Le gouvernement israélien lance « une offensive diplomatique » contre l'Iran dans l'attente d'une possible « riposte »

Le ministre des Affaires étrangères israélien a annoncé lancer une « offensive diplomatique » contre Téhéran, ce mardi, en réponse à l'attaque massive et sans précédent lancée par l'Iran. La veille, l'armée israélienne a, elle, promis lundi « une riposte » malgré les appels de nombreux pays, Etats-Unis en tête, à éviter un embrasement au Moyen-Orient, où la guerre fait rage dans la bande de Gaza. Mais, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, pourtant sous pression, prend son temps pour rendre sa décision. De son côté, l'Iran a menacé d'une « réponse sévère, étendue et douloureuse » en cas de riposte israélienne.
Benjamin Netanyahou
Benjamin Netanyahou (Crédits : POOL)

[Article publié le lundi 15 avril 2024 à 22H52 et mis à jour le mardi 16 avril 2024 à 11H19] Une « offensive diplomatique », telle est la réponse à l'attaque sans précédent lancée par l'Iran dans la nuit de samedi à dimanche prônée par le ministre des Affaires étrangères israélien. Ce dernier a pris la parole, ce mardi, déclarant mener, « parallèlement à la réponse militaire aux tirs de missiles et de drones, une offensive diplomatique contre l'Iran ». Ce proche du Premier ministre Benjamin Netanyahou, considéré comme un des faucons de son gouvernement ultra-conservateur, souhaite imposer des sanctions contre Téhéran, et faire reconnaître le corps des Gardiens de la Révolution islamique comme organisation terroriste, « afin de freiner et d'affaiblir l'Iran ».

À cet effet, Israël Katz a dit avoir envoyé une lettre « à 32 pays » et s'être entretenu avec « des dizaines de ministres des Affaires étrangères et de personnalités du monde entier », sans toutefois préciser les Etats concernés. Pour rappel, les Gardiens de la Révolution islamique, organisation paramilitaire de la République islamique, est déjà listée comme organisation terroriste par les Etats-Unis et fait l'objet de sanctions de la part de l'Union européenne. « Il faut arrêter l'Iran maintenant, avant qu'il ne soit trop tard », a-t-il conclu.

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Le chef d'état major de l'armée promet une « riposte »

Ces propos font suite à ceux, la veille, du général Herzi Halevi, l'armée de l'Etat hébreu. Malgré les appels de nombreux pays, Etats-Unis en tête, à éviter un embrasement au Moyen-Orient, le chef d'état-major de l'armée, a promis, lors d'une visite de la base de Nevatim, dans le sud du pays, endommagée par les tirs iraniens, qu'Israël va « riposter au lancement de ces si nombreux missiles, missiles de croisière et drones sur le territoire de l'Etat d'Israël ».

« Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger l'État d'Israël, et nous le ferons à l'occasion et au moment que nous choisirons », a ajouté l'amiral Daniel Hagari, également présent lors de la visite de la base de Nevatim.

De son côté, Benjamin Netanyahou, également président du cabinet de guerre israélien qui s'est réuni dimanche puis lundi, est, pour l'heure, resté silencieux sur la forme que pourrait prendre une éventuelle riposte. Lundi soir, le Premier ministre s'est contenté d'appeler la communauté internationale à « rester unie » face à « l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale » et a tenu à saluer « le soutien des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et d'autres pays pour contrecarrer l'attaque iranienne ».

Dilemme

Sous pression, Benjamin Netanyahou prend son temps pour rendre sa décision. Doit-il frapper vite et fort au risque de l'embrasement ou jouer la montre pour empocher des gains diplomatiques ? Des ministres sont en revanche montés au créneau. Parmi les faucons, Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité intérieure qui, dès la nuit de l'attaque, a plaidé pour une réplique « écrasante. » Ce à quoi le chef de l'opposition, Yair Lapid, a répondu que « demander aux ministres de ce gouvernement d'adopter un comportement responsable est mission impossible, mais ils doivent au moins cesser de pérorer dans les médias en menaçant l'Iran ».

