Virage à gauche pour le parti travailliste britannique

Partisan d'une gauche radicale, Jeremy Corbyn a été désigné ce samedi à la tête du parti travailliste

Jeremy Corbyn, chantre de la gauche radicale britannique, a été élu haut la main samedi chef du Parti travailliste et a immédiatement plaidé pour "une société meilleure et juste".

L'eurosceptique de 66 ans, farouche opposant des politiques d'austérité dans la lignée des partis grec Syriza et espagnol Podemos, l'a emporté avec 59,5% des voix, selon les résultats annoncés à Londres lors d'un congrès exceptionnel du Labour, principal parti d'opposition britannique.

Les concurrents balayés

Il n'a fait qu'une bouchée de ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall.

La campagne pour cette élection "a montré que notre parti et notre mouvement, passionné, démocrate, divers, était uni et résolument déterminé dans notre quête pour une société meilleure et juste pour tous", a déclaré M. Corbyn, 66 ans, s'exprimant sur un ton passionné juste après son élection.

Condamnation des inégalités


Se concentrant sur les questions de politique intérieure, il a condamné "les inégalités qui ont atteint des proportions grotesques" et dénoncé "un système de protection sociale injuste". Il a appelé le gouvernement conservateur à plus de "compassion" envers les réfugiés qui cherchent asile en Europe et annoncé qu'il prendrait part à la manifestation prévue sur ce thème dans la journée à Londres.

Le député d'Islington Nord, dans le nord de Londres, avait relancé de façon inattendue et spectaculaire la course pour le leadership du Labour, ouverte après la défaite d'Ed Miliband aux législatives de mai dernier.


Tenter de battre les Tories en 2020


Cette désignation est une étape stratégique dans la vie du Labour puisque son nouveau leader aura la responsabilité de remettre le parti sur les rails après sa lourde défaite aux élections législatives du 7 mai face aux conservateurs du Premier ministre David Cameron.

Le successeur d'Ed Miliband aura également pour mission de conduire le parti d'opposition jusqu'au prochain scrutin législatif de 2020, et en serait alors le candidat naturel pour tenter de mettre fin à 10 ans de règne des tories.

 610.000 participants au vote


Après plusieurs semaines de campagne, le vote pour l'élection du nouveau chef du Labour s'est clos jeudi, et aura réuni au total 610.000 participants.

Jeremy Corbyn l'a emporté face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, plus jeunes, plus conventionnels, et moins à gauche.

Dans la ligne de Syriza et Podemos

La victoire de ce barbu de 66 ans, farouche opposant des politiques d'austérité dans la lignée des partis grec Syriza ou espagnol Podemos, a des airs de petite révolution au sein d'un Labour qui ne jurait, il n'y a encore pas si longtemps, que par le modèle social-démocrate de Tony Blair.

Antimilitariste, partisan d'une politique fiscale taxant davantage les plus riches, ce végétarien au style décontracté est parvenu à rallier les militants en quête d'alternative politique, créant un engouement d'une intensité que les caciques du parti étaient loin d'imaginer. "Il triomphe parce qu'il représente un rejet de la politique classique et parce que les autres candidats n'ont pas su inspirer l'enthousiasme ou l'espoir", soulignait récemment Andrew Harrop, secrétaire général de la Fabian Society, un think tank de centre-gauche.



 La base du parti séduite

Jeudi soir, lors de son dernier meeting de campagne dans son fief d'Islington-Nord (nord de Londres), dont il est député depuis 1983, Corbyn a répété son credo devant un public acquis à sa cause.
"Nous changeons la politique au Royaume-Uni, nous défions l'idée qui voudrait que seules les questions individuelles comptent et à la place, nous disons que le bien commun est notre aspiration à tous", a-t-il lancé.

A défaut d'emporter l'adhésion de ses collègues députés, Corbyn a séduit la base du parti et les syndicats en prônant un virage à gauche, toute, avec des propositions comme la re-nationalisation des chemins de fer et de l'énergie ou le contrôle des loyers.

"C'est rare de rencontrer un homme politique aussi stimulant et qui donne une telle énergie aux gens. Loin des petits jeux politiques où on s'insulte en comptant les points. Ici, on parle vraiment de politique. Jeremy a mené une campagne pleine d'espoir, l'espoir d'un changement", a déclaré James, 24 ans, lors du meeting d'Islington.

