Retraites complémentaires : syndicats et patronat s'écharpent sur la revalorisation des pensions du privé

Les négociations entre syndicats et patronat sont « entrées dans le dur » à la fin de la semaine dernière sur la revalorisation à venir des pensions complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco). Les syndicats réclament une hausse qui suit l'inflation sur la période 2023-2026 alors que le patronat préfère une « sous-indexation ».
Syndicats et patronat ont jusqu'au 4 octobre pour définir les règles qui s'appliqueront dès le 1er novembre, pour la période 2023-2026.
Syndicats et patronat ont jusqu'au 4 octobre pour définir les règles qui s'appliqueront dès le 1er novembre, pour la période 2023-2026. (Crédits : Reuters)

Entamées débuts septembre, les négociations hebdomadaires autour du futur montant des retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco) entrent dans leur dernière ligne droite. Géré paritairement entre syndicats et patronat, ce régime verse chaque année plus de 87 milliards d'euros de pensions à 13 millions de retraités. Le dernier accord-cadre, conclu en 2019, arrive à échéance, et les protagonistes ont jusqu'à ce mercredi 4 octobre pour définir les règles qui s'appliqueront dès le 1er novembre, pour la période 2023-2026.

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Syndicats et patronat se sont ainsi réunis ce vendredi 29 septembre pour une avant-dernière séance. « C'était une bagarre de chiffres » et la négociation sera difficile cette semaine, a résumé le négociateur de Force ouvrière (FO) Michel Beaugas.

Une revalorisation « indexée sur l'inflation » au cœur des débats

Selon Yvan Ricordeau (CFDT), « il y aura une hypothèse centrale », celle d'une revalorisation « indexée sur l'inflation » ou au moins « proche de l'inflation » au 1er novembre, a-t-il détaillé. Pour rappel, la hausse générale des prix s'est élevée à +4,9% en septembre, soit un niveau égal à celui d'août mais supérieur à celui des mois précédents. La discussion sera surtout difficile pour la période 2024-2026, puisque les syndicats aimeraient suivre l'inflation, tandis que le patronat pencherait plutôt pour une « sous-indexation », pour éviter tout déficit sur la période.

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Plusieurs organisations syndicales réclament ainsi une augmentation d'au moins 5 à 5,2%. Pour justifier cette hausse, les syndicats mettent en avant l'excellente santé financière du régime qui dispose actuellement de réserves financières équivalant à 9 à 10 mois de pensions à verser. Soit davantage que sa « règle d'or » qui impose de conserver six mois d'avance, sur un horizon de 15 ans. Contrairement au régime général, l'Agirc-Arrco a dégagé ces dernières années de copieux excédents : 2,6 milliards en 2021 et plus de 5 milliards en 2022. Et, autre argument, la réforme des retraites doit apporter au régime 22 milliards supplémentaires sur 15 ans.

Baisse de cotisation, nouveaux droits, fin du « malus »...

De l'autre côté, le patronat pencherait plutôt pour une hausse autour de 4,6%, d'après plusieurs syndicats, ce qu'il n'a pas confirmé à la presse. Il plaide pour une « baisse de cotisations » et se montre aussi favorable à l'idée d'introduire de nouveaux droits pour les retraités cumulant emploi et retraite.

Autre sujet sur la table des négociations, et qui était « quasiment acté » suite à l'une des réunions de septembre selon les syndicats, la suppression du « malus » (ou coefficient de solidarité). Ce mécanisme, instauré en 2019 dans une période de vaches maigres pour renflouer les caisses, visait à inciter les salariés à travailler un an de plus - soit à l'époque jusqu'à 63 ans - alors même qu'ils remplissaient déjà les conditions pour partir à taux plein. À défaut, ils voyaient leur pension complémentaire amputée de 10% pendant trois ans.

