Succès en demi-teinte de l'émission espagnole

Le Trésor atteint ses objectifs en plaçant 3 milliards d'euros mais la rentabilité augmente, les avancées du dernier sommet européen n'ayant pas rassuré complètement les marchés.
Copyright Reuters

L?émission obligataire du Trésor espagnol Jeudi a enregistré un succès en demi-teinte, en parvenant à placer le maximum prévu, 3 milliards d?euros, avec une demande élevée, mais à des taux supérieurs à la dernière émission. L?Espagne se finance ainsi à 5,08% à trois ans, 5,5% à quatre ans, et 6,4% à dix ans. Le Trésor a couvert 65,2% de ses besoins de financement à moyen et long terme.

 

Sur les marchés secondaires, l?émission a été accueillie par une hausse de la prime de risque, qui a dépassé les 540 points. Les avancées obtenues par l?Espagne lors du sommet européen des 28 et 29 juin (recapitalisation directe des banques et perte du statut « senior » du Mécanisme de Stabilité Financière) ne semblent pas avoir tranquillisé complètement les marchés, qui attendent plus détails sur le sauvetage bancaire espagnol, et par ailleurs déçus par le manque de détails sur la stratégie à venir de la BCE, malgré la baisse des taux d?intérêt à 0,75%.

 

Le retard annoncé de l?adoption du memorandum fixant les conditions du sauvetage des banques a ainsi attisé la nervosité des marchés dès Mercredi, d?après certains analystes. En effet, en attendant, les doutes demeurent. La recapitalisation des banques ne sera probablement pas opérationnelle avant début 2013. Or d?ici là, l?Espagne aura déjà engagé le processus de renflouement de ses banques. C?est même une « question de semaines » en ce qui concerne les entités nationalisées, dont Bankia, d?après le ministre de l?Economie Luis de Guindos. La recapitalisation de ces entités via le fonds public de restructuration bancaire (Frob) comptera donc comme dette publique au moins dans un premier temps. L?option d?une rétroactivité de la recapitalisation directe est évoquée mais pas confirmée par des sources officielles.

 

Or, si l?Espagne sollicite le montant maximum évoqué pour renflouer ses banques, 62 milliards d?euros, sa dette publique augmentera de 6 points et atteindra environ 86% du PIB contre 68,5% en 2011. Ce, dans un contexte où les investisseurs internationaux continuent de fuir la dette espagnole, et où « les investisseurs domestiques comme les compagnies d?assurance et les fonds d?investissements commencent également à moins acheter à cause des baisses de rating de la dette espagnole le mois dernier », indique Javier Ferrer, directeur de Dette Publique chez Ahorro Corporación. Les banques sont donc les principales acheteuses de dette espagnole, alors qu?elles doivent elles-mêmes faire face à des difficultés de financement sur les marchés.

 

La hausse de la dette entraînera en outre une hausse des intérêts à rembourser et donc du déficit public que le Gouvernement de Mariano Rajoy s?est engagé à ramener à 3% en 2013 contre 8,9% en 2011. Cet objectif est d?autant plus difficile à atteindre en pleine récession. Dans ce contexte, l?Exécutif espagnol plancherait sur de nouvelles coupes budgétaires qui, d?après Reuters, pourraient rapporter 30 milliards d?euros à l?Etat. Ce quoi retarder encore la reprise économique pourtant nécessaire pour rembourser et donc réduire la dette publique.

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.