Le salon automobile de Pékin ouvre ses portes ce jeudi, et les voitures électriques seront au cœur des nouveautés présentées. Mais au pays roi de la voiture électrique, un segment de marché qui a représenté un quart des ventes l'an dernier, les voitures hybrides font de la résistance. En particulier les hybrides rechargeables, regroupées avec les voitures électriques sous l'appellation commune « véhicules aux nouvelles énergies ». Or, si les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 3 points l'an dernier en Chine, celles des hybrides rechargeables ont bondi de 5 points et ont représenté 11% du marché.
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Longtemps pointées du doigt en Europe, notamment par l'association Transport et environnement qui les juge peu écologiques au motif qu'elles seraient essentiellement utilisées en mode thermique, les hybrides rechargeables ont bonne presse en Chine. L'Etat n'y est pas pour rien.
Les aides gouvernementales aident fortement
Cette hausse soudaine des ventes de voitures hybrides rechargeables (ou PHEV) est fortement liée aux aides gouvernementales. Ainsi, fin juin 2023, la Chine a prolongé jusqu'à fin 2027 les exonérations fiscales pour l'achat de véhicules électriques mais aussi hybrides. Les automobilistes chinois qui feront en 2024 et 2025 l'acquisition de ce type de motorisations ne paieront pas de taxes à l'achat, soit environ 30.000 yuans par véhicule (près de 4.000 euros). De 2026 à 2027, ces mêmes taxes seront réduites de moitié pour ces deux motorisations. Une annonce qui a incité les automobilistes chinois à changer leurs véhicules, dans un pays où les modèles thermiques représentent encore plus de 60% des ventes.
L'autonomie des voitures est également un argument de poids dans un pays à la superficie 18 fois plus importante que celle de la France. D'autant que les plus de 1,8 million de points de recharge électrique ne sont pas toujours fiables et manquent dans certaines zones, contrairement aux stations essence.
En outre, le prix des hybrides rechargeables est désormais plus faible que leurs homologues thermiques, passant même sous la barre symbolique des 100.000 yuans soit un peu moins de 13.000 euros.
Un pic avant une décroissance ?
Dernier facteur qui a boosté les ventes : les distributions de plaques d'immatriculation gratuites. Dans les 10 plus grandes villes du pays, il faut payer pour détenir une plaque d'immatriculation, « autour de 15.000 à 20.000 yuans », estime Steve Dyer, associé au cabinet AlixPartners en Chine. Seuls les véhicules hybrides rechargeables et les véhicules électriques en sont exemptés. Cette mesure a été mise en place pour limiter la pollution dans des villes de plusieurs dizaines de millions d'habitants.
Parmi les villes les plus exigeantes, Shanghai. La mégalopole et ses 26 millions d'habitants a choisi de restreindre la gratuité des plaques d'immatriculation aux voitures électriques uniquement, depuis le 1er janvier 2023. Une initiative qui pourrait être suivie par d'autres villes chinoises et réduirait, de fait, les ventes de véhicules hybrides rechargeables au profit des véhicules 100% électriques.
L'hybride pour séduire l'Europe ?
Les constructeurs chinois se tournent donc vers l'Europe pour vendre leurs nouveautés hybrides et grappiller des parts de marché. En effet, les groupes chinois MG ou encore BYD ont d'abord amené leurs véhicules électriques sur le Vieux Continent, plus coûteux et sur lesquels les frais de transport pouvaient être répercutés. Mais cette année, les deux constructeurs présenteront des véhicules hybrides, rechargeables ou non, qui viendront directement en concurrence avec les constructeurs européens et le Japonais Toyota. Déjà, la MG3 Hybrid + est disponible à des prix allant de 20.000 à 24.000 euros, un niveau en dessous de celui de ses concurrentes directes sur le même segment, la Renault Clio E-Tech Hybrid et la Toyota Yaris hybride.
De son côté, BYD propose une hybride rechargeable appelée BYD SEAL U DM-i et présentée lors du Salon de Genève. En Europe, les hybrides non rechargeables ont tiré leur épingle du jeu en ce mois de mars, avec une augmentation de 12,6% de leurs immatriculations, leur permettant d'atteindre 29% du marché contre 24,4% en mars 2023. Les voitures électriques quant à elles sont à la peine, en légère baisse par rapport au même mois de l'année dernière.
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