Tony Blair n'y croit pas

Mais si Corbyn a su conquérir les foules, sa popularité grandissante lui a aussi valu des inimitiés, jusque dans son propre camp, d'aucuns considérant que sa victoire diviserait le Labour, et compromettrait grandement ses chances de gagner en 2020.
 "Vous ne gagnez pas avec un programme à gauche de la gauche", a lâché Tony Blair.

Les attaques sont également venues de la droite, même si les observateurs estiment qu'un Labour dirigé par Corbyn représenterait une chance formidable pour les conservateurs, qui pourraient récupérer les centristes échaudés par son radicalisme.

"Son discours extrémiste promet seulement plus de dépenses, plus d'emprunts et plus de taxes", a fustigé vendredi David Cameron parlant du Labour mais visant Corbyn.
 "J'espère que nous n'aurons pas une opposition qui nous ramène aux disputes que je pensais réglées dans les années 1980 quand il était question de nationaliser la moitié de l'industrie britannique et de nous débarrasser de notre armement nucléaire", a-t-il ajouté.


© 1994-2015 Agence France-Presse

Commentaires 35
à écrit le 14/09/2015 à 18:04
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leon

à écrit le 14/09/2015 à 8:38
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Il y a encore des gens qui voient clair, HC44000 en fait à l'évidence partie. L'analyse politique prête à mâcher est souvent, trop souvent, devenue du mou pour chat...

à écrit le 13/09/2015 à 22:02
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Le cousin de Meluche et qui ne sert à rien et parce que ça le vaut bien..!!

à écrit le 13/09/2015 à 10:29
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Devant la promesse du premier ministre britannique sur le referendum de sortie de l'union européenne, les forces vives de la construction européenne tremblent. Il est primordial pour ces acteurs de faire échouer la victoire d'un éventuel OUI à la sor...

le 13/09/2015 à 12:01
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Un leurre afin de contenir la colère des peuples, en réalité européïste comme le FN en France et malgré ses quelques saillies très vite contenues s'agissant de celui-là, comme Syrza, comme Podemos, tout n'est que gesticulations et mises en scène ...

le 13/09/2015 à 14:28
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Vous n'êtes pas sympa avec les Britanniques ou vous êtes entierement ignorant des conséquences desastreuses d'une sortie de l'UE ? Heureusement, les Britanniques ne sont pas a ce point idiots pour s'imaginer en village gaulois...en pleine mondialisa...

le 13/09/2015 à 22:06
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@Maduf il vous faut observer mieux et sous un autre prisme le ..jeu politique puis revenir dans le débat! Un copain à moi avait des peaux d'oignons sur les yeux, imaginez..!

à écrit le 13/09/2015 à 9:40
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Bien joué, Marco1... Cela fait qq temps que je proteste contre les idolâtres politico-economico-journaleux francais du "modèle" (sic) britannique... Tout y passe, jusqu'à la falsification de données pourtant aisement accessibles sur Eurostat ou l'OCD...

le 13/09/2015 à 11:56
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Vous essayez de ns dirre qqe chose.?

le 14/09/2015 à 13:30
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Quoi encore ?

à écrit le 13/09/2015 à 9:34
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David Cameron a du sabrer le champagne !!! Avec de pareilles "déconnantes", les Tories sont au pouvoir pour 20 ans... Les Britanniques ont de la mémoire et ne voudront certainement pas revoir les années 70, i.e. misère, dictature syndicale, délabreme...

le 13/09/2015 à 10:25
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Les britanniques ne voudront pas revoir les années 70 Ah oui lesquels ? La City certainement. Mais ceux qui sont à contrat O et tous les pauvres seront peut-être d'un autre avis. La misère, la dictature de la finance, le délabrement des services pu...

à écrit le 13/09/2015 à 7:47
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Rien de surprenant et attention contrairement au idées vu dans les commentaires les electeurs sont a le recherche alternative au politique actuel. Les electeur se moque des conséquences comme en France ou un Grèce tout sauf continuer et même la démag...

à écrit le 12/09/2015 à 22:32
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Gauche ou droite c'est pareil, c'est la finance qui a le pouvoir, pas les politiques...enfin dans le système capitaliste actuel, vu que le communisme a disparu, il reste plus rien.

à écrit le 12/09/2015 à 19:17
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bon ben au moins les tories sont surs de gagner, c'est une bonne nouvelle!

à écrit le 12/09/2015 à 17:56
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On doit se frotter les mains chez les conservateurs, où, clairement, on ne risque plus rien du Labour, et chez les Lib Dem qui deviennent ainsi la seule opposition crédible.