L'ancien Premier ministre Ehud Barak a, lui, fustigé ceux « qui veulent mettre le feu à tout le Moyen-Orient » et accusé Benjamin Netanyahou de n'obéir qu'à « des raisons personnelles de survie politique. »

Washington ne veut pas d'une guerre étendue avec l'Iran

Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis ont d'ores et déjà dit ne pas vouloir « d'une guerre étendue avec l'Iran » , et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles contre Téhéran. Alors qu'ils ont contribué à défendre Israël lors de l'attaque iranienne, le Royaume-Uni et la France ont pris leur distance. Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, a également exclu une participation de son pays à une riposte et Emmanuel Macron a appelé à éviter un « embrasement » régional.

Israël joue gros dans cette affaire car, sans ses alliés occidentaux et arabes -Jordanie et Arabie saoudite-, son Dôme d'acier et ses chasseurs auraient probablement été saturés par le feu iranien. La coalition tactique menée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, et impliquant des pays de la région comme la Jordanie, est un projet qu'Israël avait en tête depuis plusieurs années. En septembre 2022 encore, Israël avait dit souhaiter la formation d'une « coalition de dissuasion » contre l'Iran et avait sollicité l'aide de nombreux pays, dont la France, sans que cela n'aboutisse.

Ce gain est donc précieux pour le pays, a fortiori alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken évoquait fin-mars un risque pour Israël de « s'isoler davantage », au regard du lourd bilan civil de la guerre avec le Hamas à Gaza.

Paradoxalement, cette union sacrée face à l'Iran « limitera la liberté d'action pour sa réponse », notait sur X dimanche matin Tamir Hayman, le directeur de l'Institut d'études sur la sécurité nationale (INSS) et ancien militaire. Pour ne pas froisser ses alliés, Israël pourrait donc temporiser d'éventuelles représailles. Ce ne sera « pas frontal » pronostique Jean-Loup Samaan, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), pour qui une telle option ne recueillerait pas l'aval américain.

Un diplomate d'un pays ayant participé à la coalition a dit à l'AFP être « satisfait » que « la ligne des faucons » ne l'ait pas emporté au cours du week-end.

« On leur dit : travaillons ensemble à la désescalade, il y a une fenêtre d'opportunité où vous avez la sympathie de l'opinion », commente le diplomate, ajoutant : « rien n'est exclu à ce stade ».

L'Iran menace d'une « réponse sévère » en cas de riposte d'Israël

De son côté, l'Iran ne compte pas non plus rester sans réponse en cas d'une riposte d'Israël. Lundi, son président, Ebrahim Raïssi, a, en effet, prévenu, au cours d'un entretien téléphonique avec l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, que « la moindre action contre les intérêts de l'Iran entraînera certainement une réponse sévère, étendue et douloureuse contre tous ses auteurs ».

Le président iranien a indiqué que son pays avait visé ce week-end, « en exerçant son droit à l'autodéfense », les « centres » où avait été organisé le bombardement, imputé à Israël, d'une annexe de l'ambassade d'Iran à Damas, en Syrie, le 1er avril. Cette opération inédite « a été menée à bien avec succès avec l'objectif de punir l'agresseur », a-t-il ajouté.

Le président iranien a, par ailleurs, de nouveau dénoncé « le soutien aveugle de certains pays occidentaux au régime sioniste », qui est « une cause de tension dans la région », selon le communiqué.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Ali Bagheri, a également averti lundi soir sur la télévision d'Etat les autorités israéliennes que, en cas de réplique, « elles devront s'attendre à un coup plus fort, plus rapide et plus immédiat » de la part de l'Iran. « Elles n'auront pas un délai de 12 jours », a-t-il indiqué en référence à la durée ayant séparé la frappe de Damas et l'attaque contre Israël. « En fait, la réponse qu'ils recevront ne se mesurera pas en jours ou en heures, mais en secondes », a-t-il ajouté. Israël « ne devrait pas répéter cette erreur stratégique par une autre erreur », a-t-il encore prévenu.

