Donald Trump entrave-t-il la liberté d'expression sur Twitter ?

L'ONG Knight First Amendment Institute considère que Donald Trump ne peut pas bloquer les comptes Twitter des internautes qui ne sont pas d'accord avec lui. Les avocats de l'organisation, qui milite en faveur de la liberté d'expression, mettent en avant le premier amendement de la constitution américaine pour affirmer que le comportement du président américain est inconstitutionnel.
Grégoire Normand
Depuis la campagne présidentielle en 2015, Donald Trump a exprimé plus de 330 insultes à l'égard de ses adversaires politiques, des médias ou des nations étrangères.

Le comportement de Donald Trump sur Twitter pourrait se retourner contre lui. Dans une lettre envoyée au président américain ce mardi 6 juin, le Knight First Amendment Institute a demandé au chef d'Etat d'arrêter de bloquer des comptes Twitter des internautes qui le critiquent ou qui ne sont pas d'accord avec lui. Sur le réseau social, le titulaire d'un compte peut bloquer d'autres utilisateurs. Ce qui empêche ces derniers de suivre des comptes, trouver des tweets en effectuant des recherches lorsqu'ils sont connectés à Twitter, envoyer des messages privés ou publics.

"Un forum public"

Le Knight First Amendment Institute, une organisation non-gouvernementale en faveur de la liberté d'expression, considère que le compte Twitter du président américain @realDonaldTrump est "un forum public" assujetti au premier amendement de la Constitution. Selon l'organisation rattachée à l'université de Columbia, le premier amendement interdit au gouvernement d'exclure des individus d'un forum public pour leurs opinions. Jameel Jaffern, directeur exécutif du Knight First Institute a ainsi déclaré:

"Bien que les rédacteurs de la constitution n'avaient sûrement pas envisagé les comptes Twitter présidentiels, ils avaient compris que le président ne devait pas être autorisé à interdire les opinions du discours public simplement parce'qu'il les trouvait désagréables. Après avoir ouvert ce forum aux nouveaux venus, le président ne peut pas les exclure simplement parce qu'il n'aime pas ce qu'ils disent".

Les avocats de plusieurs utilisateurs bloqués ont ainsi argué dans leur lettre que "le compte Twitter (du président ndlr) agit comme dans un forum public conformément au premier amendement. En conséquence, le blocage des comptes de nos clients est inconstitutionnel [...] Nous demandons que ces comptes soient débloqués et également tous les autres comptes bloqués pour des raisons similaires".

Dans la missive, les avocats de l'une des titulaires d'un compte Twitter mis en cause ont déclaré:

"Bien sûr, c'est facile de comprendre pourquoi vous et vos conseillers ont pu trouver désagréables les posts de notre client. Même si ces messages sont méprisants ou acerbes, ils sont protégés par le premier amendement".

Mais tous les juristes ne sont pas d'accord sur la comparaison entre Twitter et un forum public. "La question de savoir si le fil Twitter du président est un forum public est plus compliquée" a indiqué sur Wired le professeur de droit de l'université de Washington Neil Richards spécialisé dans l'étude du premier amendement. "La loi est ici confuse, parce qu'elle essaye de prévenir les risques de discrimination du gouvernement contre des gens qui s'expriment dans la rue, mais elle essaye également de se battre contre la volonté de considérer ces plateformes comme des 'forums publics'".

Un usage frénétique de Twitter

Le milliardaire a développé un usage frénétique et compulsif de Twitter. Juste après son élection, le nouveau chef d'Etat avait promis d'utiliser Twitter de façon "plus modérée". Pendant la campagne présidentielle, le milliardaire avait exprimé pas moins de 289 insultes à l'encontre d'adversaires, de célébrités, de médias, de pays étrangers et même d'émissions de télévision selon le New-York Times. Et selon un dernier décompte en date du 2 juin, 332 insultes ont été proférées par le républicain. En d'autres termes, l'exercice du pouvoir n'a pas freiné son usage du site de micromessagerie contrairement à ce qu'il avait promis.

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Pire, l'ancien présentateur de télé-réalité a énoncé plusieurs contre-vérités et dérapages depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Le week-end dernier, Donald Trump a consacré six messages aux récents attentats de Londres et a mis en cause le maire de Londres Sadiq Khan. Il a également partagé un lien vers l'agrégateur très polémique Drudge Report pour qualifier l'attaque de terroriste sans avoir de confirmation. Ce qui a provoqué la colère de nombreux Britanniques et l'édile de la capitale a même reçu le soutien de Theresa May après les multiples provocations du chef d'Etat américain.

> Lire aussi: Attentat : le ton montre entre Trump et le maire de Londres

Malgré la mise en garde de son ancienne équipe de campagne qui lui avait interdit de tweeter à quelques jours du scrutin présidentiel, Donald Trump ne semble pas vouloir réduire son usage effréné de Twitter, quitte à être accusé de censure lorsqu'il bloque lui-même des comptes Twitter.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 07/06/2017 à 22:23
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Déjà, twitter, ça ne me dit pas grand-chose. Mais ce Tromp, il a une importance..??

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