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Mais les marges risquent de se réduire. Car l'exécutif s'invite à la table. La dernière question « c'est, "comment on traite le hold-up du gouvernement ?" », a d'ailleurs rappelé Denis Gravouil (CGT). Le gouvernement réclame en effet au moins un milliard d'euros à l'Agirc-Arrco pour financer la revalorisation des petites retraites prévue par sa réforme. Les partenaires sociaux pourraient envisager des « mesures de solidarité en interne », plutôt autour de 300 à 400 millions d'euros, mais « pas question de mettre un milliard », a prévenu Pascale Coton (CFTC). Elle a appelé le gouvernement à « ne pas mettre en péril ce régime » actuellement « bien géré » par les partenaires sociaux. Sinon, a-t-elle prévenu, l'exécutif « devra rendre des comptes devant les Français ».

(Avec AFP)

Commentaires 29
à écrit le 06/10/2023 à 5:15
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Bonjour, la réforme des retraite n'a pas été faites pour les femmes qui ont 52 % de moins de retraite que les hommes. NON car toutes les femmes qui n'ont pas les 120 trimestres et qui sont les plus pauvres et défavorisées celles là n'ont pas de suppl...

à écrit le 04/10/2023 à 8:30
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l'état dirigé par des incapables veut vider nos caisses de retraites bien gérées par les syndicats et patronat pour payer un tas de tricheurs qui ont travaillé au noir , des fonctionnaires qui travaillent 3h par jour et autres..... politiques dont ...

à écrit le 03/10/2023 à 20:54
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Bonsoir, J’invite fortement tous les représentations syndicales à ne pas donner quoique ce soit au gouvernement de notre pactole . Il nous appartient à nous retraités et à personne d’autre. Merci à vous tous d’entendre ma voix mais qui est celle aus...

à écrit le 03/10/2023 à 11:11
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Il serait alors urgent de distribuer les 60 milliards de réserve d’AGIRC-ARRCO aux retraités avant que l’Etat mette la main dessus !!

à écrit le 03/10/2023 à 9:26
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L'AGIRC (caisse des cadres) et l'ARRCO (complémentaire en dessous du plafond de la CNAV) sont financées par les cotisations employés et employeurs du privé. Une gestion prudente a permis de mettre des réserves de coté en diminuant les pensions de ce...

à écrit le 03/10/2023 à 7:56
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Ca marche pas trop mal entre SYNCICATS et PATRONS , régime en équilibre financier , que vient y faire l' ETAT A PAR PIQUER DANS LES CAISSES REMPLIES par le PRODUIT DU TRAVAIL

à écrit le 03/10/2023 à 4:06
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On rechigne pour augmenter les retraites des cotisants peut etre pour en donner plus a l etat en puisant sur les excedants.Que vient faire l etat AGIRC ARCO est une caisse PRIVEE .A quand l etat puissera dans les compte BANCAIRE DES FRANCAIS.

à écrit le 02/10/2023 à 17:28
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Bonjour Bon ils me semblent que ses caisses ne sont pas négatives... Donc la revalorisation devrait être au minimum proportionnelle a l'inflation actuelle... Après tous ils s'agit des cotisations des travailleurs... Surtout que la préparation des...

le 02/10/2023 à 18:16
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N'oublions pas que 21% de la cotisation AGIRC ARCO ne genere pas de droits a la retraite (taux d'appel de 1,27 pour une cotisation de 1) ; la priorite semble de mettre fin a ce hold-up mensuel et que chaque euro de cotisation genere des droits.

à écrit le 02/10/2023 à 15:10
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Bravo aux syndicats de défendre le régime des retraites pour l'avenir des retraités. Merci beaucoup.

le 03/10/2023 à 0:20
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Avant de les félicités attendons de voir ce qu'ils obtiendront, si c'est comme pour la réforme des retraites pas la peine de les félicités mais faudra se demander à qui et à quoi ils servent...

à écrit le 02/10/2023 à 13:52
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Ils veulent faire comme ils avaient fait quand on a pique pour les agriculteurs por des gens qui ne cotisent pas.

à écrit le 02/10/2023 à 13:44
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" l'Agirc-Arrco a dégagé ces dernières années de copieux excédents : 2,6 milliards en 2021 et plus de 5 milliards en 2022." On peut rappeler qu'il y a un système de bonus-malus toujours en cours , instauré en 2019 (voté en 2015 par les partenaires...

