La COP 21, nouvelle victime des attentats

Les officiels de la COP21, aux tendances conservatrices, avaient besoin d'être secoués par la société civile. Les attentats en ont voulu autrement. Par Jean-Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne

Les rues de Paris sont bouclées. Exit la COP 21 « off », celle des groupes de pression non invités, celle des activistes non officiels, celle aussi des citoyens simplement actifs ou concernés. L'Etat d'urgence, c'est évidemment avant tout celui de la guerre, si légitime et vitale, contre le terrorisme islamiste, mais l'état de la planète et de son environnement naturel a, depuis longtemps, dépassé celui de l'urgence pour crier chaque jour une souffrance bientôt létale, si nous ne cessons pas notre propre guerre contre la nature.

Une COP qui avait besoin d'être secouée...

Il est très complexe de contester ce glacis démocratique temporaire tant nous sommes, tous, en demande de sécurité pour nos familles, nos amis et nous même. Voici pourtant un contexte qui frappe au cœur le processus de construction des décisions éventuelles de la COP 21. C'est un avantage inédit pour certaines des puissances, les plus hostiles à notre futur commun, à l'œuvre au sein de la COP 21 officielle qui se déroule sous les tentes du Bourget, à l'abri des regards, des oreilles et surtout des voix non désirés.

Pour briser la fatalité de l'échec continu de ces messes environnementales planétaires, la COP 21 avait bien besoin d'être « secouée » par des rapports de forces ni scénarisés ni maîtrisés, éclairée par des lumières différentes, voire même hostiles. La réussite de la COP 21 d'une France en guerre contre le terrorisme passait aussi par une ouverture à l'alternatif aux parties prenantes institutionnelles de ces rendez-vous : Etats, ONG agrées, entreprises intéressées, ... celles qui préparent, organisent et maîtrisent le programme officiel et le futur résultat de l'événement.

Démocratie d'influence

Nous vivons au cœur d'une démocratie d'influence, un événement d'une telle importance, dédié aux futurs battements environnementaux du Monde à venir, et en particulier la journée exceptionnelle de ce lundi, devraient se nourrir des pressions citoyennes qui s'exercent plus ou moins librement au delà de nos frontières mais ici surtout, au plus près des Chefs d'États, de patrons d'entreprises et de tous les professionnels qui y participent. Des pressions qui rééquilibrent, un peu, les influences à l'œuvre et contribuent, à partir de certaines complicités internes, à sortir ces travaux, largement écrits à l'avance, de l'entre soi immobile et neutralisé.

Un avantage énorme pour certaines forces officielles

Les lâches attentats de novembre ont donc indirectement crée un avantage énorme pour certaines des forces officielles, les plus conservatrices, à l'œuvre et privé les débats et travaux de la COP 21 de l'apport du « off » citoyen. Les pouvoirs publics de notre pays se doivent de protéger l'espace public, les citoyens français et les participants et en particulier le nombre record de Chefs d'Etats et de Gouvernement, de menaces potentielles de nouvelles agressions terroristes. Le Président de la République, le gouvernement, ont donc voulu « nettoyer » la rue et indirectement c'est la nécessaire friction citoyenne, même activiste, qui n'a rien à voir avec les criminels qui ont frappé les rues de Paris et assassinés des citoyens français, qui disparaît.
Dommage pour la COP 21 de France et encore un mauvais présage pour notre futur, à tous.

Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
CEO de ZENON7 Public Affairs et Président de j c g a
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals

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