Le futur européen dans l'impasse

Les chefs d'Etats français, allemand et italien se sont réunis hier en Italie pour évoquer l'avenir de l'Europe post-Brexit. Mis à part quelques orientations évoquées, l'avenir européen reste bien flou.
François Hollande, Matteo Renzi et Angela Merkel se sont réunis hier en Italie pour discuter de l'avenir de l'Union Européenne post-Brexit.

Voici le nouveau "club des trois" qui entend donner un second souffle à l'Europe. Hier François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi se sont retrouvés en fin d'après-midi sur le porte-aéronefs Garibaldi, au large de Naples, pour évoquer l'avenir de l'Union Européenne (UE) après la sortie du Royaume-Uni.

Mais à l'image du sommet tenu à Berlin le 28 juin dernier, juste après le Brexit, cette réunion a offert plus de symboles que de contenu. Les trois dirigeants européens ont échoué à présenter une stratégie économique commune et n'ont donné aucune indication sur les négociations autour de la sortie du Royaume-Uni.

Un mini-sommet plombé par la "course au symbole"

Si certains ont un jour vu dans le Brexit une opportunité pour refonder l'UE sur des bases concrètes et solides, leurs espoirs ont de nouveau été douchés hier. Car les chefs d'Etats français, allemand et italien s'en sont tenus à un appel de refondation européenne presque exclusivement symbolique. D'abord dans la mise en scène. Hollande, Merkel et Renzi ont effectué une courte visite sur l'île de Ventotene en mer Thyrrénienne. Une île symbolique où gisent les cendres d'Altiero Spinelli, militant italien anti-faciste emprisonné pendant la guerre par Mussolini et auteur d'un "Manifeste pour une Europe libre et unie" aux connotations fédéralistes.

Les trois représentants se sont ensuite réunis pour un dîner de travail sur le porte-aéronefs Garibaldi qui fait aujourd'hui partie de la mission Sophia de lutte contre le trafic d'êtres humains organisé par les passeurs en Méditerranée. Un autre symbole, s'il en fallait encore un, de cette Europe des valeurs qu'ont essayé de ranimer Hollande, Merkel et Renzi.

La rencontre a donc pris les airs d'un retour aux racines européennes, où chaque dirigeant a tenu à rappeler, à force de symboles et d'idéaux, le destin de l'UE post-Brexit.

"Nous respectons le choix fait par les citoyens britanniques mais nous voulons écrire un nouveau chapitre. L'Europe après le Brexit relancera les idéaux puissants d'unité et de paix, de liberté et de rêves", a exprimé Matteo Renzi, président du Conseil des ministres italien.

Mais derrière l'habit rhétorique de cette rencontre, les propositions avancées par les trois chefs d'état peinent à soulever l'enthousiasme et l'espoir. Entre flou et divergences, l'avenir européen paraît bien ennuyeux.

Des semblants de propositions

François Hollande a énuméré trois "priorités" pour parvenir à cette relance d'une Union européenne en pleine crise existentielle. La première, selon lui, doit être la sécurité avec la protection des frontières extérieures de l'UE grâce à un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes. La seconde, a-t-il poursuivi, doit être la défense avec "davantage de coordination, de moyens supplémentaires et de forces de projection". Et la troisième, la jeunesse avec un programme Erasmus d'échanges universitaires "amplifié".

Sur le plan économique, Matteo Renzi a une nouvelle fois plaidé auprès de la chancelière allemande pour diminuer les politiques d'austérité européennes et pour revenir sur les contraintes d'équilibre budgétaire, arguant qu'il faut prendre des "mesures fortes pour relancer la croissance et lutter contre le chômage des jeunes". Un appel à la reprise économique auquel a fait écho François Hollande en insistant sur le plan Juncker de relance de l'investissement en Europe (315 milliards d'euros de 2015 à 2018) qui selon lui doit "non seulement [être] prolongé" mais également "amplifié".