à écrit le 02/10/2023 à 12:52
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il y a urgence que les épargnants retirent leurs économies livret A Pel etc l’état vat les ponctionner Ce pouvoir à conduit le pays à la faillite générale

le 02/10/2023 à 16:10
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Vous écrivez " Ce pouvoir à conduit le pays à la faillite générale " Non cela fera bientôt cinquante ans que les gouvernements successifs pondent des budget déficitaires. Et pour quoi ? Parce que les Français le leur demandent , que dis-je , les Fran...

le 03/10/2023 à 0:21
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Macron reste le plus depensier de tous. Même Sarkozy a pas fait pire...

à écrit le 02/10/2023 à 11:54
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Une "guerre des classes" perpétuelle, celle opposant le Capital vs le Travail. Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, un visionnaire avant l'heure? Cet économiste suisse, d’abord influencé par Adam Smith, embrassa la cause libérale et fréquenta le...

le 02/10/2023 à 16:52
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La France est le pays le plus redistributif ce qui réduit considérablement l'écart des revenus entre les plus aisés et les plus défavorisés.

le 02/10/2023 à 18:53
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@marc469. Vous connaissez "bien" la France, comme votre "lead manager" à l'Elysée. Tout est relatif en matière de redistribution. Oui, effectivement, la France nourrit une forme de fainéantise parce qu'elle tient les populistes à distance (vous imagi...

à écrit le 02/10/2023 à 11:26
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L'état n'a pas à piquer dans les caisses Agirc Arrco pour compenser ses imprévoyances

à écrit le 02/10/2023 à 10:20
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Avez-vous écouté cette intervention qui évoquait l'ineptie de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes) alors que le même gouvernement dit que le financemen...

le 02/10/2023 à 11:57
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le probleme de la taxe d habitation, c est qu elle etait calculee sur des bases fantaisistes. une maison recente allait payer un max mais la meme maison ancienne et renovee quasiment rien. Comme l etait delicat de faire exploser la taxe d habitation...

le 02/10/2023 à 11:58
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le probleme de la taxe d habitation, c est qu elle etait calculee sur des bases fantaisistes. une maison recente allait payer un max mais la meme maison ancienne et renovee quasiment rien. Comme l etait delicat de faire exploser la taxe d habitation...

le 02/10/2023 à 12:15
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Les ploutocraties ont été un choix public, même en démocratie, alors que beaucoup (même le "quidam") l'ont appelé de leur vœu (par avidité ou ignorance). Une fois les ressources naturelles suffisamment exploitées, pillées et transformées en une conce...

le 02/10/2023 à 13:49
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@Raymond Analyse intéressante. Mais comment expliquer l'attirance (savamment dirigée par des agents qui n'ont jamais été confrontés au travail per se) vers des entités (terme non pertinent dans le cas) comme la Russie; où la ploutcratie émane de la k...

le 02/10/2023 à 15:09
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@PM. Je ne suis pas certain d'avoir bien compris votre interrogation. Effectivement, une kleptocratie (le pouvoir central dans l'ancien régime soviétique) exerce sa domination via une économie planifiée récompensée par la corruption. Avec son ouvert...

le 02/10/2023 à 15:30
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Vous ne le savez peut-être pas mais déjà les cadres cotisent plus pour financer les retraites des salariés aux revenus plus faibles. Et ce n'est pas négligeable même colossal si l'on considère que la solidarité doit être financer par l'impôt et non p...

le 02/10/2023 à 15:46
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@Louis Pivert Enfin, la différence d'espérance de vie entre un cadre et un salarié est de 6 ans. Pourquoi ne pas réduire raisonnablement les confortables pensions des premiers et augmenter en même temps leurs cotisations ? C'est même l'inverse ...

à écrit le 02/10/2023 à 10:15
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Notre pouvoir d'achat et nos conditions de travail aussi avec les syndicats sont toujours menacés.

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