Guerre en Ukraine, tensions commerciales, investissements... le président chinois Xi Jinping en visite en France début mai

Le président chinois Xi Jinping est attendu en visite d'État en France les 6 et 7 mai, pour évoquer notamment la guerre en Ukraine avec Emmanuel Macron. Les échanges porteront aussi sur les questions commerciales et l'urgence climatique.
Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l'égard de l'Ukraine.
Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l'égard de l'Ukraine. (Crédits : POOL)

Près d'un mois après la visite du chancelier allemand, Olaf Scholz en Chine, c'est cette fois au président chinois de se rendre en Europe... Et c'est en France que Xi Jinping débutera sa visite d'État sur le Vieux Continent, la première depuis la pandémie de Covid-19.

Ce déplacement « intervient à l'occasion des 60 ans des relations diplomatiques entre les deux pays et fait suite à la visite du président de la République à Pékin et Canton en avril 2023 », ont affirmé les services de l'Elysée. Pour célébrer cet anniversaire, Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères, s'était déjà rendu à Pékin fin mars.

« La France, par cette visite, démontre qu'elle fait partie des très rares pays au monde à être en mesure de maintenir des canaux de discussion à tous les niveaux avec la deuxième puissance économique mondiale, avec la Chine, dans un contexte où il y a une relation tendue avec les États-Unis et le Royaume-Uni », avance-t-on de source diplomatique française. En 1964 déjà, la France, sous l'impulsion du général de Gaulle, avait été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec la République populaire de Chine.

Un moment plus intime dans les Hautes-Pyrénées entre les deux chefs d'Etat

Le président chinois et son épouse Peng Liyuan seront reçus le 6 mai par Emmanuel et Brigitte Macron à Paris, où un dîner d'État est prévu à l'Élysée. Le 7 mai, les deux couples se rendront dans les Hautes-Pyrénées où le chef de l'État français veut partager un moment plus intime avec son homologue. Il s'y est, en effet, beaucoup rendu dans son enfance pour rendre visite à sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès, décédée en 2013 et qui habitait à Bagnères-de-Bigorre..

 « Les échanges porteront sur les crises internationales, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine et la situation au Moyen-Orient, les questions commerciales, les coopérations scientifiques, culturelles et sportives ainsi que sur nos actions communes face aux enjeux globaux, notamment l'urgence climatique, la protection de la biodiversité et la situation financière des pays les plus vulnérables », a résumé la présidence française.

Lin Jian, porte-parole de la diplomatie chinoise, a estimé pour sa part que les deux dirigeants tenteront de « faire de nouvelles contributions à la paix, à la stabilité, au développement et au progrès du monde ».

Le soutien de la Chine apporté à la Russie inquiète

Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l'égard de l'Ukraine « et tout le monde à la table des négociations ». Le président chinois s'était alors dit, en tête-à-tête, prêt à appeler son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la délégation française. Le coup de fil avait de fait eu lieu peu après. Mais les avancées diplomatiques escomptées par Paris sur le front russo-ukrainien s'étaient arrêtées là.

« Il faut continuer d'engager la Chine qui, objectivement, est l'acteur international qui dispose des leviers les plus importants pour changer le calcul de Moscou », glisse-t-on de source diplomatique française, tout en reconnaissant qu'il ne faut pas s'attendre à un tournant majeur du jour au lendemain.

Appelant à une solution de paix, les autorités chinoises, qui se disent officiellement neutres, n'ont jamais condamné l'invasion russe. Le président russe Vladimir Poutine doit d'ailleurs se rendre en Chine en mai.

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L'Europe n'est pas la seule à se préoccuper des liens entre Pékin et Moscou. Vendredi dernier, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a, en effet, indiqué avoir fait part de ses inquiétudes au dirigeant chinois, lors d'une visite dans le pays de trois jours, concernant ce soutien apporté à la Russie, affirmant que l'invasion de l'Ukraine serait plus « difficile » sans le soutien de Pékin.

Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'en est aussi pris aussi au géant asiatique, jeudi, l'accusant de « soutenir l'économie de guerre de la Russie » en partageant des technologies de pointe qui peuvent être utilisées pour produire des missiles, des chars et des avions. « La Chine affirme vouloir entretenir de bonnes relations avec l'Occident. Dans le même temps, Pékin continue d'alimenter le plus grand conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé lors d'une remise de prix à Berlin sur les liens transatlantiques. « Ils ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre ».

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Les questions commerciales en haut de la pile des sujets de préoccupation

Au-delà des questions diplomatiques, les relations commerciales devraient être aussi largement abordées. Emmanuel Macron a ainsi appelé jeudi dernier à une « révision » de la politique commerciale européenne. « Ça ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a quinze ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques », a déclaré le président français dans un discours sur l'Europe prononcé à la Sorbonne.

Les relations entre Pékin et Bruxelles se sont tendues davantage avec l'ouverture en 2023 par l'UE d'une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques. Bruxelles a aussi ouvert une enquête mi-avril pour pratique déloyale visant les fabricants d'éoliennes subventionnés par Pékin, qui pourrait aboutir à des sanctions douanières. Cette attitude « peut miner la confiance des entreprises chinoises dans la coopération avec l'Union européenne », avait alors répliqué dans la foulée le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, en plaidant pour le « multilatéralisme au lieu du protectionnisme et de l'unilatéralisme ».

Il n'en demeure pas moins que, si Paris évoque une visite très politique sans grands contrats à attendre, Emmanuel Macron espère attirer de nouveaux investissements chinois, notamment dans les batteries électriques.

Xi Jinping devrait ensuite se rendre en Serbie, selon des médias, puis il est attendu en Hongrie du 8 au 10 mai.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 30/04/2024 à 5:49
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Il y a quelques années j'ai travaillé en Asie . J'ai appris de cette période la finesse asiatique pour la négociation mais aussi une parfaite connaissance psychologique de son interlocuteur. Les asiatiques aiment ceux qui parlent haut car en général ...

à écrit le 30/04/2024 à 0:23
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Un peu de tourisme ne peut pas faire de mal à un dictateur Stalino communiste. Sur le fond, la Chine reste dans le viseur des Occidentaux. Économie et Droits de l'homme. Sur ce dernier sujet j'attends ce que le Président de la France va dire.

à écrit le 29/04/2024 à 13:42
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 29/04/2024 à 12:59
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[La France, par cette visite, démontre qu'elle fait partie des très rares pays au monde à être en mesure de maintenir des canaux de discussion à tous les niveaux avec la deuxième puissance économique mondiale, avec la Chine, dans un contexte où il y ...

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