Davos 2016 sous le signe de la Quatrième révolution industrielle

La 46e édition du Forum économique mondial à Davos du 20 au 23 janvier fera le point sur l'accélération des progrès technologiques et l'impact du numérique sur l'économie et la société. Au programme également, les grands défis mondiaux en terme de paix et de sécurité et la crise des réfugiés en Europe.
Philippe Mabille

2.500 participants dont 1.500 chefs d'entreprise, plus de 50 chefs d'Etat et de gouvernement dont une très forte présence des pays émergents, chinoise, russe, brésilienne et mexicaine, les trois quart du G20 représenté par des ministres des finances, du travail ou de l'environnement, les patrons de Google, Facebook, Microsoft, mais aussi Alibaba, Baidu, ou Uber et Aibnb, les représentants des principales ONG mondiales, des universitaires, 300 journalistes et quelques stars dont Leonardo Di Caprio... La 46e édition du Forum économique mondial à Davos du 20 au 23 janvier prochain promet d'être un événement d'envergure.

Pas seulement par la qualité et le nombre des participants qui vont rejoindre pour près d'une semaine la petite station des Grisons suisses, transformée plus que jamais en camp retranché à cause des menaces terroristes. Mais aussi parce que le contexte dans lequel le fondateur du WEF Klaus Schwab, qui présente officiellement cette édition ce mercredi à Genève, une semaine avant l'ouverture, est plus intense et complexe encore que les années précédentes. L'an dernier, la crise de l'euro sur fond d'inquiétudes sur une sortie de la Grèce avait été au cœur des débats. Cette année, dans un contexte de marchés financiers volatils, plusieurs crises vont s'entremêler : celle des réfugiés avec les menaces de guerre au Proche et Moyen Orient, celle des matières premières avec l'effondrement des cours du pétrole, mais aussi les doutes sur le moteur chinois de la croissance mondiale.

Plateforme d'échange mondial

Davos, qui est certes devenu un lieu de business et pour ses détracteurs, le symbole caricatural du capitalisme triomphant, est aussi un moment exceptionnel où des dirigeants du monde entier qu'il s'agisse d'Etats, d'entreprises ou d'organisations multilatérales, peuvent se rencontrer, échanger sur les menaces de l'époque, mais aussi sur les grands défis économiques. Et si le World Economic Forum existe encore près d'un demi-siècle après sa création au lendemain de la fin des accords de Bretton Woods, c'est bien parce que ses fondateurs ont réussi à en faire une plateforme mondiale, un forum au sens latin originel, qui sert certes des intérêts économiques, mais surtout permet de se confronter dans un cadre informel, non officiel, à ce qui se passe dans le monde.

Quatrième révolution industrielle

Le thème choisi pour le rendez-vous de cette année, décidé il y a plusieurs mois, est la quatrième révolution industrielle, c'est à dire cette espèce d'accélération formidable que produit la révolution numérique qui est comparable, écrit le professeur Klaus Schwab dans un livre qu'il vient de publier sur le sujet, à "un véritable tsunami". Cette mutation se caractérise par sa vitesse, le changement radical des business model et de notre système économique, et un impact déjà perceptible sur toute l'humanité, la façon dont elle consomme, produit, échange, aime, et vit. Elle bouscule tout et va sans doute même encore plus vite qu'on ne l'imagine. Elle sera au centre des réflexions du Forum avec des débats et des expositions sur les robots, le rapport de l'homme et de la machine, et abordera toutes les questions économiques sociales et éthiques que soulève ce changement de société dont la grande nouveauté est de toucher en même temps le monde entier, même les pays hier appelés sous-développés.

Crise des réfugiés

Mais "l'esprit de Davos", à savoir " améliorer l'état du monde" en prenant en considération toutes les parties prenantes, soufflera aussi sur les grandes questions géopolitiques de l'heure. La crise des réfugiés en Europe, qui n'avait pas été anticipée lors du forum de janvier 2015 sera bien sûr un des thèmes centraux. Angela Merkel a d'ailleurs annulé finalement sa participation en raison des tensions générées en Allemagne par sa politique d'accueil généreuse, sujet de polémique et de vives tensions dans son pays, comme en Europe, très divisée sur le sujet. La crise syrienne et l'irruption de l'Etat islamique sera aussi très présente avec la présence du haut représentant de l'ONU, des ministres des affaires étrangères de l'Iran et de l'Arabie saoudite, du premier ministre turc, du secrétaire d'Etat américain John Kerry et du secrétaire à La Défense. En coulisses, tous ces acteurs pourront donc se rencontrer dans le cadre de Davos alors que la sécurité du monde est en jeu, après la série d'attentats meurtriers qui ont frappé en 2015 le Moyen Orient, la Turquie encore cette semaine, ainsi que l'Europe et tout particulièrement la France à Paris, encore en deuil.

"Terrorisme islamiste"

La France, en guerre contre le "terrorisme islamiste" sera fortement représentée par Manuel Valls et Emmanuel Macron, qui se croiseront à la tribune du centre des congrès. Le Premier ministre et le ministre de l'économie, tous deux en compétition pour incarner la gauche réformatrice et réaliste, auront l'occasion de mesurer si l'image de la France, souvent critiquée à Davos, a changé dans cette arène qui est un bon thermomètre de la réputation internationale des États. Le French bashing qui a souvent été le sport favori des davosiens semble être moins de mise que par le passé. C'est aussi à cela que sert Davos. Quand on se compare, on se rassure et aujourd'hui alors que même l'Allemagne traverse des difficultés, la France voit son image se rétablir, lentement. Le succès de la diplomatie écologique française avec l'accord de Paris lors de la COP21 a impressionné le monde et ouvre des perspectives nouvelles notamment pour le secteur de l'énergie et même pour le modèle de croissance qui va devoir s'adapter au changement climatique.

Avenir de l'Europe

Alors que la crise grecque est, sinon résolue, du moins maîtrisée, c'est moins l'avenir de l'euro qui inquiète en 2016 que le délitement du projet global européen bousculé par la crise des réfugiés et la montée des populismes dans tous les pays.

La Corée du Nord était l'invitée surprise. Mais, depuis son essai de bombe H et les sanctions à venir de l'ONU, le World Economic forum a annulé son invitation.

Davos 2016 ne dira sans doute pas, pas plus que les éditions précédentes, d'où viendra la prochaine crise. Les risques connus sont déjà sur la table : ralentissement chinois, crise des réfugiés, terrorisme islamiste, changement climatique. Mais comme s'attachera à montrer le rapport du World Economic Forum sur les Risques Globaux à paraître le 14 janvier, cette édition sera le bon moment pour se préparer pour les dangers encore inconnus d'un monde toujours plus imprévisible.

Philippe Mabille

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Commentaire 1
à écrit le 13/01/2016 à 13:12
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Les machines consomment de l'énergie. Que ferions nous sans énergie?

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