Si Angela Merkel, en bonne diplomate, n'a pas manqué de saluer les résultats du Plan Emploi de Matteo Renzi et du Pacte de Responsabilité de François Hollande, elle est néanmoins restée très prudente quant à ses appels à la relance économique. "Il faut un examen, y réfléchir", a-t-elle glissé en réponse à François Hollande. La chancelière a préféré mettre l'accent sur le besoin d'améliorer la compétitivité européenne, comme si elle ne pouvait s'empêcher de souligner les divergences de politique économique au sein de l'Union Européenne.

Lire aussi : Après le Brexit, l'Europe à l'heure allemande?

Derrière l'optimisme d'apparence, un véritable flou sur l'avenir

Matteo Renzi a conclu ce mini-sommet sur une note optimiste : "Nous pensons que l'Europe est la solution vis-à-vis des problèmes de notre époque. L'Europe est la plus grande opportunité des nouvelles générations. Nous continuerons mais il faut avoir un rêve plus vaste", a affirmé le dirigeant italien.

Mais force est de reconnaître qu'en dépit de ces paroles d'espoir c'est l'incertitude quant à l'avenir européen qui prédomine. L'Europe pouvait légitimement exiger un grand discours capable de relancer le projet européen, fait de propositions concrètes et d'orientations historiques. Elle n'a eu droit qu'à un réchauffé d'idéaux passés et à une énième langue de bois dissimulant à peine les divergences économiques.

Dans moins d'un mois et alors que les mouvements populistes ont le vent en poupe sur le vieux continent, les 27 Etats membres se réuniront à Bratislava pour un sommet sensé impulser une nouvelle dynamique en Europe. Mais si, à l'instar de Matteo Renzi hier, le but est seulement d'affirmer que "l'Europe n'est pas finie", on en voit mal l'utilité.

Lire aussi : Europe : la débâcle ou l'audace du retour aux sources

Commentaires 38
à écrit le 27/08/2016 à 18:25
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"Nous respectons le choix fait par les citoyens britanniques mais nous voulons écrire un nouveau chapitre. L'Europe après le Brexit relancera les idéaux puissants d'unité et de paix, de liberté et de rêves", a exprimé Matteo Renzi, président du Conse...

à écrit le 25/08/2016 à 21:15
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Un sommet "sensé" à Bratislava! On l'espère, car si l'on en organisait des insensés, ça deviendrait grave!

à écrit le 24/08/2016 à 17:55
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Paroles, paroles,.... Encore un coup pour rien tous les trois sont affligeants Et nous on fait notre Frexit

à écrit le 24/08/2016 à 17:36
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Mini sommet!!! Sûr que si notre Hollande est là ce sera mini mini. On n'a pas de bol tout simplement

à écrit le 24/08/2016 à 17:27
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Incapable de s'entendre à 3 comment voulez-vous qu'ils rendent crédible une MONSTRE A 27 ? Les pays européens sont EN PANNE DE CROISSANCE et ce n'est ni l'exemple français ni quelques gardes-frontières qui vont y changer quelque chose. Malgré l...

à écrit le 24/08/2016 à 13:37
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L'Union européenne n'est pas dans l'impasse. Hollande a vu juste avec l'aspect défense, il suffit de voir les accords militaires bloqués auparavant par les britanniques tant au plan stratégique qu'industriel. Ils vont pouvoir être débloqués rapidemen...

le 24/08/2016 à 17:40
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Vous êtes assez amusant avec vos affirmations... Ce serait bien la première fois que HOLLANDE verrait juste sur quelque sujet que ce soit... L'Europe est REJETEE comme un empêcheur de tourner en rond par plus des 3/4 des citoyens des 27 pays rest...

le 24/08/2016 à 20:34
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Vous blâmez le "C'est pas de la faute à la France, c'est Bruxelles (alors que les règlements de Bruxelles s'imposent à la France)" pour mieux nous vendre le "C'est pas la faute à Bruxelles (si l'EU est malaimé), c'est Poutine". Excellent. Quant aux...

le 24/08/2016 à 23:25
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PJ36 et **b Vous affirmez n'importe quoi : la majorité des européens est pour l'Union européenne. La crise aide seulement des partis séparatistes pour la plupart financés par le pouvoir dictatorial centralisé et maffieux actuel russe à prospérer. C'e...

