Brexit : Michel Barnier pose ses conditions

A une semaine de l'invocation, par la Première ministre britannique Theresa May, de l'article 50, le négociateur en chef des Vingt-Sept met en garde contre un « hard Brexit » et pose ses conditions.
Michel Barnier.

Des « files de camions à Douvres », « de très graves perturbations du trafic aérien », « une suspension de la circulation des matières nucléaires » : voilà ce qui menace à compter du 29 mars 2019 si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne sans être arrivé à négocier un nouveau « deal », a expliqué mercredi à Bruxelles, Michel Barnier devant le Comité des Régions.

Alors Theresa May a expliqué qu'elle préférait « pas d'accord » à un « mauvais accord », le négociateur des Vingt-Sept préfère donc, lui, écarter l'alternative. « Ce scenario d'un non-accord (...) n'est pas le nôtre », a-t-il dit. Avant de se lancer dans toute négociation d'un « nouveau partenariat », il faudra trouver avec Londres un accord de principe sur trois sujets clés : les droits des personnes, le budget et les frontières, particulièrement entre l'Irlande du Nord et l'Irlande du Sud.

La garantie des droits des résidents

Quatre millions de Britanniques vivent sur le Continent et de Continentaux vivant au Royaume-Uni, a-t-il rappelé. « Notre priorité absolue sera de garantir leurs droits », qu'il s'agisse « des droits de résidence, de l'accès au marché du travail, des droits de retraite ou de sécurité sociale, ou encore de l'accès à l'éducation ». Le sujet soulève des questions juridiques d'une complexité abyssale, d'autant plus que Londres a d'emblée rejeté la juridiction de la Cour de Luxembourg.

Entre 50 et 70 milliards d'euros d'engagements

Second dossier clé : l'argent. Depuis un moment déjà, l'équipe de Michel Barnier a ouvert ses livres de compte pour y lire à quelle hauteur le Royaume-Uni s'est engagé financièrement vis-à-vis de ses partenaires au cours des années passées. Les quelques milliards d'euros par an que récupèreront les Britanniques en cessant de contribuer au budget de européen sont peu de choses comparés au montants de ces engagements : entre 50 et 70 milliards, selon les évaluations. « Il n'y a pas de prix à payer pour quitter (l'Union européenne). Mais il faut solder les comptes », a-t-il dit, qu'il s'agisse des fonds promis aux agriculteurs, aux chercheurs, aux régions déshéritées.

S'agissant enfin de l'Irlande, où l'inquiétude monte sur le rétablissement de douanes et de contrôle aux frontières, « nous serons particulièrement attentifs aux conséquences de la décision du Royaume-Uni de quitter l'union douanière et à tout ce qui pourrait, d'une manière ou d'une autre, affaiblir le dialogue et la paix », a-t-il averti.

Préciser le mandat du négociateur français

En d'autres termes, il faudra négocier une sortie "propre" avant de parler de la relation future. On estime à Bruxelles que cette première étape pourrait être conclue avant la fin de l'année. En attendant, les Vingt-Sept vont devoir rapidement préciser le mandat du négociateur français, sur la base de « lignes directrices » qui pourraient être assez proches de la méthode déroulée par le négociateur de l'Union, et dont le président du Conseil Donald Tusk a promis qu'elles seraient présentées aux chefs d'Etat « dans les 48 heures » suivant la notification britannique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 21
à écrit le 25/03/2017 à 9:20
Signaler
Toutes ces déclarations liminaires de part et d'autres ne sont que postures. Hard, Soft Brexit ça ne veut rien dire. In fine, il y aura des tonnes de dossiers sur des quantités de sujets, résultat de compromis, voire de compromissions qui feront le ...

à écrit le 23/03/2017 à 21:24
Signaler
Dans les négociations à venir, l'UE a dans son jeu la possibilité de rétablir les droits de douanes ce qui aurait un impact limité côté UE et désastreux pour les britanniques. Bref Michel Barnier ne fait que rappeler aux britanniques la réalité du ...

le 24/03/2017 à 0:24
Signaler
@johnmckagan: la réalité, c'est que les Britanniques ont des relations centenaires et solides avec les pays du Commonwealth et des États-Unis, pays qui soit dit en passant parlent la même langue et ont la même culture. La force de l'UE n'existe pas e...