Gaza bombardée

L'armée israélienne a bombardé lundi la bande de Gaza, après avoir affirmé que l'attaque iranienne ne la ferait pas dévier de ses objectifs face au Hamas, allié de l'Iran, cible de son offensive menée depuis plus de six mois dans le territoire palestinien. Pour le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, les victimes de cette frappe étaient des « terroristes » agissant contre Israël. L'armée israélienne a, par ailleurs, annoncé que quatre soldats avaient été blessés en territoire libanais. Le Hezbollah avait affirmé auparavant avoir activé des « engins explosifs » au passage de soldats israéliens ayant traversé la frontière.

Commentaires 13
à écrit le 17/04/2024 à 6:46
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Bonjour, s'est moche cette guerre qui se rapproche... Bon ils faut dire que depuis la creation de l'etat d'Israël les accords de l'Onu n'ons jamais étaient appliquées... Pas de creation d'un etat palestiniens. Maintien de la colonisation. Occup...

à écrit le 16/04/2024 à 22:43
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le mieux serait de mettre le foutoir en Iran, bien synchroniser dans les pays civilisés tout ce qu'on peut trouver sur le shah d'Iran comme reportage, ce pays beau et riche, montrer comme c'était beau avant et devenu aussi moche. quand j'étais petit...

à écrit le 16/04/2024 à 20:21
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Pas besoin d’être un grand augure pour prédire que l’instabilité et la guerre continuera sans règlement du problème palestinien ce qui nécessiterait l’abandon de la colonisation. Perspective insoutenable pour la droite et l’extrême droite israélienne...

à écrit le 16/04/2024 à 19:34
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L'Iran menace la paix , les laisser posséder l'arme nucléaire n'est pas responsable. Par ailleurs , le peuple iranien a besoin d'être libéré , en particulier les femmes qui subissent les mollahs depuis trop longtemps. Israel et les américains doivent...

à écrit le 16/04/2024 à 8:05
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Il n'y aura pas de riposte , le prix du pétrole en baisse en est le meilleur indicateur. Comme l'a très bien dit Biden, Israël , en neutralisant 99% des missiles a gagné une victoire défensive !!!

le 16/04/2024 à 10:06
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C'était probablement l'intention de l'Iran, à savoir répliquer pour le principe au bombardement du consulat à Damas, mais d'une manière assez mesurée pour que les israéliens puissent facilement la déjouer et leur laisser ainsi la responsabilité d'une...

le 16/04/2024 à 21:31
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"en neutralisant 99% des missiles a gagné une victoire défensive" Encore un propos complètement absurde issu du putschiste sénile de Washington car on ne gagne rien à échapper à un génocide...

à écrit le 16/04/2024 à 7:04
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On peut pas tous penser en meme magniere.Et quand tu penses differement tu as seulement un choix que tu provais que tu as raison

à écrit le 16/04/2024 à 5:01
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Sans aucun doute des têtes vont tomber lorsque le régime autoritaire des mollahs iraniens s'y attendra le moins à défaut d'atteindre des centrifugeuses dissimulées dans des sites nucléaires souterrains qui malgré tout ont besoin d'être alimenté en...

à écrit le 16/04/2024 à 0:11
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Évidemment qu'Israel va répondre et tomber dans le piège Iranien. L'Égypte risque d'être déstabilisée par les actions d'Israël à Gaza du fait des Houtis pro iraniens qui bloquent le canal de Suez, ce qui coûte des milliards à l'Égypte avec en plus ...

le 16/04/2024 à 11:02
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De même, un des objectifs politiques des attaques du 7 octobres était de pousser Israel à surréagir et de torpiller leur projet de rapprochement avec les pétromonarchies du Golfe qui aurait affaibli l'influence de l'Iran dans la région...

le 16/04/2024 à 12:46
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@reponse de o - Exact. Ce qui tend à un embrasement généralisé au M-O.

le 16/04/2024 à 19:42
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@Valbel89 : ou au maintien d'un status quo arrangeant tout le monde, comme la guerre Irak-Iran où les Américains comme les Russes avaient fourni des armes aux deux belligérants pour s'assurer d'un match nul à l'arrivée...

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