à écrit le 24/08/2016 à 10:24
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il faut refuser toutes decision prise par l'allemagne ou meme favorable a m Merkel deja le depart des anglais est une de ses responsabilités suivi de son intolerance vis a vis de la grece que mme paye les dettes de son pays

à écrit le 24/08/2016 à 10:14
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L'UE est une sorte de bazar technocratique , un ventre mou dépourvu d'idéal. Les peuples vont s'en lasser. Les Anglais , malgré le politiquement correct et le battage médiatique style le Brexit, c'est le chaos, vont probablement s'en sortir très ...

le 24/08/2016 à 16:41
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Normal c'est l'Europe des "Nations" donc chacun tire la couverture comme çà l'arrange au dépend de l'Union européenne et la prend comme bouc émissaire ce qui est faux la plupart du temps. Les "ventres mous" sont les politiques qui accusent l'Union eu...

à écrit le 24/08/2016 à 10:00
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Tant qu'il n'aura pas de souveraineté européenne, tout les États composant l'UE seront retissant a abandonner la leur!

le 24/08/2016 à 11:43
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Oui c'est le defaut initial.

le 24/08/2016 à 20:49
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C'est que les Européistes sont tellement occupé à vomir la Nation, qu'ils ont "bêtement" oublié de construire un nationalisme européen. C'est moche.

le 25/08/2016 à 23:47
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Pour illustrer mon propos, lundi 22 août, Jean-Claude Juncker déclara dans un discours : « Les frontières, pire invention de l’histoire ». Que dire de plus....

à écrit le 24/08/2016 à 9:31
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La création d'une Europe économique à laquelle toutes les nations adhéraient a été discrètement détournée vers une Europe fédéraliste à l'Américaine, ce que les peuple refusent catégoriquement. D’où la discrétion des politiciens sur leur vision de l'...

à écrit le 24/08/2016 à 8:18
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ce groupement europeen est à bout de souffle et ne répond pas aux attentes des citoyens. il faut refonder une union sur d'autres principes, d'autres objectifs, avec des personnes nouvelles.

à écrit le 24/08/2016 à 5:13
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Le coiffeur a coupé plus court, ce qui reste, sur demande du service publicité-com du Palais.

à écrit le 24/08/2016 à 5:11
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L'Europe n'est pas fini. Elle agonise, nuance.

à écrit le 23/08/2016 à 22:25
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Nous sommes quelques uns à avoir nos élections générales l'année prochaine, ce qui compte c est qu on nous présente des projets à ce moment là. L Europe du PPE ne fonctionne pas et est entrain de la tuer. Donc que les droites discutent éntre elles, q...

à écrit le 23/08/2016 à 19:26
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En 1989, lors de la chute du mur de berlin, j'avais 20 ans. Je m'imaginais, que tous ensemble, nous allions creer les Etats-Unis d'Europe. Mon espoir a depuis bien longtemps disparu. Nos leaders n'ont aucune vision, ils sont dépassés par les...

le 24/08/2016 à 9:21
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Il ne s'agit pas de renoncer a la souveraineté mais d'en créer une nouvelle, chose, que le monde en dehors de l'Europe et les US en particulier ne veulent surtout pas, donc gardons les anciennes et ne nous laissons pas manipuler!

le 24/08/2016 à 10:30
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simplement nos dirigeants sont a la botte de la finance et non des peuples a part vendre les bijoux du pays ou est l'industrie meme qu'ils sont en train de casser l'agriculture c'est dire le peux de consideration qu'ils ont pour leur electeurs s...