à écrit le 12/09/2015 à 17:11
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Corbyn, le Tsipras britannique ? ;)

le 13/09/2015 à 12:50
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Absolument.

à écrit le 12/09/2015 à 16:32
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Quoi de plus normal pour un parti de gauche d'avoir un dirigeant de gauche !!! C'est parce que nous avons des partis qui se ressemblent comme nous avons en France entre le PS et le LR que nous avons un FN aussi haut. Il faut qu'il y ait un vrai choix...

à écrit le 12/09/2015 à 15:59
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Le Labour est mal parti. @Enfin! Je ne crois pas, mais je peux me tromper, que la droite en France (Républicains + UDI + Modem) est vraiment libérale... Cordialement

à écrit le 12/09/2015 à 15:21
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Excellente nouvelle qui amène un peu d'espoir dans le marasme catastrophique et mensonger du TINA.

le 12/09/2015 à 17:58
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Ben non, TINA ; le Labour risque fort de se marginaliser totalement.

le 12/09/2015 à 19:05
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Il faut que le peuple britannique se bouge, mais Corbyn est trop hasbeen et à coté de la réalité! Résultat d'une réaction allergique, conséquence de l'ultra-financiarisation du système et de la perte d'identité et des valeurs profondes britanniques....

à écrit le 12/09/2015 à 13:39
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Ceux, dont je fais partie, qui pensaient que la gauche britannique s'était définitivement perdue dans un libéralisme digne de notre droite française, respirent ce matin ..., comme je respire. Espérons qu'il pourra convaincre plus largement et acc...

le 12/09/2015 à 17:59
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le Labour vient surtout de garantir en prenant une telle ligne qu'il ne retrouvera jamais le pouvoir.

à écrit le 12/09/2015 à 12:21
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La GB à "gauche". Mouarfff... Du socialisme à la française aussi, c'est à "gauche".

à écrit le 12/09/2015 à 12:03
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ben ..., plus l'on vend du rêve marxo/socialiste ...plus l'on a de clients ....! même que c'est validé depuis 1917...mais...! depuis 1917 ...ils sont des millions , qui ont subi le malheur socialiste à la place du rêve........

le 12/09/2015 à 13:58
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@pipo Derrière le rêve vendu : ……… Ce qui a tiré la croissance du royaume : A) Une bulle immobilière, avec la consommation des ménages qui s’endettent grave (plus de 60% du PIB) et donc le crédit qui coule à flot. L'endettement des ménages a att...

le 12/09/2015 à 14:44
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Oublié: H) le royaume a fait marcher massivement la "planche à billet" tôt dans la crise 2009-2010, pas comme notre BCE qui se réveille trop tard, alors que les Etats-Unis avaient aussi acté de suite!

le 12/09/2015 à 20:54
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mais entre temps le chômage français à 10.5%, des millions de pauvres en GB 4.5% de chômeurs, même à contrat 0 heure, mais au moins ces gens là bossent, chose sans doute pour vous inconnu le TRAVAIL, je vous laisse à vos copier-coller qui n'intéresse...

le 12/09/2015 à 22:50
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@Marcol 1, vous êtes inaudible ...! malgré votre généreuse tentative ratée .......bon, votre commentaire est à classer ...au rang de la vétustés de la sous-culture des socialos au 21ème .siècle ...

le 13/09/2015 à 19:21
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@pipo @ marco000 Pas géniaux vos commentaires, un peu légers! "inaudible"? non juste lucide et précis! "optimisation fiscale en GB" oui je valide et re-signe, avec les différentes iles anglaises et les filiales en Suisse, Luxembourg, Irlande et Pa...

à écrit le 12/09/2015 à 12:03
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Il se dit fortement que Cameron a fait en sorte par de multiples transactions que ce quasi communiste arrive en tête. C'est en effet sa meilleure publicité avec en prime l'assurance de gagner. Cela pointe tout de même la dégradation considérable du p...

le 12/09/2015 à 13:44
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@Corso: connaissez-vous au moins le Royaume-Uni avant de la ramener de la sorte?

le 13/09/2015 à 13:08
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N'importe quoi la GB a dépassé la France l'an dernier, son pib par habitant est plus élevé qu'ici. Il n'y a pas que Londres qui est trés riche, balladez vous à Edimbourgh le niveau de vie y est sensiblement plus élevé qu'à Paris. La France a plus ...

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