Il faut oser l'Indonésie !

Par Anda Djoehana Wiradikarta, enseignant-chercheur, Institut des langues et civilisations orientales.
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La presse française l'appelle généralement "le plus grand pays musulman du monde". Depuis l'accession à la présidence de Barack Obama, qui a passé quatre années de son enfance à Jakarta, la presse de langue anglaise a pris acte que c'était là "une étiquette qui irrite les intellectuels indonésiens" et que "l'Indonésie n'est pas plus un État musulman que la Grande-Bretagne est un État protestant".

En effet, l'Indonésie est une république dont la Constitution ne fait aucune référence à l'islam. Ses symboles forts sont l'aigle Garuda, la monture de Vishnou, l'un des trois dieux de la Trinité hindoue. L'identité indonésienne est, entre autres, le pluralisme religieux. L'État reconnaît ainsi officiellement six religions : bouddhisme, catholicisme, confucianisme, hindouisme, islam et protestantisme. L'Indonésie a une Croix-Rouge alors que les pays musulmans ont un Croissant-Rouge. On parle souvent de l'Indonésie à propos de ses attentats à la bombe islamistes et ses catastrophes naturelles. Les aficionados voient surtout en elle la diversité et la richesse de ses traditions. Ceux qui s'intéressent plutôt à la nature admirent ses volcans et sa biodiversité, notamment marine. Sur le plan de la création artistique, les initiés, comme la Fondation Vuitton, savent que l'Indonésie est une scène dynamique et créatrice.

Pour nombre d'économistes, l'Indonésie devrait être membre du G20. Car son PIB de 721 milliards de dollars en 2010 la place au 18e rang mondial. Avec une croissance annuelle supérieure à 6 %, elle devrait progressivement monter cran après cran dans les années qui viennent. Certains observateurs estiment que le pays pourrait rejoindre les Brics. Le dynamisme économique de l'Indonésie est d'abord dû à son marché intérieur, avec une classe moyenne qui devrait atteindre 150 millions de personnes en 2014. Actuellement cotée à BB+ par les agences de notation, l'Indonésie pourrait être mieux notée en 2012.

Les économistes s'accordent à considérer que la croissance de l'économie indonésienne pourrait être supérieure, mais qu'elle est freinée par différents obstacles. En particulier, l'Indonésie souffre d'un manque d'infrastructures : routes, trains, bateaux, aéroports, ports sont saturés. Certaines régions du pays ont un approvisionnement en électricité insuffisant. Bien que son niveau d'investissement soit un des plus élevés d'Asie du Sud-Est, à plus de 30 % du PIB, l'Indonésie doit investir dans ces domaines.

Toutefois, le moteur de l'économie indonésienne est sa consommation intérieure. L'économiste Nouriel Roubini, surnommé "Dr Doom" pour ses commentaires critiques sur l'économie, se montre enthousiaste à propos de l'Indonésie. Les entreprises françaises excellent dans les infrastructures, mais également dans certains biens de consommation. Il serait dommage qu'elles ignorent ce marché.

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Commentaire 1
à écrit le 13/01/2012 à 9:23
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Nous partageons en grande partie les opinions et analyses dont l'auteur se fait ici opportunément l'écho. Une petite remarque cependant: l'agence de notation Fitch a d'ores et déjà révisé à la hausse la note de la dette souveraine de l'Indonésie, le ...

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