à écrit le 23/08/2016 à 18:01
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La base de l'UE c'est "moins de 3% de déficit" et ensuite tout ira bien. Dans les projets, quand on voit le tunnel Suisse terminé après 14 ans de travaux mais ceux qui doivent permettre d'aller du port d'Anvers à Gène par le train ne sont pas près d...

à écrit le 23/08/2016 à 16:36
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L'UE a toujours était un doute et non un espoir! Elle restera un doute générateur de conflit alors qu'elle promettait la paix! L'espoir, maintenant, pour les populations, c'est d'en sortir!

à écrit le 23/08/2016 à 15:33
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L'avenir européen n'est pas dans l'impasse car au contraire les britanniques ont par exemple bloqué une défense européenne qui désormais a une autoroute devant elle et notamment dans une coopération industrielle renforcée (voir nombre de projets anté...

le 23/08/2016 à 17:00
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Je ne crois pas que la défense européenne puisse avancer. L'Allemagne n'a que des projets mineurs avec nous dans ce domaine. Nos élites n'ont pas confiance en l'Allemagne et l'inverse est vrai. Les Allemands prennent nos dirigeants pour ce qu'ils son...

le 27/08/2016 à 18:34
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Défense européenne ! Mais contre qui ? Ah oui les Russes ! Mais cela va faire 25 ans que la guerre froide est finie ! Mettez les compteurs à jour ! Maintenant beaucoup parlent de l'immigration provoquée par la politique aventuriste des deux derniers...

à écrit le 23/08/2016 à 14:45
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Question : qu'est-ce que Hollande foutait là ? Du vent, comme d'habitude. Une habitude qu'il a prise du précédent locataire de l'Elysée. De toute manière, qu'il soit là ou non, cela ne change rien : comme Sarko avant lui, Hollande fera ce que Merkel ...

à écrit le 23/08/2016 à 14:43
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Bref, le long terme pour tout homme et femme politique etant la prochaine election, il faudra attendre 2017 pour esperer un quelconque changement. Soyons patients, et allons voter!

à écrit le 23/08/2016 à 14:03
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L'Europe ne pourra plus rester longtemps au milieu du gué. Ou elle a le courage de passer sur la rive fédérale ou elle implose et revient aux nations d'il y a 50 ans. Mais qui a du courage ?

le 23/08/2016 à 20:46
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Il y a aussi une troisième solution. Que chacun des pays membres devienne un Lander de la Nouvelle Europe Allemande (avec des droits diminués -évidemment- et des obligations alourdies). Voilà une solution pour l'avenir de l'Europe qui plairait bien à...

à écrit le 23/08/2016 à 13:36
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Le véritable frein à toute avancée et Mme Merkel....rien de concret avant son départ et celui de Hollande en 2017. Ce qu'il faut à notre EU, c'est un vrai saut qualitatif car l’intendance suit toujours. Transformer la zone euro en vraie Union polit...

le 23/08/2016 à 17:03
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Qui est prêt à risquer sa peau pour une politique décidée à Berlin? Qui veut laisser sa vie pour les pays baltes? Le principe de réalité prévaut.

à écrit le 23/08/2016 à 13:36
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Avant que les renseignements des Pays de l'U.E fonctionnent, qu'il y ait des gardes frontières, il faut parer aux dangers actuels, et suspendre la passoire Schengen, pour une durée indéterminée : rétablir les frontières. Il exagère dans les excessifs...

le 23/08/2016 à 15:48
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... Bref, le modèle nord coréen : un idéal d'ignorance où ne compte que notre nombril.

le 23/08/2016 à 20:55
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Faut pas oublier que la grande majorité des terroristes qui ont organisé des attentats en France étaient nés en France et ,donc, n'avaient nullement besoin des trous de la passoire Sengen. Faut commencer à se poser des questions sur leur "radicalisat...

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