Affaire Bettencourt : nouvelle pression pour écarter le juge Courroye

Le supérieur hiérarchique du Procureur de Nanterre lui demande d'ouvrir la voie à un dépaysement de ses dossiers. Dans le même temps, il invite la Cour de Cassation à dessaisir Isabelle Prévost-Desprez, la présidente du Tribunal de Nanterre de l'enquête, qu'elle a elle-même ouverte.

L'enquête autour de la querelle familiale entre Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal et sa fille devrait être confiée à de nouveaux juges. Le procureur général de Versailles Philippe Ingall-Montagnier a tranché ce mardi le conflit opposant à Nanterre (Hauts-de-Seine) la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez et le procureur Philippe Courroye qui enquêtent tous deux sur ce dossier devenu très politique. Il demande à la Cour de cassation de dessaisir la première de son enquête pour "abus de faiblesse" sur la milliardaire et au second d'ouvrir la voie à un dépaysement de ses dossiers.

"Le procureur général a demandé au procureur de Nanterre d'ouvrir une information judiciaire sur l'ensemble des enquêtes préliminaires menées sous sa direction dans les affaires liées à ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Bettencourt" précise le communiqué du supérieur hiérarchique de Philippe Courroye. Le transfert dans une autre juridiction du dossier n'est en effet pas possible tant que l'enquête en cours en reste au stade préliminaire. "Une fois la juridiction d'instruction saisie, il sera demandé à la Cour de cassation de statuer globalement sur le dépaysement, dans un autre ressort de cour d'appel, de l'ensemble des dossiers concernant cette affaire" ajoute Philippe Ingall-Montagnier.

Déjà prié par le procureur général de Cour de cassation d'ouvrir une information judiciaire, le procureur Courroye avait jusqu'ici refusé, écartant ainsi la nomination d'un juge indépendant. Il lui sera cette fois difficile d'opposer un refus à son supérieur hiérarchique direct.

Pour justifier son initiative, Philippe Ingall-Montagnier évoque "la préservation de l'image de la justice et les conditions objectives de sérénité de la juridiction de Nanterre, auxquelles il est porté atteinte, quels que soient ses efforts et la qualité de son action". Une allusion directe à l'inimitié qui prévaut de notoriété publique entre Isabelle Prévost-Desprez et Philippe Courroye.

Le procureur a en effet fait examiner les relevés détaillés de communications téléphoniques de deux journalistes du Monde - une méthode qui pourrait s'avérer illégale - pour porter une accusation de "violation du secret de l'enquête" contre Isabelle Prévost-Desprez.

La décision de la Cour de cassation sera définitive, rappelle Philippe Ingall-Montagnier. "Il est à souhaiter que dès lors, on laissera la justice remplir sa mission en toute indépendance et sérénité d'esprit", souligne-t-il. Pour l'instant, les magistrats de Nanterre restent saisis de leurs enquêtes, rappelle le procureur général de Versailles. Ce dernier appelle donc à respecter leur autorité.

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