L'assurance chômage n'est pas une assurance-vie

OPINION. En lançant un nouveau chantier sur la nécessaire réforme de l'assurance chômage, le gouvernement vient d'ouvrir la boîte de Pandore. Il est grand temps de s'interroger sur le sens de notre système d'indemnisation et de le dépoussiérer. Par Isabelle Ayache-Revah, associée-fondateur du cabinet Raphaël Avocats.
(Crédits : ERIC GAILLARD)

On croit comprendre l'idée de base de cette réforme : pourquoi indemniser tant d'individus alors que recruter en France est si difficile et que les d'offres d'emploi sont abondantes et ne trouvent pas preneur ? Notre système d'indemnisation du chômage, considéré comme trop généreux, devrait évoluer en fonction de la conjoncture économique.

En réalité, on confond plusieurs sujets (au moins) qui n'ont sans doute rien à voir.

Le premier : la difficile adaptation dans notre pays des travailleurs (au sens large) au marché de l'emploi (filières professionnelles non valorisées depuis des décennies, salariés devenus non employables au fil du temps faute de périodes de formation obligatoires, système éducatif vieillissant et décalé ...).

Le deuxième : une indemnisation qui n'est plus réservée aux seuls salariés privés d'emploi. En indemnisant les salariés qui sont acteurs de la rupture de leur contrat de travail, on se trompe d'objectif.

L'Allocation de retour à l'Emploi n'est pas, comme l'assurance-vie, un bas de laine que l'on se constitue en travaillant, une épargne obligatoire dont chacun devrait bénéficier à tout prix. Non. C'est un système fondé sur la solidarité citoyenne dont l'objet est d'aider ceux qui se voient privés d'emploi, le temps pour eux de trouver une nouvelle activité professionnelle. Et il est légitime de prendre en compte les difficultés liées à l'âge dans cette recherche.

En revanche, il est choquant d'aider ceux qui décident de quitter leur emploi pour se ressourcer à la campagne, éduquer leurs enfants ou organiser une retraite anticipée. Il suffit pour cela de solliciter la rupture conventionnelle de son contrat de travail ou si l'employeur refuse, de devenir déplaisant.

Libre à chacun de quitter son emploi. La solidarité n'a rien à voir avec cela.

Le troisième : notre système d'indemnisation ne comprend aucune mesure incitative au retour à l'emploi.

Inciter n'est pas sanctionner. C'est pourtant l'idée sous-jacente de la réforme à venir. La conjoncture peut être florissante : si votre région est sinistrée, si vos compétences ne sont pas recherchées, la minoration de l'indemnisation n'aura que peu d'effets.

Inciter et pousser ceux dont la peur est légitime à accepter de changer de voie, de région, de spécialité, de métier. Les Plans de sauvegarde de l'emploi devraient pouvoir nous inspirer. Nombre de mesures pourraient y être transposées. Aidons les demandeurs d'emploi, par exemple, en leur versant une prime de Retour rapide à l'Emploi. Plus la période de chômage est longue, plus les chances de rebondir s'amenuisent.  Il faut agir vite. Les demandeurs d'emploi doivent se sentir soutenus et non suspectés. Imaginons des primes de déménagement, des primes destinées à accompagner l'achat d'un véhicule ou un prêt à taux zéro, des aides significatives destinées aux entreprises qui seraient prêtes à recruter les chômeurs de longue durée,

Notre système d'indemnisation mérité d'être repensé.

La modification des modalités de calcul de l'indemnisation offerte ne sera pas suffisante pour le retour au plein emploi, si cher à nos politiques.

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