à écrit le 23/03/2017 à 20:13
Signaler
« 1 - droits de résidence, 2 - accès au marché du travail, 3 - droits de retraite 4 - sécurité sociale, ou encore 5 - accès à l'éducation ». 1) pas de problème avec une carte de séjour en bonne et due forme; 2) même chose que pour 1; 3) prélèvement ...

à écrit le 23/03/2017 à 11:38
Signaler
Mieux vaut un bon accord qu'un mauvais procès

à écrit le 23/03/2017 à 10:45
Signaler
Michel Barnier c'est qui :-) Ha oui c'est vrai un bureaucrate qui s'imagine donner ses conditions, bon si tu agaces trop la "theresa" tu vas te retrouver avec 300000 Français au chomdu, plus d'areva, eurotunnel bloqué, une énorme galère avec l'immobi...

le 23/03/2017 à 20:16
Signaler
Plutôt qu'une critique, informez vous 1/ sur le personnage 2/ sur les condition réelle du Brexit et un peu d'élégance dans le commentaire serait la bienvenue.

à écrit le 23/03/2017 à 10:18
Signaler
La grande question qui n'est pas posée est : Ou en sera l'Europe le 29 mars 2019 ?

le 25/03/2017 à 17:12
Signaler
Exactement !!!!

à écrit le 23/03/2017 à 10:00
Signaler
Monsieur Barnier est ridicule. Dans sa posture car lorsque l on veut la paix on ne commence pas a menacer les autres, mais aussi sur le fond. Un traite n est jamais eternel, passe dans l interet des parties il prend fin lorsque l une d entre elle le ...

le 23/03/2017 à 12:19
Signaler
Contribution de quelqu'un qui n'a jamais eu à négocier et qui regarde cela de son balcon !!

à écrit le 23/03/2017 à 8:39
Signaler
Le brexit c'est pour le 29 mars et le responsable des négociations se pose encore des questions sur la forme du dossier. L'europe diesel il lui faut du temps pour chauffer, beaucoup de temps car vieux diesel. Vite un frexit.

à écrit le 23/03/2017 à 7:54
Signaler
C'est quoi un "hard Brexit " ou un "soft Brexit " ? Ils l'ont voulu : qu'ils dégagent !

à écrit le 22/03/2017 à 21:49
Signaler
L'Union Européenne ne sait décidément pas ce qu'elle veut... Quant à choisir BARNIER pour négocier...

le 23/03/2017 à 7:20
Signaler
Pas de souci. Le barnier n'est pas de taille a "negocier" avec les anglois. Ils n' en feront qu' une bouchee. Il est bon de rappeler que les sujets de Sa Majestee sont les plus retors en business. Parler affaire avec un anglais releve tjrs de la hau...

à écrit le 22/03/2017 à 21:11
Signaler
Rien sur la passeport financier européen ? ça confirme que Londres ne le discutera pas.ça va faire très très mal pour la finance internationale basée à Londres.

à écrit le 22/03/2017 à 20:56
Signaler
Ah ! nos brillants administratifs ... ce qui est utile ce sont les productifs, ingénieurs, maçons, plombiers, architectes, médecins, infirmiers, bouchers, cuisiniers, plâtriers, etc... Administratifs, politiques et financiers des parasites improduct...

le 22/03/2017 à 21:34
Signaler
Quel rapport entre l'article et votre commentaire ?

le 23/03/2017 à 8:22
Signaler
On a un beau profil d'efficacité sur la photo, peu importe l'article

à écrit le 22/03/2017 à 20:53
Signaler
Cette annonce, pourtant capitale, tombe mal le jour où le Royaume (encore) Uni vient à son tour d'être frappé par le terrorisme islamiste.

à écrit le 22/03/2017 à 20:21
Signaler
Pas de souci, je suis Français par ma mère et Britannique par mon père. De plus, si jamais l'Ecosse devient enfin indépendante, j'aurais aussi le passeport Ecossais par ma grand-mère, Fiona Mac Dowall !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.