore .

à écrit le 19/10/2017 à 19:16
Signaler
Où en est-on de la fin des 35h et du non remplacement des départs à la retraite des fonctionnaires ?

à écrit le 19/10/2017 à 18:48
Signaler
on voit toujours plus d'articles dans Ouest France, par exemple, sur des secteurs qui manquent de candidats pour des emplois ou de l'apprentissage. le niveau des offres est toujours élevé sur Apec, Ouestjob, Cadremploi ou Village de la Justice. le n...

à écrit le 19/10/2017 à 18:33
Signaler
Dans les faits d'abord, la soumission macronienne aux exigences euro-libérales est totale. La mise en pièce du code du travail ou la baisse de la dépense publique par les suppressions de 120.000 emplois aidés sont autant de "réformes structurelles" r...

le 19/10/2017 à 18:52
Signaler
Il n'est pourtant qu’un pathétique aveu. Cet aveu révèle que les partis politiques mis en avant par les médias - En Marche comme parti unique de gouvernement officiel – et France Insoumise et Front National comme partis d'oppositions officiels - s...

le 19/10/2017 à 20:26
Signaler
A 2,6% du PIB de déficit, la France sera en 2018 lanterne rouge des déficits publics en Europe. Pour une fois je suis d'accord avec Varoufakis, le refus obstiné de la France à tailler pour de bon dans sa dépense publique en fera la destination de la ...

le 19/10/2017 à 22:24
Signaler
@Gédéon Nous adressons tous nos remerciements à MM. Mélenchon, Mendes et Philippot et ..bruno-bd pour prouver chaque jour un peu plus que les analyses de François Asselineau et de l'UPR sont en train de s'imposer comme élément décisif et structuran...

le 20/10/2017 à 9:10
Signaler
@Mates : vous avez raison, en 2022 Asselineau dépassera peut-être les 1%... avec peut être une percée vers les 1,5%... sauf si d'ici là le Brexit a tourné à la bérézina pour le Royaume-Uni, ce qui est très hautement probable.

le 20/10/2017 à 10:04
Signaler
Le pacte de stabilité a été signé par Mitterand et avalisé par les Français en 1992. Macron avait alors 15 ans, collégien brillant mais certainement pas dans les coulisses du pouvoir à l'époque. Comment pouvez vous lui repprocher de respecter un eng...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.